Le Maroc célèbre, dimanche 14 août, le 167ème anniversaire de la bataille d'Isly, qui constitue l'un des plus importants événements de l'histoire du Maroc en ce qu'il montre l'engagement du Royaume pour la défense de la dignité et de la liberté et son attachement à la préservation, non seulement de sa propre intégrité, mais aussi celle de ses voisins, en l'occurrence l'Algérie. Cette bataille donne la mesure de la profondeur des sentiments solidaires du Maroc et de sa foi en la communauté du destin algéro-marocain, tant il n'a pas hésité à consentir moult sacrifices et à faire preuve de solidarité agissante envers les frères d'armes algériens pour faire face à l'entreprise colonialiste dans ces moments sombres de l'histoire. C'est ainsi qu'à 8 kilomètres de la ville d'Oujda, a eu lieu la bataille d'Isly (14 août 1844), qui avait opposé l'armée du sultan Moulay Abderrahmane (1822-1844) aux troupes françaises qui, marchant d'Alger, avaient à leur tête le gouverneur général d'Algérie, Thomas Bugeaud. Les velléités guerrières des troupes françaises, disposant de moyens disproportionnés, trouvaient leurs motivations dans le soutien qu'accordait le sultan Moulay Abderrahmane à la résistance algérienne, avec à sa tête l'émir Abdelkader, ce qui déchaina la puissance occupante contre le Maroc, portée par un élan de convoitises et d'expansion. La bataille d'Isly, d'un point de vue militaire, fut exemplaire quant à la détermination de l'armée marocaine à barrer le chemin à l'expansionnisme colonial de la France. Celle-ci, forte de son statut de puissance économique et militaire de l'époque, affichait l'ambition d'asseoir définitivement son emprise sur l'Algérie, d'étendre sa domination sur l'Afrique du Nord et de faire ainsi, contrepoids à la Grande-Bretagne. L'Algérie n'était pas ainsi la seule cible des visées coloniales françaises, le Maroc était aussi placé dans sa ligne de mire, en raison notamment de sa position géographique privilégiée et de ses ressources naturelles. Le refus du Maroc de donner suite aux requêtes françaises lui demandant de lui livrer l'émir Abdelkader avait à ce point exaspéré Paris qu'elle accusa l'Empire chérifien d'avoir violé le traité d'amitié franco-marocain en offrant refuge au chef de la lutte armée pour l'indépendance de l'Algérie, l'émir Abdelkader, ce qui a fini par conduire inéluctablement à la bataille d'Isly. Le Maroc y avait aligné près de 50.000 hommes, composés essentiellement de cavaliers qu'appuyaient des volontaires venus notamment des tribus Béni Iznassen, Béni Oukil et Angad. Dans le camp adverse, le gouverneur général d'Algérie, Thomas Bugeaud, était à la tête de 11.000 hommes. Il avait commencé son offensive par une attaque contre le camp marocain établi à Jorf al-akhdar, près d'Oujda, sur la rive droite de Oued Isly, petit affluent de la Moulouya. Bugeaud avait réussi, à l'aide de l'artillerie lourde, à désorganiser les lignes de l'armée du Maroc dont les troupes, sommairement équipées et mal entrainées, s'étaient dispersées pour aller se regrouper à nouveau sur la route de Taza, en terrains accidentés. L'état-major français se mit alors à élaborer un plan pour marcher sur les rives de la Moulouya, mais les rudes conditions naturelles du théâtre de combat et les épidémies qui rongeaient le corps expéditionnaire français eurent raison de l'entreprise aventureuse de Bugeaud, face à des combattants connus pour leur mobilité et les retournements qu'ils pouvaient imprimer aux péripéties des combats.