La Corée du Nord a mis en garde mardi les Etats-Unis contre «une catastrophe atroce» et placé ses troupes en alerte, avant des manoeuvres conjointes prévues par Washington, le Japon et la Corée du Sud, impliquant un sous-marin nucléaire américain. Le ton est monté d'un cran à Pyongyang depuis quelques jours, après l'annonce la semaine dernière par Séoul et son allié américain d'un plan prévoyant une «dissuasion adaptée» face à la menace nucléaire posée par le Nord. Des sources, russe et américaine, avaient avancé début septembre que Pyongyang était sur le point de redémarrer un réacteur nucléaire à Yongbyon, dans un «état épouvantable» selon les Russes. Les manoeuvres navales tripartites prévues mardi autour de la péninsule coréenne ont été repoussées de quelques jours en raison de l'approche d'un typhon, a indiqué à Tokyo le chef de l'Etat-major de la Marine, Katsutoshi Kawanon. Parmi les embarcations participant aux manoeuvres figure notamment le sous-marin américain à propulsion nucléaire USS George Washington. Les troupes nord-coréennes «doivent se tenir prêtes à lancer une opération à n'importe quel moment», a indiqué à l'agence officielle nord-coréenne KCNA un porte-parole de l'armée du Nord. La situation sur la péninsule «se tend à nouveau», a mis en garde Pyongyang, qui prévient Washington que plus ses soldats se rapprocheront du Nord, «plus leurs actions peuvent provoquer des désastres imprévisibles». «Les Etats-Unis seront totalement responsables d'une catastrophe atroce que rencontreront ses forces d'agression impérialistes», a ajouté KCNA, utilisant le vocabulaire guerrier dont le Nord est familier. Les manoeuvres qui doivent démarrer mardi sont «un exercice annuel de recherches et de sauvetage, de nature humanitaire», a indiqué un porte-parole des forces sud-coréennes et américaines. La semaine dernière, un haut responsable de la Défense américaine avait décrit ces manoeuvres tripartites comme «de plus en plus habituelles». Pour Kim Yong-Hyun, professeur à la Dongguk University, la Corée du Nord, un des pays les plus fermés et les plus isolés au monde, tente d'inciter Washington à retourner à la table des négociations. «Avec ces déclarations aussi vindicatives, le Nord essaye d'attirer l'attention de Washington», selon le professeur, qui nuance les menaces de Pyongyang. Yang Moo-Jin, de l'université des études nord-coréennes à Séoul, note que «l'alerte d'urgence» émise par le Nord n'est pas aussi élevée que d'autres alertes lancées précédemment. «Le Nord tente simplement d'attirer l'attention de la planète sur le fait qu'il surveille de près ces manoeuvres», dit-il. «Il veut aussi mettre en garde sa population contre des menaces sur sa sécurité, en provenance des Etats-Unis, de la Corée du Sud et Japon, et préparer le terrain pour pouvoir rejeter la responsabilité sur les trois (Japon, Corée du Sud, Etats-Unis) en cas de nouveau pic des tensions», ajoute-t-il. La péninsule a connu cet hiver un nouvel épisode très tendu, après l'introduction de nouvelles sanctions internationales à la suite du troisième essai nucléaire réalisé par la Corée du Nord en février.