Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a rejeté lundi les accusations de son homologue américain John Kerry selon lequel la Russie avait empêché jusqu'à présent une issue négociée en Syrie en soutenant le régime. «Tout ce que nous avons promis (pour un règlement de la crise syrienne), nous l'avons fait», a déclaré Sergueï Lavrov. «Premièrement, nous travaillons chaque jour avec les autorités syriennes, et deuxièmement les chiffres montrent clairement que ce n'est pas le régime qui crée le plus de problèmes mais les terroristes et les groupes terroristes qui se sont multipliés dans toute la Syrie et qui n'obéissent à aucune structure politique», a ajouté le ministre. Le secrétaire d'État américain, John Kerry, avait accusé lundi la Russie de «favoriser la surenchère» du président syrien Bachar al-Assad après l'échec des négociations de Genève destinées à mettre fin à trois ans d'un conflit meurtrier. «Le régime a fait obstruction, il n'a rien fait sinon de continuer à bombarder son propre peuple avec des barils d'explosif et à détruire son propre pays. Et je regrette de devoir dire qu'il le fait avec le soutien accru de l'Iran, du Hezbollah et de la Russie», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Jakarta. «La Russie doit être partie prenante à la solution au lieu de fournir encore plus d'armes et encore plus d'aide (au régime syrien) de sorte qu'elle favorise la surenchère d'Assad». Quinze jours après un premier échec, une deuxième session de négociations à Genève entre le régime et l'opposition syrienne n'a permis aucune avancée. La conférence Genève II devait tenter de trouver une solution politique susceptible de mettre fin à la guerre civile en Syrie, qui a fait plus de 140.000 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), et des millions de réfugiés et déplacés, selon l'ONU. Depuis le début des négociations en janvier à Genève sous l'égide de l'ONU, pas moins de 6.000 personnes ont été tuées, selon l'OSDH. La conférence visait à mettre en oeuvre un accord international sur une transition politique en Syrie, signé le 30 juin 2012 à l'issue de la première conférence de paix à Genève, mais jamais appliqué. Après un nouvel échec samedi, M. Kerry a dénoncé dimanche «l'obstruction» dont a fait preuve selon lui le président Bachar al-Assad. A l'inverse, il a loué l'opposition pour son «courage» et son «sérieux» au cours de ces négociations qui n'ont toutefois permis aucune avancée. Dans une allusion à peine voilée à la Russie, il a aussi appelé les «soutiens du régime» à faire pression sur Damas pour qu'il mette fin à son «intransigeance dans les pourparlers et à ses méthodes brutales sur le terrain». La Russie est l'un des principaux soutiens du régime syrien, auquel elle vend des armes. La Russie, ainsi que la Chine, ont par trois fois opposé leur veto à des résolutions occidentales au Conseil de sécurité de l'ONU, qui accentuaient la pression sur le président Bachar al-Assad. Les Russes, a souligné John Kerry à Jakarta, se sont pourtant «prononcés publiquement à plusieurs occasions, à mes côtés, en faveur d'un gouvernement de transition (...). Mais nous n'avons jamais vu d'efforts susceptibles de créer la dynamique pour y parvenir». La Syrie a quant à elle «refusé d'ouvrir la moindre fenêtre sur un gouvernement de transition» et «tout le monde devrait s'apercevoir que l'attitude du régime d'Assad est responable de la difficulté des négociations». De retour de Genève, le chef de sa diplomatie syrienne, Walim Mouallem, a affirmé que les négociations de Genève n'avaient pas échoué et que des «progrès importants» avaient été faits, en particulier sur l'ordre du jour de futures négociations qui sont encore très hypothétiques. Aucune nouvelle date n'a été fixée pour un nouveau tour de table.