Abdeljalil Benlaassel expose à Essaouira Dans la fièvre du Festival Gnaoua et musiques du monde, Abdeljalil Benlaassel expose à l'espace «Médina» à Essaouira ses œuvres sculpturales insolites. Depuis 23 ans, il n'a pas cessé de mettre en scène des structures hybrides, le but étant de transformer un objet culte de notre société et d'en faire quelque chose d'autre. A travers ses formes, l'œuvre sent la conception par l'intermédiaire de l'artiste, c'est la disparition de la valeur utilitaire qui était à l'époque un facteur important dans la reconnaissance de la valeur d'un objet. Abdeljalil Benlaassel, qui vit et travaille à Lalla Takerkoust, région de Marrakech, figure parmi les nouveaux réalistes qui remettent en cause le monde des objets usuels par les chutes de fer. Ses accumulations sont utilisées en multitude dans un assemblage déterminé par la nature de l'objet. Le mouvement et les effets plastiques font partie de ce nouveau regard sur l'objet. Le matériel n'est pas détourné, il est utilisé pour travailler un mouvement et devient matériau. Une autre manière de transformer un matériel en matériau selon cet artiste à l'instar de César et Arman : c'est un matériau vivant relevant d'un projet plastique abouti. Il s'agit du détournement de la vie de l'objet, qui est redynamisé et réinvesti dans l'art. Il a la volonté de fixer le temps d'un moment censé être agréable alors que la société veut de plus en plus nous le marchandiser, et nous presser. L'artiste met ici l'accent sur la nécessité d'un retour aux sources, et questionne les valeurs d'une société de consommation qui influencerait moins de ses codes, et qui submergerait moins de ses produits, la société actuelle. Renvoyant à l'univers de la vie effective de notre ère de l'image, la représentation narrative des objets s'attache davantage à écrire une « histoire » du quotidien, avec un certain engagement esthétique. Autodidacte absolu et homme à la fois simple et complexe, Abdeljalil a exposé récemment ses sculptures expressives au Forum de la Culture de Casablanca ( ex.Cathédrale Sacré Cœur). Il cultive son image d'un artiste plasticien hypersensible, d'un installateur, et surtout d'un sculpteur créateur. Auteur d'une série d'œuvres hétéroclites, il a pu développer tout un langage visuel autonome en utilisant des matériaux de récupération peu coûteux et des objets doués d'une grande valeur en matière de plasticité et de richesse immatérielle. En revisitant l'esprit des compressions et des recyclages, Abdeljalil présente ses œuvres connotatives qui exploitent les possibilités de tous les matériaux, tout en travaillant sur la rigidité, l'épaisseur, la profondeur et l'extravagance. Avec des œuvres hybrides et expressionnistes, il a crée « des œuvres à fonctionnement symbolique » sous forme d'une série de sculptures enchantant le regard avisé du récepteur à travers des réalisations conscientes qui dégagent des valeurs nobles en l'occurrence l'onirisme, la paix, la tolérance et la coexistence. Abdeljalil Benlaassel mérite d'être catalogué parmi les nouveaux-réalistes qui ont fait de l'objet leurs couleurs. Il est une Figure de témoin de son époque. Il se fait archéologue qui repense les objets fétiches de notre vie courante. C'est un « para-artiste » qui se démarque tout à fait de la pratique conventionnelle via ses œuvres qui drainent chaque année 350 milles visiteurs. Ses premières accumulations, où l'objet atteint sa « masse » critique, relèvent pour cet artiste de la problématique de la dualité «temps-espace» qui allie le geste des expressionnistes à l'accumulation du matériel.