Le bijou rare Habachi est le meilleur. Il est pour moi un grand acteur du monde arabe. Ce fut pour moi la découverte, le bijou qu'on trouve sur une plage déserte et dont ne sait quoi faire. Il a une richesse en lui et une facilité d'adaptation plutôt un effort de donner toujours meilleur. Habachi étonne. Initialement, son rôle avait peu d'importance, mais il m'a finalement obligé à rendre son personnage plus important. (Rida Béhi - LAMALIF N°99 - juillet 1978). Un acteur habité Brillant acteur de théâtre, le Marocain Mohamed Habachi est passé au cinéma grace à Souheil Benbarka qui lui a donné l'un des rôles principaux de "Noces de sang". Acteur habité, au visage sensible, Habachi est très à l'aise dans le fantastique, l'inquiétant, l'irrationnel. Il a remarquablement interprété le rôle du fou dans "Soleil des hyènes" de Rida Béhi (Tunisie) et celui d'un homme persécuté par des forces surnaturelles dans "Mirage" et "Le coiffeur du quartier des pauvres", rôle pour lequel il décroche le grand prix d'interprétation au festival de Ouagadougou en 1983. (Jeune Afrique Plus N°6 - Avril 1984) Qui est Habachi? C'est d'abord un comédien qui, comme ses compagnons de fortune, subit les vacances. C'est un improvisateur en qui les critiques de cinéma et de théâtre les plus avertis, croient déceler un acteur d'une originalité indéniable. Improvisateur qui affirme se diriger lui-même au cinéma. Son improvisation et cette faculté qu'il a de se diriger lui-même, sans guide, lui vaut d'être découvert par le réalisateur tunisien Rida Béhi dans "Soleil des hyènes" où il interprète le rôle du fou du village qu'il développe et fabrique par lui-même dépassant ainsi le petit rôle prévu dans le scénario. Rida Béhi considère Habachi comme un grand acteur du monde arabe. Habachi ne refuse pas qu'on dise du bien de lui mais ce n'est jamais la béatitude. Il est beaucoup plus sévère avec lui-même. Modestie? Non, simple tempérament. L'éloge, c'est du bruit bon pour les vedettes. Or pour Habachi, il n'y a vraiment pas de quoi faire de ce bruit qui, d'un homme simple, vous transforme en monstre obsédé par sa propre image. Une chose est sure cependant: on ne peut se passer de l'estime des amis. (Said Afoulous - Le message de la nation - 12/19 septembre 1984) Vingt ans de solitude Mohamed Habachi est un acteur peu ordinaire. C'est de cette manière qu'il est habituellement qualifié par ses amis et ses fans. C'est plutôt un monument cinématographique qui a efficacement participé à l'édifice du cinéma marocain prometteur. Il est également une perle rare comme l'a jugé le cinéaste tunisien Rida Béhi. Habachi est un acrobate habile qui a volé très haut avec ses personnages au point qu'il a laissé tous les autres comédiens de sa génération sur le sol et ce grâce à sa spontanéité et son authenticité dans le jeu. Quand il décida de se retirer loin du métier d'acteur, il incita à des interrogations: que va devenir le cinéma marocain sans lui? (Said El Ouazzan - Al Ousbouyia N°7 - 2/9 décembre 2004). Cher disparu Mohamed Habachi, cet acteur sublime dans tous les sens du terme, s'est éloigné du milieu artistique (le cinéma et la télévision) il y plus de dix ans. Il s'est retiré à l'improviste sans aucune intention au préalable laissant derrière lui le désarroi et l'amertume. Il s'est retiré en laissant le champ vide après avoir excellé en campant parfaitement des personnages hors du commun appréciés simultanément par les publics de cinéma, de télévision et de théâtre. Il a certainement ses raisons de s'être retiré subitement en s'abstenant de donner les vrais mobiles laissant ses amis du milieu perplexes. Il s'est retiré alors que le cinéma marocain avait tant besoin de lui, besoin de son style de jeu fortement distingué voire unique, sa spontanéité et surtout sa modestie exemplaire. Comment Habachi a-t-il pu abandonner un si cher héritage avant de se lancer sur un héritage d'un tout autre genre? Ce dernier ne sera jamais aussi prestigieux et conséquent à long terme que le premier quel que soient ses sources et ses chiffres. (Doulkifel Bouchaib - Annachra N°6 - 13/19 décembre 1993)