Victor Mamane expose actuellement ses œuvres insolites (sculptures -objets) au Musée du Judaïsme à Casablanca. Il met en scène des structures hybrides, le but étant de transformer un objet culte de notre société et d'en faire quelque chose d'autre, à travers ses formes, l'œuvre sent la conception par l'intermédiaire de l'artiste, c'est la disparition de la valeur utilitaire qui était à l'époque un facteur important dans la reconnaissance de la valeur d'un objet. Cet artiste matiériste reprend les objets de la société pour en faire des reliques, des symboles puissants de la consommation. On constate également la disparition du matériau noble et l'exploitation des matériaux industriels : «L'artiste est hypersensible. Il nous apprend la beauté du quotidien. Faire du consommateur un producteur d'art. Une fois qu'un être s'est intégré dans cette vision, il est très riche, pour toujours», affirme André Elbaz, artiste plasticien de renom. Mamane figure parmi les nouveaux réalistes qui remettent en cause le monde des objets usuels. Ses accumulations sont utilisées en multitude dans un assemblage déterminé par la nature de l'objet. Le mouvement, la couleur, et les effets plastiques font partie de ce « nouveau regard sur l'objet. Le matériel n'est pas détourné, il est utilisé pour travailler un mouvement et devient matériau. Une autre manière de transformer un matériel en matériau selon Victor à l'instar de César et Arman : c'est un matériau vivant relevant du projet plastique de l'artiste. Il s'agit du détournement de la vie de l'objet, qui est redynamisé et réinvesti dans l'art. Il a la volonté de fixer le temps d'un moment censé être agréable alors que la société veut de plus en plus nous le marchandiser, et nous presser. L'artiste met ici l'accent sur la nécessité d'un retour aux sources, et questionne les valeurs d'une société de consommation qui influencerait moins de ses codes, et qui submergerait moins de ses produits, la société actuelle. Renvoyant à l'univers de la vie effective et de la société de consommation, la représentation narrative des objets s'attache davantage à écrire une « histoire » du quotidien, avec un certain engagement esthétique. Sur sa passion pour l'art, Mamane nous a confié : «Depuis mon plus jeune âge, j'ai été habité par la passion de la création. Pendant longtemps, je griffonnais sur des cahiers des dessins, je sculptais des objets avec tout ce qui me tombait sous la main, etc. Et cela uniquement pour mon plaisir personnel sans jamais n'avait fait ni les beaux arts ni même assister à des réalisations chez des artistes. Par moment, il m'arrivait d'avoir de fortes envies de m'exprimer. Là, je laissais tout tomber un moment et je m'adonnais à la réalisation d'une sculpture, d'une peinture, d'un objet d'ornementation, d'une fresque, d'une lampe…etc. Pris par le tourbillon des affaires pour assurer le quotidien de ma famille, je ne trouvais pas le temps de me consacrer exclusivement à ma passion. Néanmoins, je gardais l'esprit qu'un jour je m'adonnerais à cette passion». Et d'ajouter : «Cet espoir je l'ai concrétisé, depuis quelques mois déjà, en mettant en veilleuse toutes mes activités pour ne me consacrer qu'à la réalisation de ce qui a toujours été ma passion. Aujourd'hui, je sculpte aux grés de mes inspirations avec tout ce qui me tombe sous la main. Je donne forme à la matière la plus anodine pour lui rendre sa note de noblesse. J'en fais une œuvre d'art. Cet esprit artistique je me le suis forgé par la fascination que j'ai toujours eue pour les œuvres de grands sculpteurs tels qu'Arman, César, Giacometti et bien d'autres. A force de visiter des musées, des galeries, des expositions, de compulser des revues, de m'intéresser à l'art en général, et d'être toujours présent à toutes les manifestations ou l'art est à l'affiche, j'ai acquis cet art. Ce qui fait qu'aujourd'hui après quelques mois de travail, j'ai déjà réalisé une centaine d'œuvres que j'expose au public pour la première fois au musée du judaïsme de Casablanca. J'espère que le public appréciera».