Le cinéma a toujours nourri la télévision. Depuis l'apparition des premières chaînes de télévision aux Etats Unis dans les années 40, les films constituaient un programme privilégié pour le spectateur du petit écran appelé communément téléspectateur. Le film étant un spectacle et il le demeure sur le grand comme sur le petit écran. Le public a compris cette spécificité et l'a adoptée pour toujours. Cependant, qu'offre la télévision au cinéma en guise d'échange légal et de reconnaissance? Pas grand chose si l'on se réfère au grand nombre de films consommés partout dans le monde et à longueur de journée. Les premières tentatives d'aide à la production de films se sont manifestées d'abord en Europe, particulièrement en Italie, avant de se développer ailleurs. En effet, les responsables de quelques chaînes italiennes ont vite compris que la télévision ne peut survivre sans le cinéma et de ce fait, il devient vital de lui venir en aide en participant aux productions de films moyennant une programmation ultérieure. C'était une sorte d'avance sur recettes avant l'instauration du système garantissant les intérêts et du cinéma et de la télévision, à court et à long terme. En participant aux aides aux films, la télévision ne prétendait pas concurrencer le cinéma sur son propre terrain, admettant toujours qu'un film de cinéma doit être visionné dans une salle d'abord avant toute diffusion annexe. La fiction télévisuelle était orientée vers les feuilletons, séries et autres dramatiques qui, dans le fonds comme dans la forme, ne pouvaient concurrencer un film. Les budgets alloués, les techniques utilisés, les acteurs engagés, relevaient de deux mondes différents et presque diamétralement opposés. Mieux que cela: le cinéma continuait à garder une certaine suprématie par rapport à la télévision, étant plus ancien, plus coûteux, plus sophistiqué et plus populaire. Les cinéastes travaillant pour le petit écran étaient fortement gênés de revendiquer leur appartenance, la télévision étant un sous produit du cinéma aux yeux de tous. Qu'en est il aujourd'hui? Les mentalités ont bien changé depuis lors et la réalité est devenue aussi bien amère qu'incompréhensible. La télévision a fini par tout conquérir en multipliant les supports tous centrés sur le petit écran, aidée par un développement accru de la technologie de l'image ramenée à sa plus simple expression. La légèreté du matériel, sa disponibilité immédiate, et son bas coût de revient vont porter un coup fatal au cinéma retranché dans son mutisme et sa forteresse matérielle jugée lourde, coûteuse et inadaptée. Les producteurs vont finir, ici et ailleurs, par adopter pour les solutions faciles quitte à sacrifier le cinéma dans sa forme classique. Désormais, le temps est au téléfilm qui vient progressivement remplacer le film de cinéma, destiné exclusivement aux chaînes de télévision, principal lieu de consommation. Dans ce contexte, que deviendra le cinéma?