L'armée israélienne poursuivait mercredi son offensive sur Gaza, qui a déjà fait près de 650 morts Palestiniens, malgré des efforts diplomatiques pour arracher une trêve, tandis que les compagnies aériennes, échaudées par le conflit, annulaient leur vols sur Tel-Aviv. Par ailleurs, Le haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Mme Navi Pillay, a appelé à une enquête sur les crimes de guerre commis par Israël à Gaza, et a dénoncé aussi les attaques indiscriminées menées par le Hamas contre des zones civiles. Citant des récents exemples de destructions de maisons, et de civils tués, dont des enfants, dans la bande de Gaza, Mme Pillay, qui participe à une réunion extraordinaire du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU sur l'offensive israélienne, indique qu'il y a «une forte possibilité que le droit international humanitaire ait été violé, d'une manière qui pourrait constituer des crimes de guerre» et a demandé une enquête sur chacun de ces incidents. Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, est arrivé mercredi en Israël pour un nouvel effort diplomatique destiné à faire cesser les hostilités dans la bande de Gaza, le conflit le plus sanglant entre l'armée israélienne et le Hamas depuis 2009. «Qelques pas» ont été faits vers un cessez-le-feu, a-t-il déclaré à des journalistes au début d'une rencontre avec le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon dans un hôtel de Jérusalem. M. Ban a aussi voulu montrer un peu d'optimisme. «Nous unissons nos forces pour obtenir un cessez-le-feu aussi vite que possible», a-t-il dit, «nous n'avons plus de temps à perdre, ni pour attendre». L'armée israélienne, qui a perdu 29 soldats depuis jeudi, son plus lourd bilan depuis la guerre contre le Hezbollah libanais de 2006, se targue, elle, de réussir son opération, en particulier à Chajaya, une banlieue est de la ville de Gaza, dont le pilonnage a fait plus de 70 morts, une «action atroce» selon l'ONU», et un «crime de guerre» selon la Ligue arabe. «Chajaya a l'air plus calme ce matin (...), au cours des dernières 24 heures les choses sont plus sous contrôle», a indiqué Peter Lerner, porte-parole de l'armée, tout en soulignant que «les combats continuent» dans ce quartier qu'Israël considère comme l'une des bases du Hamas. Il a aussi confirmé que les tirs de roquettes du mouvement islamiste vers Israël avaient diminué d'intensité, sans vouloir dire si l'objectif de faire cesser ces lancements était à portée de main. «Une baisse substantielle des tirs de roquettes a été constatée mardi. C'est difficile de dire si c'est une tendance mais le chiffre est plus bas, 97. Ils ont toujours des capacités. Il est trop tôt pour dire s'il s'agit d'une coïncidence ou d'une tendance», a-t-il analysé. Depuis le début des hostilités, quelque 1.700 impacts de roquettes ont été comptabilisés, et environ 420 autres projectiles ont été détruits en vol. 28 tunnels mis au jour Selon Peter Lerner, l'armée a aussi mis au jour 28 tunnels, avec 60 entrées. Leur destruction est un des objectifs stratégiques d'Israël qui craint que le réseau souterrain du Hamas ne serve à lancer des attaques contre des civils. Ces objectifs sont quasi-identiques à ceux des quatre conflits précédents entre Israël et le Hamas qui contrôle l'enclave palestinienne. Et les bombardements aériens et les tirs de chars continuaient à Gaza, malgré le lourd bilan au 16e jour de l'opération israélienne. Mercredi matin, cinq Palestiniens dont deux enfants ont encore été tués dans une localité proche de Khan Younès (sud). Selon l'ONU la majorité des victimes sont des civils. Le bilan a atteint au moins 649 morts, un chiffre difficile à vérifier compte-tenu du chaos régnant à Gaza où les restes de personnes décédées les jours précédents continuent d'être retrouvés dans les décombres. Dans un discours au ton amer, le président palestinien Mahmoud Abbas a reconnu que ses efforts pour arracher une trêve lors d'une tournée au Moyen-Orient avaient échoué. Réunie en urgence dans la nuit de mardi à mercredi à Ramallah (Cisjordanie), la direction palestinienne a appelé à des «manifestations populaires générales de solidarité avec Gaza et la Résistance». Pour la deuxième nuit consécutive, un Palestinien a été tué en Cisjordanie occupée où les manifestations de soutien à Gaza gagnent en ampleur depuis quelques jours. Une vingtaine de personnes ont été arrêtées lors de heurts avec la police. Des affrontements ont également lieu chaque nuit à Jérusalem-Est annexée, où 295 Palestiniens ont été interpellés ces trois dernières semaines, et dans les villes arabes du nord d'Israël. Quelque 80 vols annulés Israël tentait pour sa part de réagir à l'annulation des vols en série sur l'aéroport Ben Gourion après qu'une roquette se soit écrasée à quelques kilomètres de là. L'ouverture d'un aérodrome dans le sud israélien a été ordonné et la compagnie aérienne El Al a annoncé accroître son nombre de vols. «Le ministère des Transports a accepté la recommandation (...) d'ouvrir immédiatement l'aéroport d'Ovda», selon l'autorité aéroportuaire civile. Quelque 80 vols ont été annulés depuis mardi soir, et Israël a souligné avoir mis en oeuvre «tous les moyens pour protéger le ciel israélien». «A la suite de nombreuses annulations de transporteurs étrangers nous avons augmenté nos vols pour permettre aux Israéliens coincés à l'étranger de revenir», a promis El Al. Sur le front diplomatique, la Jordanie a proposé au Conseil de sécurité un projet de résolution appelant à «un cessez-le-feu immédiat», selon des diplomates. John Kerry devait pour sa part rencontrer Ban Ki-moon, le président Abbas puis le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu après de longs pourparlers au Caire, médiateur traditionnel des conflit entre Israël et le Hamas. Le patron de l'ONU devait lui rencontrer de son côté le président israélien Shimon Peres, qui en est aux derniers jours de son mandat.