Les amateurs du new réalisme pourront se réjouir ! Cinq ans après sa mort, le fameux sculpteur Arman Fernandez sera accueilli à Casablanca, à la Matisse Art Gallery. Hommage posthume à l'une des plus grandes figures de l'art contemporain, cette exposition, qui se tiendra jusqu'au 27 janvier, est une occasion unique pour découvrir l'œuvre remarquable d'Arman. Sculpture, peinture... et l'entre-deux, l'artiste français d'origine espagnole a su explorer, de son vivant, toutes les facettes de la création plastique. Le chef de file du nouveau réalisme se régalait dans l'accumulation, un art qu'il a su cultiver à sa manière. L'accumulation comme passion Après avoir dégusté les plaisirs d'une peinture bien consommée, Arman né Armand Pierre Fernandez, va troquer son pinceau contre le ciseau. Ses pulsions créatives n'étant plus satisfaites par la couleur, il s'adonne à la sculpture ; mais pas n'importe laquelle. Ses œuvres n'ont rien de classique. D'ailleurs le conventionnel n'était jamais son fort. Dès 1954, Arman va mener une expérience artistique basée sur le recyclage d'objets. Il entretient dès lors une relation charnelle, voire passionnelle, avec la matière. Il n'hésitait pas à l'entailler, l'écraser, l'entasser, la transcender pour enfin l'assembler dans des sculptures déroutantes de par leur structure, leur texture mais surtout par leur symbolique. Au delà de son art, Arman avait des idées à transmettre. Durant toute sa vie, il a cherché à faire prendre conscience au public de la «violence» de la production de masse dans la société contemporaine. Son procédé tout aussi «féroce», l'a poussé à malmener fourchettes, fers à repasser, masques à gaz, pianos, violons, vélos, voitures et même des chars de guerre ! Sa véhémence créative n'a d'égale que sa détermination. Résultat : des œuvres monumentales, interpellantes, dérangeantes parfois, mais souvent impressionnantes. Hayat Kamal Idrissi