La mobilité sociale brute est plutôt féminine et urbaine, selon une enquête réalisée par le Haut-commissariat au plan (HCP) sur «la mobilité sociale intergénérationnelle» et dont les résultats ont été présentés mercredi à Rabat. Le taux de mobilité parmi les femmes est de 78,6% contre 63% pour les hommes et de 75,1% pour les citadins contre 59,2% pour les ruraux, a indiqué le Haut-commissaire au plan, Ahmed Lahlimi Alami qui présentait ces résultats lors d'une conférence-débat. La mobilité sociale intergénérationnelle est un concept se rapportant aux déplacements des individus ou des ménages sur l'échelle sociale. Elle permet de montrer comment se transmet le statut social entre des générations successives. Ce phénomène, qui touche la majorité de la population marocaine (61,2%), est dû essentiellement à des changements socio-économiques à caractère structurel, a-t-il expliqué. Pour sa part, la mobilité sociale ascendante (promotion sociale) est fréquente chez les hommes (43,7%) et les urbains (51,1%), selon M. Lahlimi qui a relevé, toutefois, une mobilité sociale descendante nettement élevée chez le sexe féminin (61%) et les ruraux (44%). L'école est le principal moteur de promotion sociale, selon l'enquête réalisée en 2011 qui note qu'une augmentation d'une année de scolarité améliore les chances d'ascension sociale de 13,7%. Le taux de mobilité ascendante passe à 84,3% parmi les diplômés des écoles et instituts supérieurs avec 86 pc parmi les hommes et 78,9% parmi les femmes, fait savoir l'enquête. L'expérience professionnelle renforce les chances de l'ascension sociale des générations, d'après l'étude qui précise qu'une année d'ancienneté de plus dans la vie active améliore de 12% les chances de mobilité sociale ascendante. «Cet effet s'annule aux alentours de l'âge de 50 ans, seuil à partir duquel l'âge commence à handicaper les chances de mobilité sociale ascendante», a dit le haut-commissaire au plan. En dépit d'une forte mobilité structurelle que connaissent les femmes, leur faible accès à une mobilité sociale ascendante (18 pc) semble être surdéterminé par une discrimination de type genre, selon M. Lahlimi «C'est ainsi qu'à même âge, milieu de résidence, niveau d'études et statut socioprofessionnel du père, un homme a 7,1 fois de chances de plus qu'une femme d'occuper une position sociale supérieure à celle de son père», a-t-il relevé. La mobilité reste importante et ses impacts marqués, en particulier, par le triple phénomène d'une avancée spectaculaire de la transition démographique, d'une urbanisation accélérée et avec son accès croissant au système d'enseignement et de formation, l'émergence de la femme dans le marché du travail, conclut l'enquête. L'enquête nationale sur la mobilité sociale intergénérationnelle, réalisée auprès des personnes âgées de 20 ans et plus, membres de 60.000 ménages, jette un éclairage supplémentaire sur les ressorts profonds des changements que la Maroc est appelé à connaître et sur le rôle que devrait y jouer une jeunesse de plus en plus féminisée et mieux formée.