Hier mardi, c'était le jour J. Le premier caucus de la primaire du parti républicain, qui donne le coup d'envoi du processus de désignation du candidat républicain, débutait ce mardi dans l'Iowa. Et tous les regards -et en premier lieu ceux de ses adversaires- sont tournés vers Rick Santorum qui a réussi une percée inattendue dans les sondages. Jusqu'à la semaine dernière, l'ancien sénateur de Pennsylvanie peinait à faire décoller sa campagne électorale et à apparaître comme un prétendant crédible à l'investiture. Rassemblant sous son nom les conservateurs religieux qui étaient jusqu'alors divisés entre les différents prétendants, Rick Santorum risquait de créer hier la surprise. Pour l'instant, l'ancien gouverneur du Massachusetts, Mitt Romney, et le représentant texan Ron Paul, dont les idées ont largement été reprises par le Tea Party, sont au coude à coude dans ce caucus. Si Santorum a peu de chances de sortir en tête de ce premier scrutin, il sait qu'un bon résultat et une place de troisième lui fourniraient l'élan nécessaire pour les échéances suivantes dans les autres Etats. Cette progression de Santorum dans les intentions de vote ne fait que refléter l'indécision qui semble entourer cette primaire dans laquelle le leader a déjà changé une bonne demi-douzaine de fois. Dans un contexte de fragilité de l'économie, de fort chômage et de luttes partisanes à Washington, les électeurs donnent le sentiment de ne pas savoir à quel saint se vouer. Un sondage pour le Des moines Register montre que 41% des électeurs républicains appelés à participer au caucus de mardi n'ont pas encore déterminé leur choix. «Cela n'a jamais été aussi ouvert et nous sommes à seulement 24 heures du caucus», a commenté Tim Albrecht, porte-parole du gouverneur républicain de l'Etat, Terry Branstad. Cette montée en puissance de Santorum risque d'affecter en premier lieu le gouverneur du Texas, Rick Perry, qui a mis en doute les valeurs conservatrices de son adversaire lors d'une intervention sur MSNBC. Ron Paul a lui aussi contesté l'engagement conservateur de son rival en affirmant sur CNN: «Il est très libéral... Il dépense beaucoup trop d'argent.» Santorum semble réussir sa percée au meilleur moment en parvenant à s'extraire du groupe des candidats catalogués comme conservateurs pour se poser en solution de remplacement à Mitt Romney, en tête dans les enquêtes d'opinion. Après le recul significatif de Newt Gingrich et de Michele Bachman, les observateurs estiment que Santorum pourrait bien prendre la deuxième place de ce caucus à défaut de le remporter. «Je suis fier de ce que j'ai accompli», a lancé Santorum à Polk City. «Cela n'est pas sans défaut, mais si vous regardez ce que j'ai fait en matière de dépense vous constaterez que je suis quelqu'un qui défend vraiment l'équilibre budgétaire», a-t-il dit. Les électeurs de l'Iowa vont devoir trancher une double question: qui est le candidat incarnant le mieux les valeurs conservatrices? et qui est le candidat le mieux à même de battre Barack Obama? Romney, qui est sans doute le plus modéré des prétendants à l'investiture et qui semble avoir assis son influence sur les relais politiques locaux, devrait l'emporter ce mardi. Il a passé beaucoup moins de temps que ses adversaires dans l'Iowa et il pourrait toutefois profiter d'un tremplin pour aborder avec un avantage certain le rendez-vous du New Hampshire, sur son terrain. Un succès de Ron Paul ou de Rick Santorum dans l'Iowa ne serait toutefois pas un revers pour Romney dont l'équipe de campagne estime que, sur le long terme, les adversaires les plus redoutables sont Newt Gingrich et Rick Perry.