L'artiste peintre Liliane Danino a présenté jeudi soir au Musée du Judaïsme Marocain une collection de ses dernières créations. Peintre et sculpteur autodidacte, inspiré par la lecture, la danse et les émotions de la vie, Liliane Danino conçoit l'art comme langage construit de vibrations. Sa passion l'amènera à l'enseignement des techniques artistiques, ainsi qu'à la réalisation de décors, de maquillages et d'effets spéciaux pour le cinéma. Elle étend son champ d'investigations à d'autres genres d'expression et ce, pour stimuler une peinture en devenir. Les personnages rencontrés, les lieux visités lui inspirent une vision d'un Orient endormi et coloré, rappelant en d'autres temps, les aquarelles des premiers explorateurs. S'en suivent des impulsions qui s'enchaînent dans une gestuelle convulsive. "J'aime aller à l'essentiel, ne pas me perdre dans des détails qui encombrent l'œuvre et la fatigue'', dit-elle. Respirer cette pâte, toucher cette couleur, secouer un corps en alerte, pour ne retenir que l'instant d'une course, mener la peinture au fond de soi, en cherchant à "se libérer de l'expérience de la technique et de ses acquis et ce, afin pour être transportée allègrement dans un état émotionnel'', a-t-elle ajouté. Des gestes afférents à des agitations intérieures retranchant son art dans un espace sentimental. Il lui arrive de plonger dans une abstraction lyrique. Les affects engagés vont se retranscrire dans une épaisseur, celle de la matière pour en donner de la profondeur. Les manipulations de textures, les étirements de matières, le travail au couteau, à la spatule donnent à cette consistance pâteuse un mouvement de flux et de reflux: des superpositions laissent alors transparaître un jeu de tonalités dû à des successions de strates encore humides. "Mes gestes sont violents, puissants, rapides. Mon objectif est d'aller jusqu'au bout de l'énergie'', confie-t-elle à la MAP. L'espace, selon les variations colorées, évoque divers lieux: un rivage à l'écume agitée ou encore une clairière aux cimes automnales. Ces couleurs employées de manière truculente directement sur la toile, s'apaisent dans une image évocatrice d'horizons solitaires. Née en 1951 à Casablanca, Liliane Danino a passé une assez longue résidence à Nice en France. Liliane expose régulièrement depuis 1978 dans de nombreux pays, entre autres, la France, le Maroc, les Etats-Unis ou le Canada. Elle a décroché plusieurs prix tout au long de son parcours, entre autres, la Médaille d'or au Salon d'hiver international à Lyon en 2000 ou encore le grand prix d'art contemporain à Monaco une année auparavant. Son exposition au Musée du Judaïsme Marocain restera visible jusqu'au 16 mai.