Mustapha Salamat n'est plus. Ce comédien, connu pour ses grands rôles au théâtre avec la troupe Maamora et son charisme très particulier, est décédé lundi à l'âge de 67 ans à Casablanca. Portrait posthume d'un homme tout en discrétion. Regard nostalgique. Douceur et gentillesse. Ces traits de sa personnalité resteront à jamais gravés dans la mémoire de ses proches et de ses amis. Mustapha Salamat a tiré sa révérence lundi 3 octobre, mais il demeure et restera vivant dans les esprits. À l'âge de 67 ans, celui qui a incarné de multiples personnages sur les planches est décédé à Casablanca, sa ville natale. Réservé de nature, il a quitté ce monde de la même manière avec laquelle il y est entré : tout en discrétion. C'est aussi de ce caractère dont se souviennent ses amis comédiens. « Il était très respectueux, il n'a jamais dit du mal de qui que ce soit. Il était toujours dévoué à son travail », témoigne Nourredine Bikr. Mustapha Salamat a interprété très peu de rôles au cinéma. Daoud Aoulad Syad a fait appel à lui à plusieurs reprises dans ses projets de longs-métrages. Dans En attendant Pasolini, son avant-dernier film, Mostafa Salamat est le fqih du village. À l'instar de Mohamed Majd, il est un acteur fétiche du cinéaste. «Au théâtre, Mustapha Salamat avait un talent fou ; il jouait des rôles incongrus. C'est un monument». Tayeb Seddiki, homme de théâtre Dans des cinéfilms américains également, il a fait plusieurs apparitions brillantes. On le reconnaît dans la peau du vieux Manahaim dans La Bible de John Huston. Si ses apparitions côté 7e art peuvent paraître modestes, nul ne sait que le théâtre était son vrai dada. Tayeb Seddiki est là pour en témoigner. Ce dramaturge marocain l'a connu de très près. « Nous avons travaillé ensemble pendant 46 ans », confie-t-il dans des propos au Soir échos. Ce n'est pas tout. Ces deux amis ont fait ensemble les heures de gloire de la troupe de théâtre de Maamora aux côtés d'autres noms désormais inscrits dans l'histoire et le patrimoine du théâtre marocain. Mustapha Salamat montre très tôt son amour pour l'expression corporelle, au grand dam de sa famille, de culture conservatrice. Durant son adolescence, il fréquente les maisons de la culture à Casablanca. Ce sont ces mêmes espaces qui vont lui permettre de plonger avec bonheur dans l'univers des lettres et celui de l'expression théâtrale. Très vite, il y prend goût. Son amour et son dévouement pour le théâtre le poussent tout naturellement à jouer dans des adaptations très difficiles. Citons des pièces comme Othello, de Shakespeare, Le Sultan et Abderrahmane Belmejdoub. Le défunt était l'un des piliers de la troupe de Tayeb Seddiki. « Il n'avait que des qualités, et je ne l'ai jamais entendu dire un mot vulgaire. Au théâtre, il avait un talent fou ; il jouait des rôles incongrus », confie l'homme de théâtre. Ce dernier finit par qualifier Mustapha Salamat de «monument» et de «l'un des plus grands acteurs du monde arabe». Lors de son inhumation mardi dernier au cimetière Arrahma à Casablanca, un ultime adieu lui a été exprimé, dans un grand moment d'émotion.