Victor Mamane (vit et travaille à Casablanca) expose ses dernières œuvres d'art contemporain au Musée du Judaïsme Marocain de Casablanca du 17 décembre 2013 au 17 janvier 2014. Considéré comme l'un des plus illustres figures de la nouvelle sensibilité sculpturale et picturale, cet artiste créateur, dont la recherche obstinée de la représentation des figures et des thèmes variés a trouvé dans l'art contemporain un écho tout particulier, demeure un sculpteur rare dans notre paysage artistique. De fait, c'est à son atelier à Casablanca, qu'il forge ses œuvres singulières et essentielles qui s'appuient sur la juxtaposition dans un même espace de plusieurs éléments hybrides, en synthétisant ses préoccupations créatives. Autodidacte habile et artiste généreux, Victor Mamane pose les questions de la représentation de l'espace, du rôle du socle, de la relation de la figure à l'espace ainsi que celle des figures entre elles, en exploitant plusieurs techniques (peinture acrylique sur plexiglas, fil de fer soudé, compression de polypropylène en relief sur plexi ...). Autour de ces thèmes et grâce à un ensemble abondant des sculptures détournées, cet artiste chercheur nous propose une approche précise de la démarche sculpturale et picturale, tout en s'attachant, par une mise en espace rigoureuse, à restituer à chaque œuvre toute sa part de mystère et son pouvoir de fascination. Une même évidence devant les sculptures de cet artiste chevronné. Il nous présente des modèles, aussi familiers qu'intrigants, dont le cœur semble battre d'une force inouïe, forçant sa surface à s'écarter, s'ouvrir pour laisser voir ses entrailles de métal. Provocante, cette étonnante évocation s'inscrit, qui plus est, dans la synthèse de la matière, d'un éclat rare qui plus est, au terme d'un travail de composition exceptionnelle. En ce sens, les œuvres de Victor Mamane ne consacrent pas, essentiellement, une technique, un savoir-faire, mais se chargent au contraire de promouvoir tous les domaines de la création sculpturale au rang d'art à part entière. Avec ses compositions métaphoriques, le sculpteur s'impose comme un fin contempteur de sa société. Son procédé de sculpture fait sensation et se donne comme un geste fort de l'artiste. N'hésitant pas à le rapprocher lui-même du groupe « Nouveau réalisme » qui a trouvé une résonance évidente à l'échelle mondiale. D'abord plastique, le charme de la sculpture est une évidence. Agencement improbable d'éléments familiers, la réduction qu'impose Victor Mamane offre une harmonie visuelle voire une nouvelle norme à ce qui ne fonctionne plus, dépossédé de sa raison première. Ses sculptures sont révélatrices d'une réalité complexe. Car ce que met en évidence le geste de cet artiste, c'est cette possibilité de dépasser le principe éphémère des biens de consommation. En proposant alors une sculpture en guise d'acte plastique, c'est toute l'industrie du spectacle et partant, de l'art vivant, que revisite Victor Mamane. Sur son parcours d'artiste, Dr. Abdellah Cheikh, critique d'art et esthète, a écrit : « Autodidacte absolu à l'instar de César et homme à la fois simple et complexe, Victor Mamane expose ses œuvres récentes (sculptures et objets) au Musée du Judaïsme à Casablanca. Il cultive son image d'un artiste plasticien hypersensible, d'un installateur, et surtout d'un sculpteur créateur. Auteur d'une série d'objets insolites, Mamane a pu développer tout un langage visuel autonome en utilisant des matériaux de récupération peu coûteux et des objets doués d'une grande valeur en matière de plasticité et de richesse immatérielle. En revisitant l'esprit des compressions et des recyclages, Mamane présente ses œuvres connotatives qui exploitent les possibilités de tous les matériaux, tout en travaillant sur la rigidité, l›épaisseur, la coloration, et l'extravagance. Avec des œuvres hybrides et expressionnistes, Mamane a crée « des objets à fonctionnement symbolique » sous forme d'une série de sculptures enchantant le regard avisé du récepteur à travers des réalisations conscientes qui dégagent des valeurs nobles en l'occurrence l'onirisme, la paix, la tolérance et la coexistence. ». Sur sa passion pour l'art, Mamane nous a confié : « Depuis mon plus jeune âge, j'ai été habité par la passion de la création. Pendant longtemps, je griffonnais sur des cahiers des dessins, je sculptais des objets avec tout ce qui me tombait sous la main, etc. Et cela uniquement pour mon plaisir personnel sans jamais n'avait fait ni les beaux arts ni même assister à des réalisations chez des artistes. Par moment, il m'arrivait d'avoir de fortes envies de m'exprimer. Là, je laissais tout tomber un moment et je m'adonnais à la réalisation d'une sculpture, d'une peinture, d'un objet d'ornementation, d'une fresque, d'une lampe...etc. Pris par le tourbillon des affaires pour assurer le quotidien de ma famille, je ne trouvais pas le temps de me consacrer exclusivement à ma passion. Néanmoins, je gardais l'esprit qu'un jour je m'adonnerais à cette passion ». Et d'ajouter : « Cet espoir je l'ai concrétisé, depuis quelques mois déjà, en mettant en veilleuse toutes mes activités pour ne me consacrer qu'à la réalisation de ce qui a toujours été ma passion. Aujourd'hui, je sculpte aux grés de mes inspirations aves tout ce qui me tombe sous la main. Je donne forme à la matière la plus anodine pour lui rendre sa note de noblesse. J'en fais une œuvre d'art. Cet esprit artistique je me le suis forgé par la fascination que j'ai toujours eue pour les œuvres de grands sculpteurs tels qu'Arman, César, Giacometti et bien d'autres. A force de visiter des musées, des galeries, des expositions, de compulser des revues, de m'intéresser à l'art en général, et d'être toujours présent à toutes les manifestations ou l'art est à l'affiche, j'ai acquis cet art. Ce qui fait qu'aujourd'hui après quelques mois de travail, j'ai déjà réalisé une centaine d'œuvres que j'expose au public pour la première fois au musée du judaïsme de Casablanca. J'espère que le public appréciera. ». Mamane mérite d'être catalogué parmi les nouveaux-réalistes qui ont fait de l'objet leurs couleurs. Il est une Figure de témoin de son époque. Il se fait archéologue qui repense les objets fétiches de notre vie courante. C'est un « para-artiste » qui se démarque tout à fait de la pratique conventionnelle. Ses premières accumulations, où l'objet atteint sa « masse » critique, relèvent pour cet artiste de la problématique de la dualité « temps-espace » qui allie le geste des expressionnistes à l'accumulation du matériel.