Bien que moins connu du grand public que le marché actions, le marché de taux est une composante fondamentale du marché financier marocain. En effet, il constitue pour l'Etat et les entreprises privées un outil de financement de poids avec plus de 432 milliards de DH levés via la dette privée au cours de ces 10 dernières années. L'étude de Cejefic Consulting portant sur le marché des taux marocain, dont nous présentons ici de longs extraits, s'inscrit dans la continuité de la précédente consacrée au marché des actions et vise à mettre en lumière les spécificités de ce marché et à explorer des pistes d'améliorations pragmatiques. Force est de constater que les émissions de dette privée ont connu un essor important ces dix dernières années, note l'étude. En effet, aux questions « Comment pouvez-vous qualifier le nombre d'émissions de titres de créance ? Que pensez-vous de leur évolution ? « , les professionnels interrogés répondent en indiquant trois tendances majeures: - Les émissions de titres de créances étaient en nombre croissant jusqu'à 2010. En effet, il y a eu une expansion de la dette privée à partir de 2005 qui a profité d'un excédent de liquidités dans l'économie. De plus, les niveaux de taux d'intérêt des bons du Trésor étaient assez bas, ce qui a poussé les investisseurs à chercher des supports d'investissement avec un rendement plus intéressant que le taux sans risque et donc à investir dans des titres de dette privée. Les émetteurs ont également profité de taux de financement bon marché par rapport aux emprunts bancaires. - La croissance des émissions a ensuite ralenti. Cela est du à deux facteurs principaux : - Des défauts en 2009/2010 : Les investisseurs ont été confrontés de manière tangible au risque de crédit. Le premier défaut concerne un placement privé émis par Financière Hatt et a eu lieu courant 2009. Quelques mois après, en Mars 2010, Mediaco lui emboîte le pas en échouant à verser le coupon qu'il devait servir ˆ ses obligataires. - La hausse des taux en 2013 : Suite à une hausse importante des taux en 2013, le financement via le marché est devenu trop cher. En effet, les émetteurs privés ont préféré attendre une baisse des taux et n'ont quasiment pas émis en 2013. En ce qui concerne les investisseurs, ils se sont tournés massivement vers les bons du Trésor. En effet, ces derniers sont devenus très attractifs en termes de rendement tout en ne présentant aucun risque. Dernièrement, les investisseurs sont devenus plus averses au risque. En effet, le rééchelonnement de la dette de Maghreb Steel, avec un encours en billets de trésorerie de près de 900 millions de DH, a changé la vision des investisseurs qui sont résolument plus sensibles au risque de crédit. En partant de ces points de vue, nous avons analysé les données de marché et déduit les points suivants : Une dynamique des émissions haussière puis qui subit un ralentissement. Les émissions de la dette privée ont connu une forte augmentation ces dix dernières années. En particulier, les montants émis ont évolué de 22 milliards en 2007 à 77 milliards en 2010 (+250% en 4 ans). Cependant les montants des émissions ont commencé à légèrement décliner par la suite. Cette dynamique haussière s'explique notamment par les émissions de plus en plus importantes des établissements bancaires (le plus souvent sous forme de certificats de dépôt dans un contexte de resserrement de la liquidité de l'économie depuis 2008. Par ailleurs, la baisse importante du montant des émissions en 2013 est due à la fois à une aversion au risque du marché et à la hausse sensible des taux : A titre d'exemple le taux de coupon d'une immobilière sur 5 ans aurait ŽtŽ d'environ 7%.