La communauté marocaine en Italie est devenue à partir des années 1970 la composante principale du processus migratoire italien. Suite au premier choc pétrolier de 1973 et comme conséquence de l'adoption de politiques migratoires restrictives par les pays d'Europe centrale et septentrionale, l'Italie a été un pays d'accueil pour les migrants marocains, surtout pendant les années 1980. Passant d'une migration provisoire vers une migration définitive, la tendance a été soutenue par l'installation dans les villes industrielles du Nord. La crise économique globale qui a touché la plupart des pays européens, a eu des répercussions sur la migration d'installation qui a considérablement modifié le profil de la communauté marocaine en Italie. En tenant compte de tout cela, nous traiterons les caractéristiques sociodémographiques en mobilisant les données statistiques élaborées par l'Institut National de Statistique (ISTAT) et le Ministère de l'Intérieur. Nous publions, ci-après, un extrait du chapitre « Les Marocains d'Italie » relatif à communauté marocaine face au marché du travail italien, écrit par Immacolata Caruso et Sabrina Greco dans la troisième édition des « Marocains de l'extérieur » 2013 publié par l'Observatoire de la Communauté Marocaine à l'Etranger. La comparaison de l'évolution de l'économie marocaine à celle de l'Italie explique largement les aspirations des Marocains à l'émigration. A cela, se trouvent corrélées d'autres disparités, notamment dans le domaine social où des retards restent à combler. La crise économique, en accroissant l'écart entre pays, représente un facteur amplificateur de la migration, vue comme une fonction croissante de la différence des revenus nets et des taux d'emploi entre les deux espaces. Pour ce qui concerne le cadre de l'emploi en Italie, la population active en 2011 se situe à quelques 52 millions d'âmes, dont un peu plus de 48 millions d'Italiens, un peu plus de 1 million originaires des pays de l'UE et plus de 2,5 millions de citoyens non communautaires. Parmi ces derniers, presque 60% sont occupés, 8% cherchent un travail et 32% sont inactifs. L'incidence de la crise économique mondiale sur l'insertion des immigrés dans le marché du travail n'est pas négligeable. Elle à perturbé les équilibres et en 2011 et le taux d'activité de la population immigrée non communautaire a connu une importante baisse par rapport aux immigrés communautaires. En 2011, les ressortissants étrangers (communautaires et non) sont touchés par un chômage grandissant : 11,8% pour les communautaires, 12,3% pour les non communautaires et la situation des Italiens reste préoccupante (8%). Le trend des taux de chômage nous indique que l'impact de la crise économique sur les ressortissants étrangersa eu ses effets plus tard par rapport aux Italiens. Les conditions de l'emploi des Marocains en Italie : les effets de la crise La communauté marocaine en Italie occupe la deuxième place pour le nombre d'actifs occupés. Le taux d'occupation atteint presque 48% chez la communauté marocaine, soit un taux sensiblement inférieur par rapport aux données des autres pays d'Afrique du Nord. Les travailleurs pâtissent d'une situation économique encore plus défavorable puisque la part des Marocains qui sont à la recherche d'un travail est de 13%, alors que le taux de chômage au sein de la communauté (21%) est presque le double de ceux des autres communautés d'Afrique du Nord (12%). À cela font écho les 39% de ressortissants marocains non actifs, soit un taux plus élevé en comparaison avec les ressortissants des autres zones géographiques. Parmi les immigrés marocains occupés, 78% sont des hommes et 3/4 ont un âge inférieur à 45 ans. La répartition par branches d'activités de la population marocaine active occupée en Italie en 2011 fait sortir une nette polarisation du tertiaire, puisque les services occupent 51% de cette population. Selon les données de 2011 que fournit le Ministère du Travail et des Politiques Sociales, 90.092 contrats de travail ont concerné les Marocains, soit 19% des citoyens non communautaires et 43% des citoyens africains. C'est dans le tertiaire que la proportion des nouveaux contrats de travail est la plus élevée (51%), suivi par le secteur de l'industrie (26%) et presque à part égale le bâtiment (12,7%) et l'industrie au sens strict (13,7%) et l'agriculture (23%). Concernant les types de contrat et le genre en 2011, on constate que presque 150.000 travailleurs marocains sont titulaires d'un contrat de travail dépendant, dont 111.399 pour une durée indéterminée, avec une prédominance des hommes (81%). Pour les femmes on relève l'importance des contrats à durée déterminée ; en effet, sur 38.277 contrats à durée déterminée 27% reviennent à des femmes. Pour ce qui est du travail indépendant, il faut souligner le poids considérable de ce type puisqu'on dénombre presque 55.000 entreprises individuelles détenues par des Marocains (19% du total des entrepreneurs non communautaires), dont 37.000 sont des artisans (32% du total) et plus de 12.000 des commerçants (9% du total). A noter la faible présence de ces entreprises dans le secteur agricole. Enfin, plus de 19.000 femmes marocaines travaillent dans les services domestiques, soit 4% du total des travailleurs dans les services domestiques non communautaires. Enfin, il faut rappeler l'effet de l'économie souterraine dont les besoins se caractérisent par des emplois précaires. Il est difficile de connaître l'importance numérique exacte de cet aspect. Mais on peut l'approcher à travers les déclarations relatives à l'actualisation du Décret n° 109/2012 sur la régulation des contrats de travail subordonnés. C'est ainsi qu'au 15 octobre 2012, ce sont 15.170 dossiers de travailleurs marocains (11% du total) qui ont été présentés au fin de régulariser les contrats de travail subordonnés. Sur le total 86,2% concernent des contrats de travail domestique et dans le cas des Marocains ce chiffre est de 81%. Le poids du travail para-subordonné pour les Marocains est presque de 19%.