La publication en tome I des Mémoires du grand résistant casablancais Mohamed Al Ansari a eu un succès sans pareil dans les milieux attenant à La Résistance Marocaine de 1953 à1956 contre le Protectorat français. L'édition de ce livre est presque épuisée d'après» les éditions Iraqui» parce que l'auteur ne dit que la vérité tout court sur cette période encore sombre de l'Histoire du Maroc. L'ouvrage est tout d'abord dédié dans sa présentation aux Rois Mohammed V et Hassan II, dont Mohammed Al Ansari est profondément épris. Car il considère au fond de lui-même que le combat acharné qu'il a mené contre les colonialistes français était pour la réinstallation de Mohammed V sur sont trône, dont il fut déchu par la force militaire française. Al Ansari, avec une écriture bien composée et malgré son niveau d'études qu'il avoue moyen, a su convaincre qu'il a mené cette bataille pour la libération totale du Maroc. S'il a participé au lendemain de la déportation de Mohammed V à Madagascar à la création à Casablanca d'une violente et terrible cellule, c'est pour abattre les suppôts du complot contre le peuple marocain, dont le fameux et moins célèbre, le Docteur Emile Eyraud, fondateur du journal « la Vigie Marocaine» qui se pavanait dans les rues de Casablanca comme le « tombeur » de Mohammed V, publiant des articles venimeux avec de gros titres, à la joie des colons qui méprisaient les Marocains Les autorités colonialistes, dirigées par l'enragé corse Philippe Boniface ont distribué de grosses primes pour faire arrêter les deux tireurs contre Eyraud, Mohammed Al Ansari et Brahim Ferdaous. Après d'inlassables recherches, ces autorités féroces n'ont attrapé que le complice Omar Lahrizi, immédiatement exécuté et dont le nom est porté aujourd'hui sur un boulevard de Casablanca. Mohammed Al Ansari et son compagnon Brahim Ferdaous ( aujourd'hui décédé) sont arrivés avec mille difficultés dans l'ex-zone espagnole à travers les montagnes de Taza pour se réfugier dans les campagnes de la ville de Tétouan C'est un vrai roman policier que raconte Al Ansari qui s'emmêla avec d'autres réfugiés marocains pour s'organiser dans une pseudo-armée de libération formée par un ex-capitaine maghrébin de l'armée française nommé Nadir Bouzar. Il faudrait lire comment Al Ansari décrit cette nouvelle formation libératrice, imbue d'une morale et d'une discipline sans exemple et étudiant à fond tous les jours les cours de guérilla enseignés à la façon d'un Mehdi Ibn Toumert (tombeur de la dynastie des Almoravides) par ce Nadir Bouzar débarquant fraîchement d' Egypte et plein de flammes pour chasser les Français du Maroc qui lui avaient tourné la tête et abusaient de sa confiance depuis son très jeune âge. Al Ansari nous décrit aussi dans son livre avec force détails la pseudo caserne située dans une ferme appelée Saniat Rghouni, située à cinq kilomètres de Tétouan et parle nommément des groupes de Résistants du l'ex-zone française, formés à la hâte pour aller encercler dans les Atlas l'armée française amenée d'Algérie, évaluée à l'époque à cinquante mille soldats, y compris des mercenaires marocains dont les Oufkir, les Medbouh, les Belarbi, etc. L'itinéraire d Al ansari n'est pas intégral dans son récit. Après son stage à Jnane Rgouni, il bénéficia du commandement de la tribu des Beni Zeroual et tout l'est du pays. IL continuera son combat au lendemain de l'indépendance avec les tribus Aït Baämrane du Sud pour libérer Sidi Ifni et en 1960, il intégra définitivement l'Armée Royale pour achever sa carrière comme colonel au service du Pays. C'est pour le lecteur de ce livre un beau parcours d'un combattant qui arriva presque au sommet de sa carrière. Et il mérite bien sa retraite dans la sérénité et la stabilité du régime monarchique pour lequel il s'est battu. Félicitations à notre Al Ansari !