Un Palestinien a été tué et quatre autres blessés, lundi 2 février, dans un raid aérien israélien dans la bande de Gaza, ont indiqué des sources médicales et des témoins. Le raid, mené dans la ville de Rafah, a visé une voiture transportant des membres des Comités de la résistance populaire, un groupe armé palestinien, selon les mêmes sources. L'armée israélienne a confirmé le raid sans plus de précision. Ce raid vient s'ajouter aux nouveaux accrocs à la trêve entre le Hamas et Israël qui se sont produits ce week-end, laissant craindre une reprise des affrontements à quelques jours des législatives israéliennes. Nouveaux accrocs Dimanche, des militants palestiniens ont tiré au moins dix roquettes et obus de mortier sur le sud d'Israël, faisant trois blessés. Le Premier ministre Ehoud Olmert a averti que l'Etat hébreu riposterait de manière "dure et disproportionnée", au moment qu'il choisirait. La riposte israélienne est venue dans la soirée. Après avoir survolé la ville de Rafah, l'aviation israélienne a bombardé la zone frontalière entre la Bande de Gaza et l'Egypte, où le Hamas a creusé de nombreux tunnels, a-t-on appris de source palestinienne. Tsahal a confirmé ce raid, indiquant que ses appareils avaient frappé six de ces tunnels utilisés à des fins de contrebande ainsi qu'une position non précisée du Hamas sur la pointe nord de la Bande de Gaza. L'aviation israélienne a également bombardé un commissariat de police, vide au moment du raid, dans le centre de la bande de Gaza, ont affirmé des témoins qui n'ont pas fait état de victime. Elections en vue Les tirs du Hamas de dimanche, nouvelle violation de la trêve décrétée le 18 janvier après trois semaines d'une offensive israélienne meurtrière et dévastatrice sur la Bande de Gaza, sont intervenus un peu plus d'une semaine avant les élections législatives israéliennes, le 10 février, qui mettent face à face l'actuelle cheffe de la diplomatie Tzipi Livni et le dirigeant "faucon" du Likoud Benjamin Nétanyahou, donné favori. Une reprise des combats, soulevant des questions sur l'efficacité de la récente offensive qui a fait près de 1.300 morts, dont plus de la moitié de civils, pourrait influer sérieusement sur le résultat du scrutin. Le pari est donc risqué pour Tzipi Livni, qui a remplacé Ehoud Olmert, (lui-même ne se représente pas), à la tête du parti centriste Kadima. Violations répétées Depuis l'entrée en vigueur de cette trêve non-écrite, ses violations ont été croissant. Des militants palestiniens ont tiré des roquettes sur Israël et tué un soldat à la frontière, tandis que l'Etat hébreu a pilonné les tunnels de contrebande sous la frontière égyptienne et tué trois Palestiniens, apparemment des fermiers, dans des accrochages à la frontière. Dimanche après-midi, trois personnes, deux soldats et un civil, ont été blessées dans des tirs d'obus de mortier sur le village de Nahal Oz, en lisière de la Bande de la Gaza, selon la police. Un peu plus tôt, une roquette était tombée près d'un jardin d'enfants d'une communauté proche du territoire palestinien, déclenchant des sirènes et la fuite de la population vers les abris. Riposte aérienne Au cours du Conseil des ministres, le Premier ministre israélien Ehoud Olmert a estimé que les tirs de roquettes avaient "atteint un niveau" exigeant une réponse d'Israël : "Nous ne dirons pas par avance aux terroristes comment nous allons répondre, où nous allons répondre et quand nous allons répondre, mais nous allons répondre", a-t-il averti. "Si on tire sur des habitants du Sud (...) et sur nos forces, il y aura une réponse israélienne qui sera dure et disproportionnée par sa nature". Au cours de cette même réunion, Tzipi Livni a jugé que la riposte devait être "dure et immédiate". Devant la presse, Benjamin Nétanyahou a quant à lui estimé que l'Etat hébreu devait travailler à "l'élimination du régime Hamas à Gaza, et à l'élimination de la menace des roquettes sur la banlieue de Tel Aviv". Au ministère israélien de la Défense, on précisait qu'une nouvelle incursion de chars et d'unités d'infanterie était peu probable. On disait ne pas avoir encore préparé cette riposte, mais qu'il devrait plutôt s'agir de frappes aériennes, y compris peut-être pour tenter d'abattre des chefs du Hamas, au pouvoir à Gaza depuis juin 2007. Diplomatie En Egypte, des ingénieurs étrangers sont arrivés sur la frontière avec Gaza, au terminal de Rafah, continuant l'installation de matériels de détection de tunnels de contrebande, caméras de surveillance et radars. Israël exige que l'Egypte prenne des mesures en vue de mettre un terme à la contrebande d'armes destinées au Hamas à Gaza, via son sol. En visite au Caire, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a, pour sa part, exclu tout "dialogue" avec le Hamas tant que le Mouvement de la résistance islamique n'aura pas reconnu l'OLP et respecté les engagements que cette dernière a pris - soit la reconnaissance d'Israël, des accords passés, et la solution de deux Etats côte-à-côte. Mahmoud Abbas était ensuite attendu lundi en France notamment, où il doit rencontrer le président Nicolas Sarkozy avant de poursuivre sa tournée par la Grande-Bretagne, l'Italie, la Pologne et la Turquie. De son côté, le chef du Hamas en exil, Khaled Méchal, arrivait à Téhéran, où il a rencontré le président Mahmoud Ahmadinejad et doit avoir des entretiens consacrés à l'offensive israélienne sur Gaza.