Les 25 et 26 avril, la Bibliothèque Nationale de Rabat abrite un mini-colloque sur le cinéma et la télévision, organisé à l'initiative de l'Association des Critiques de Cinéma au Maroc (A.C.C.M.) que préside le tangérois Khalil Damoune. C'est encore une fois l'occasion de jeter la lumière sur cette relation fructueuse et ambiguë entre le cinéma et la télévision, relation vieille de quelque 60 ans, depuis l'apparition du petit écran aux Etats-Unis à la fin des années 40. Nouveau support audiovisuel, la télévision est venue révolutionner le monde des médias. Tout de suite, elle s'érige en concurrent potentiel du cinéma qui, désormais, va chercher à survivre par tous les moyens. Le nouveau média présente des avantages certains: le confort de chez soi, l'accès immédiat aux informations, le suivi simultané des matchs de sport, le visionnage des films de cinéma à moindre frais. Mais, en même temps, des inconvénients: l'absence d'obscurité et de silence, la perturbation permanente du spectacle, la réduction et mutilation flagrante de l'écran, la coupure des films par des spots publicitaires. Bref, on ne profite plus de la même ambiance collective et cordiale que procure la salle de cinéma, le temple du spectacle. Malgré tout, le public déserte les salles cherchant les solutions les plus faciles et les moins coûteuses. Menacé par l'extermination, le cinéma est sommé de chercher des solutions: la création du cinémascope, inspiré de l'hypergonare, pourtant né 30 ans plus tôt, est la première tentative pour freiner la menace. Cette technique présente un image aplatie et allongée qui est en fait le double de l'écran standard qui, projetée sur le petit écran, est visiblement réduite. Des têtes, des personnages, et une partie des décors disparaissent carrément de la petite lucarne à l'ignorance totale des téléspectateurs. Cependant, à long terme, c'est une peine perdue de la part des créateurs. Aujourd'hui, plus personne ne se doute de cette supercherie technique sans lendemain. Le téléspectateur s'est familiarisé avec ce format il y a des décennies déjà acceptant docilement ce que lui présente son écran préféré. D'autre part, les techniques télévisuelles ne vont pas rester inertes. Le format scope n'existe pas seulement au cinéma, la plupart des téléfilms usent de la même technique moyennant des caméras sophistiquées et adaptées spécialement pour la télévision. En même temps, on assiste à un élargissement permanent de l'écran de la télé. L'acquisition d'un 42 pouces, hier un format de luxe et coûteux, provoque aujourd'hui des moqueries voire même de la pitié chez les voisins. Aussi, la disponibilité et la diffusion à outrance d'autres supports tels les DVD et décodeurs, légaux ou simplement piratés, vient renforcer l'assise télévisuelle. Ce qui était hier un simple slogan douteux lancé par la télévision: "le cinéma chez soi" est devenu aujourd'hui une réalité.