La Cour suprême de Floride s'est prononcée, lundi, sur la formulation de l'amendement constitutionnel, ouvrant la voie à un referendum sur la dépénalisation de la marijuana à des fins médicales. Par 4 voix pour, 3 contre, la Cour a jugé que cette formulation (un résumé de 75 mots) ne prêtait pas à confusion et par conséquent, il appartient à présent aux électeurs de se prononcer en novembre prochain. Elle met ainsi fin aux détracteurs de cette dépénalisation selon lesquels cette formulation induisait les gens en erreur. Cette décision a été bien accueillie par les partisans de cette dépénalisation qui fait déjà l'objet d'un débat contradictoire en Floride où le gouverneur de cet Etat du sud des Etats-Unis, Rick Scott, a déjà fait savoir qu'il voterait contre. Il en est de même de la ministre de la Justice de Floride, Pam Bondi, des présidents de la Chambre des représentants et du Sénat de cet Etat, respectivement Will Weatherford, et Don Gaetz et de nombreux lobby conservateurs ayant pignon sur rue au Capitole (siège du Congrès américain). Face à ses opposants, on trouve notamment les Démocrates dont le candidat au poste du gouverneur de Floride, Charlie Crist qui rejoint ainsi les partisans de la dépénalisation estimés, selon la presse, à plus 1,1 million de Floridiens ayant participé à la collecte de signatures dans le cadre d'une campagne visant à provoquer un referendum sur cette question. Ben Pollara, directeur de l'ONG «United for Care» (Unis pour les soins), avait récemment qualifié ce nombre de signatures de «réalisation énorme», appelant ses partisans à se préparer au vote et demandant aux volontaires d'éduquer les millions d'électeurs de la Floride qui auront à faire le choix en novembre prochain». Les organisateurs de cette campagne ont jusqu'au 1er février prochain pour collecter les 683.189 signatures requises, un chiffre déjà dépassé avec la certification, jusqu'à présent, de 734,405 signatures. La Floride entend ainsi emboiter le pas aux 20 Etats américains et à la capitale fédérale Washington qui ont permis l'utilisation de la marijuana à des fins médicales. C'est ce que souhaitent d'ailleurs les parents d'enfants épileptiques de cet Etat qui sont montés au créneau pour demander sa légalisation, en arguant du fait que cette drogue contient une substance à même d'alléger les souffrances de leurs enfants malades, comme le montrent des études publiées dans ce sens. En effet, médicalement, le cannabidiol est utilisé pour soulager les convulsions, l'inflammation, l'anxiété et les nausées, ainsi que pour inhiber la croissance des cellules cancéreuses. Des études récentes ont montré que le cannabidiol est aussi efficace que les antipsychotiques atypiques dans le traitement de la schizophrénie, et pourrait également soulager les symptômes de la dystonie. La décision de la Cour suprême relance donc ce débat qui promet de s'amplifier d'ici le mois de novembre, durant lequel, la Floride verra également l'élection d'un nouveau gouverneur. D'ores et déjà, l'actuel gouverneur Rick Scott sait qu'il risque gros en s'opposant à l'utilisation de la marijuana à des fins médicales. «J'ai beaucoup d'empathie pour les gens qui se battent contre des maladies difficiles et je comprends les arguments en faveur d'une telle initiative, mais ayant constaté les effets terribles de l'abus d'alcool et de drogue, je ne peux placer la Floride sur ce chemin et je vais personnellement voter contre», a récemment déclaré le gouverneur Scott. Il a cependant précisé que quel que soit son opinion, il appartient aux électeurs de décider. Ces derniers, à en croire un récent sondage, soutiendraient à hauteur de 82 pc une telle dépénalisation si le referendum devait avoir lieu maintenant, contre 65 pc lors d'un sondage précèdent. En cas d'adoption de cet amendement qui nécessite 60 pc des voix, la Floride deviendrait ainsi le 21è Etat en plus du District of Columbia, à dépénaliser cette drogue à des fins médicales. Mais beaucoup reste à faire pour les partisans d'une telle dépénalisation qui craignent une opposition farouche de la part de l'industrie pharmaceutique et des établissements correctionnels, et même des associations de police telles que la «Florida Sheriffs Association» et la «Florida Association of Chefs of Police», qui ont tenté de stopper l'amendement en ayant recours à la justice. «Cette initiative de la marijuana médicale est une arnaque contre le peuple compatissant de Floride» a déclaré a la presse, le sheriff du comté de Polk Grady Judd, président de la Florida Sheriffs Association. Selon lui, il ne s'agit nullement d'aider les gens mais de légaliser la marijuana à des fins récréatives. L'amendement constitutionnel énumère les conditions médicales précises pour une utilisation de la marijuana à savoir, le cancer, le glaucome, le HIV, le Sida, l'hépatite C, la sclérose latérale amyotrophique, la maladie de Crohn, la maladie de Parkinson et la sclérose en plaques. Cependant, les médecins peuvent recommander la marijuana pour d'autres types de maladies s'ils le jugent nécessaire. Et c'est ce qui exacerbe la crainte des opposants d'une telle mesure qui craignent un abus dans la prescription d'ordonnances.