Le président Barack Obama a affiché son soutien au président élu ukrainien pro-occidental Petro Porochenko en l'assurant hier mercredi à Varsove que les Etats-Unis étaient «résolument engagés» pour l'avenir de l'Ukraine. «Les Etats-Unis sont résolument engagés aux côtés du peuple ukrainien, pas seulement dans les prochains jours ou les prochaines semaines, mais dans les années à venir», a-t-il déclaré à la presse après avoir rencontré M. Porochenko. Le président américain a également annoncé que les Etats-Unis allaient augmenter leur aide en matériel militaire non létal à l'Ukraine. M. Porochenko, qui effectue à Varsovie son premier déplacement à l'étranger depuis son élection le 25 mai, a de son côté remercié M. Obama pour son «soutien constant», d'une «importance cruciale». M. Obama a ensuite rejoint une quarantaines de dirigeants étrangers réunis à Varsovie pour assister aux cérémonies du 25e anniversaire des premières élections démocratiques en Pologne, ancien pays du bloc soviétique. Des célébrations qui prennent une résonance particulière avec la crise entre Moscou et l'Occident à la suite de l'annexion de la Crimée. Le président français François Hollande doit de son côté arriver mercredi en fin de matinée à Varsovie où il doit également rencontrer M. Porochenko. Le plan de sécurité à un milliard de dollars «pour rassurer l'Europe», annoncé mardi par M. Obama, prévoit le déploiement de nouvelles forces américaines, terrestres, aériennes et navales, en Europe de l'Est. A Bruxelles, les ministres de la Défense des pays de l'Otan ont salué ce plan de sécurité et se sont accordés mardi sur des mesures supplémentaires pour rassurer, sur le long terme, les pays alliés d'Europe de l'Est inquiets de la crise ukrainienne et de la politique de la Russie. Le chef de l'Etat américain a par ailleurs appelé la Russie à «user de son influence» auprès des séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine pour obtenir l'arrêt de leurs attaques contre les troupes gouvernementales, avertissant que toute nouvelle «provocation» russe en Ukraine pourrait entraîner de nouvelles sanctions économiques. Il a estimé que ses efforts pour rétablir la confiance avec Moscou ont été rendus inutiles par les actions du président russe Vladimir Poutine en Ukraine. «Il est juste de dire que la reconstruction de la confiance prendra un certain temps», a-t-il commenté. Le président Poutine a de son côté affirmé que «la politique la plus agressive, la plus sévère, c'est la politique américaine». «Nous n'avons presque pas de forces militaires à l'étranger et regardez: partout dans le monde, il y a des bases militaires américaines (...) Ils prennent part aux affaires intérieures de tel ou tel pays: donc il est difficile de nous accuser de violation», a-t-il déclaré mercredi à la radio Europe1. Après les affrontements entre gardes-frontière et séparatistes prorusses en Ukraine, le ministère russe des Affaires étrangères avait dénoncé un «crime» des autorités de Kiev «contre leur propre peuple». Les Etats-Unis ont de leur côté affirmé détenir des «preuves» selon lesquelles Moscou continuait à laisser passer des «combattants» et des «armes» dans l'est de l'Ukraine. La Russie a toujours rejeté les accusations sur son implication dans la déstabilisation de l'Ukraine et exige que Kiev cesse son «opération punitive» dans l'Est. L'offensive lancée depuis près de deux mois par Kiev a fait plus de 200 morts parmi les insurgés, les forces ukrainiennes et la population civile. Trois soldats ukrainiens ont été blessés dans un assaut à l'arme lourde mené pendant la nuit de mardi à mercredi par des centaines d'insurgés prorusses à Lougansk, dans l'Est, ont annoncé les autorités ukrainiennes. La visite de M. Obama en Pologne sera suivie d'un sommet du G7 à Bruxelles, mercredi soir et jeudi, convoqué après la décision des Occidentaux d'annuler le G8 de Sotchi (sud de la Russie) et de suspendre la Russie de ce groupe à la suite du rattachement de la Crimée à son territoire. Vendredi auront lieu les célébrations du 70e anniversaire du débarquement en Normandie (ouest de la France), auxquelles M. Hollande a invité son homologue russe Vladimir Poutine. En Normandie, Obama va donc retrouver Poutine. Les responsables américains ont cependant souligné que contrairement au président Hollande, au Premier ministre britannique David Cameron et à la chancelière allemande Angela Merkel, Obama n'accordera pas à son homologue russe l'honneur d'un entretien en tête-à-tête. Les deux hommes d'Etat avaient déjà eu l'occasion de s'entretenir plusieurs fois au téléphone depuis le début de la crise ukrainienne. En revanche, le secrétaire d'Etat américain John Kerry rencontrera son homologue russe Sergueï Lavrov jeudi à Paris, a indiqué Jennifer Psaki, porte-parole du Département d'Etat. Pour sa part, le président François Hollande dînera jeudi soir avec Barack Obama dans un restaurant parisien avant de souper dans la foulée au palais de l'Elysée avec Vladimir Poutine.