Les relations se tendent à nouveau lundi sur la péninsule coréenne, après l'annulation par le Nord de la visite d'un émissaire des États-Unis, censé œuvrer à la libération d'un ressortissant américain, et l'annonce du calendrier des manoeuvres militaires américano-coréennes dénoncées par Pyongyang. Les frictions entre Pyongyang d'un côté et Séoul et Washington de l'autre, devraient dominer l'agenda lors de la visite en Asie du secrétaire d'État américain John Kerry, qui démarre jeudi. Dans un communiqué publié dimanche soir, le département d'État s'est dit «profondément déçu par la décision de la Corée du Nord de retirer son invitation à l'ambassadeur (Robert) King», qui devait œuvrer à la libération de Kenneth Bae, un Américain d'origine coréenne détenu par Pyongyang depuis novembre 2012. Le département d'Etat n'avait pas fait état publiquement de cette invitation qu'aurait adressée la Corée du Nord à l'ambassadeur King, qui est depuis 2009 l'envoyé spécial des États-Unis pour les questions des droits de l'homme en Corée du Nord. C'est la seconde fois qu'un voyage prévu de M. King à Pyongyang, pour négocier la libération de M. Bae, capote à la dernière minute. «Nous continuerons de travailler activement pour assurer la remise en liberté de M. Bae», un Américain de 45 ans, a écrit dans son communiqué la porte-parole de la diplomatie américaine, Jennifer Psaki. Mme Psaki a précisé qu'»à la demande de la famille Bae (aux États-Unis, ndlr) le révérend (Jesse) Jackson a proposé de se rendre à Pyongyang en mission humanitaire pour faire libérer M. Bae». Camp de travail Kenneth Bae, détenu en Corée du Nord depuis plus d'un an, a été renvoyé dans un camp de travail après une longue hospitalisation. Il avait été condamné en mai 2013 à 15 ans d'internement pour avoir tenté de «renverser» le régime, selon l'agence nord-coréenne officielle KCNA. Ce responsable de tour-opérateur avait été arrêté le 3 novembre 2012 dans la ville portuaire de Rason (nord-est) en possession d'un visa de tourisme pour des motifs qui restent flous. L'annulation de la visite de l'émissaire américain intervient alors que le commandement conjoint aux forces américaines et sud-coréennes a annoncé lundi le calendrier des exercices militaires annuels menés conjointement par les deux alliés et vivement décriés par Pyongyang. Les manœuvres démarreront le 24 février, soit pendant les réunions des familles séparées par la guerre de Corée (1950-1953), prévues entre les 20 et 25 février. Plusieurs analystes s'attendent à ce que le Nord annule ces réunions, un programme à l'arrêt depuis trois ans, comme il l'avait déjà fait en septembre dernier. Quelque 12.700 soldats américains prendront part aux manœuvres, qui dureront jusqu'au 18 avril, a ajouté la force de commandement, précisant que le Nord avait été informé de la nature «non agressive» des exercices. Le Nord a appelé à plusieurs reprises Séoul et Washington à renoncer à ces manœuvres, menaçant d'»un holocauste défiant l'imagination» si les exercices avaient bien lieu. Séoul et Washington soulignent que ces manœuvres annuelles sont de nature défensive et visent à entraîner les troupes en cas d'attaque du Nord. Les États-Unis comptent quelque 28.000 soldats stationnés en Corée du Sud. Les manœuvres de 2013 avaient été marquées par de fortes tensions, la Corée du nord menaçant de réaliser des tirs nucléaires préventifs alors que des bombardiers nucléaires américains effectuaient des entraînements au dessus de la péninsule. Pyongyang avait aussi procédé à son troisième essai nucléaire souterrain, défiant les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. Séoul craint que le Nord se livre à de nouvelles provocations pendant le déroulement des manœuvres 2014.Des images récentes prises depuis l'espace signalent que la Corée du Nord a quasiment achevé l'agrandissement de sa base de lancement de satellites, permettant ainsi au pays de tirer un missile à longue portée dès le mois prochain. Et le ministre sud-coréen de la Défense Kim Kwan-Jin a indiqué lundi à un comité parlementaire que le site d'essai nucléaire utilisé par le Nord était opérationnel. Mais «il n'y a aucun signe d'un essai en préparation», a-t-il précisé.