Le président iranien Hassan Rohani a mis en garde dimanche les Occidentaux contre une intervention armée en Syrie, principal allié régional de Téhéran, prônant «la politique et le dialogue» pour «éteindre la guerre». «Ne cherchez pas une nouvelle guerre dans la région car vous allez le regretter», a-t-il lancé à l'adresse des Occidentaux lors d'un discours à l'occasion d'un défilé militaire au sud de Téhéran. «On ne peut pas éteindre la guerre par la guerre, a-t-il ajouté. Il faut l'éteindre par la politique et le dialogue». «Nous pensons que tout le monde doit faire des efforts pour arrêter la guerre civile en Syrie et empêcher que les terroristes ne se renforcent dans la région», a ajouté M. Rohani, en souhaitant que «les groupes d'opposition syriens s'assoient à la table des négociations avec le gouvernement». Dans une tribune publiée jeudi sur le site internet du quotidien américain Washington Post, Hassan Rohani avait déclaré que son gouvernement était «prêt à faciliter le dialogue» en Syrie entre le régime et l'opposition. Mais la Coalition de l'opposition syrienne et la France ont rejeté cette proposition, l'estimant peu crédible de la part du principal allié régional du régime de Bachar al-Assad. L'Iran est accusé de fournir en armes et matériel les forces loyalistes syriennes dans le conflit qui a fait plus de 100.000 morts en 30 mois. Téhéran dément ces accusations et accuse à son tour les Occidentaux, certaines monarchies du Golfe et la Turquie d'armer les rebelles, que l'Iran qualifie de «terroristes». La crise syrienne a connu des rebondissements spectaculaires ces dernières semaines. Damas a finalement accepté de détruire son arsenal chimique après que les Etats-Unis eurent menacé la Syrie d'une action militaire, en réponse à une attaque chimique meurtrière le 21 août. La Syrie sera au centre de l'Assemblée générale des Nations unies la semaine prochaine à New York. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, doit rencontrer mercredi les chefs de la diplomatie des cinq grandes puissances (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine) et réunira samedi l'Américain John Kerry et le Russe Sergueï Lavrov, dans l'espoir de fixer enfin une date pour une conférence de paix sur la Syrie. Le président de la Coalition nationale syrienne (CNS), Ahmed Djarba, s'est dit prêt à participer à une conférence sur la paix à Genève si elle vise à instaurer un gouvernement de transition doté de pleins pouvoirs. Cette proposition est contenue dans une lettre adressée au Conseil de sécurité des Nations unies par les opposants à Bachar al Assad et datée du 19 septembre. Exprimant pour la première fois un engagement clair en faveur de l'initiative conjointe de la Russie et des Etats-Unis, Ahmed Djarba y «réaffirme sa volonté de s'engager dans une future conférence de Genève». Mais, ajoute le texte, «toutes les parties doivent accepter que le but de la conférence sera l'établissement d'un gouvernement de transition disposant de pleins pouvoirs exécutifs» comme cela était stipulé lors du premier cycle de négociations sur la Syrie organisé à Genève l'an passé. Insurgés et adversaires d'Assad ont insisté sur le fait que l'actuel président syrien ne pourrait jouer aucun rôle dans ce gouvernement de transition. Bachar al Assad n'a pour l'instant montré aucune intention de transférer une quelconque partie de ses pouvoirs. Dans le courrier adressé à l'Onu, Djarba demande également que toute résolution du Conseil de sécurité sur la destruction des armes chimiques syriennes soit prise en vertu du chapitre VII de la Charte de l'Onu qui prévoit un recours à la force en cas de non application des dispositions. Djarba demande enfin que le Conseil de sécurité prenne «les mesures nécessaires» pour imposer un cessez-le-feu dans le pays et pour procéder à la libération de milliers de militants pacifiques. Jusqu'à présent, les opposants à Bachar al Assad avaient montré des hésitations à participer à cette conférence, notamment après les attaques à l'arme chimique contre un faubourg de Damas qui avaient fait des centaines de morts le 21 août.