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Le Maroc abrite la Conférence régionale pour le renforcement de la sécurité des frontières entre les pays du Sahel et du Maghreb : Ensemble contre la menace narco-terroriste
Une conférence régionale pour le renforcement de la sécurité des frontières entre les pays du Sahel et du Maghreb est prévue le 14 courant au Maroc, sans que l'on ne sache encore ou devrait-elle se dérouler. Cette absence d'indication sur le lieu de la tenue de cette conférence, qui semble relever de la mesure sécuritaire, est à elle seule un indicateur palpable de la menace grandissante que représente le « narco- terrorisme » pour tous les pays de la région. L'ombre d'AQMI plane désormais du Maghreb jusqu'en Afrique de l'ouest, en passant par le Sahara et le Sahel. Soit le chemin à rebours que prend le trafic de cocaïne en provenance d'Amérique latine et à destination de l'Europe. Un trafic « taxé » par AQMI, dont c'est l'une des sources de financement principales. Tous les services de renseignement de la planète le savent, mais bien peu d'Etats s'empressent d'agir contre ce cancer dont la métastase se poursuit pour atteindre l'Afrique de l'Est, point d'entrée de l'héroïne en provenance d'Asie et domaine d'action des Shebabs somaliens. L'internationale narco- terroriste ceinture désormais l'Afrique du nord de l'Atlantique à la Mer rouge et l'océan indien et peut compter sur des complicités bien rémunérées au sein de certains Etats de la région pour acheminer leurs « marchandises » jusqu'en Méditerranée. Un député du parti malien UM- RDA, interviewé par l'Opinion lors d'une visite effectuée au Maroc à l'invitation du parti de l'Istiqlal, a clairement expliqué comment fonctionne la filière « Air Cocaïne ». Un avion chargé d'héroïne atterrit dans le désert malien, pendant que les autorités de l'époque regardaient ailleurs, puis la « marchandise » prend le chemin du nord, sous escorte des groupes jihadistes dépendant ou/et affiliés d'AQMI, pour atteindre les frontières algériennes, où ces « marchandises » sont convoyées jusqu'à la côte méditerranéenne et ensuite embarquées vers le marché européen. La question taboue est de savoir qui couvre le passage de ces narcotiques des frontières sud algériennes vers la Méditerranée... Beaucoup d'hypocrisie déguisée en realpolitik permet à ce système de fonctionner et même de se développer depuis plus d'une décennie. Et les rares Etats de la région, à l'instar du Maroc, qui ne cessent de prévenir sur la menace rampante que constituent les filières narco- terroristes empruntant les chemins désertiques du Sahara et du Sahel, ont bien de la peine à se faire entendre. De ce côté-ci de la Méditerranée, on en est quelques fois à se demander si les Européens, pourtant bien informés par leurs services de renseignement, ne cherchent pas à confirmer la véracité du proverbe qui dit « il n'y a de pire aveugle que celui qui ne veut voir ». Qui ignore, par exemple, que les camps de la honte de Lahmada, ou l'Algérie a parqué les dizaines de milliers de séquestrés de Tindouf, est un foyer de recrutement aussi bien pour les trafiquants que pour les terroristes jihadistes ? Face à la misère et en l'absence de perspectives dans les camps de Tindouf, nombre de jeunes de la population des camps, qui enregistre l'un des taux de croissance démographique parmi les plus élevés au monde, finissent par céder aux sirènes des narco- terroristes, qui apprécient leur formation militaire dispensé par leurs commanditaires algériens. Même Kaddhafi a puisé dans cette réserve de combattants à gage pour faire la guerre à son peuple avant de se faire renverser et exécuter. Et même si les mercenaires polisariens ont échoué à remplir leur contrat libyen, ils n'en ont pas moins ramené tout un arsenal qui ira au mieux disant parmi les groupes terroristes avec lesquels les polisariens sont depuis longtemps en contact et qui diffusent incontestablement leur propagande dans les camps des séquestrés. Il suffit de regarder une carte de cette partie de l'Afrique qui va de la Méditerranée occidentale aux pays de l'Afrique de l'ouest pour se rendre compte que le seul regroupement « officiel » de combattants non réglementaires dans la région est celui des camps de Tindouf. Personne ne sait combien de personnes exactement vivent dans ces camps. Le Haut Commissariat aux Réfugiés l'a demandé à maintes reprises, mais les autorités algériennes s'y sont toujours refusées. Tout le monde sait encore que les conditions d'existence dans ces camps sont le moins que l'on puisse dire lamentables et faute de règlement du problème entre le Maroc et l'Algérie, les habitants /séquestrés des camps ne peuvent rêver d'aucun avenir meilleur. Encore mois d'un présent. Formés à la guerre du désert mais incapables de venir à bout des Forces Armées Royales, nombre des miliciens du Polisario n'ont d'autres employeurs potentiels auprès de qui faire valoir leurs « compétences » que les narco- terroristes, demandeurs de ce genre d'expertise. Là encore, personne n'ignore que c'est le cas, mais pas delà à désigner franchement les coupables en remontant le plus simplement du monde la chaîne des responsabilités et des complicités. Les Maliens n'ont donc pas à s'étonner si aucun réseau de narcotrafiquants n'a été démantelé en parallèle à l'opération Serval. Mais il ne faut surtout pas dire que cela revient à scier les branches d'un arbre dont on garde le tronc intact... Heureusement, les pays de la région directement concernés par le narco- terrorisme et ceux menacés par les activités d'AQMI ainsi financées, semblent enfin décidés à faire front commun contre le péril narco- jihadiste et commencent donc à se consulter pour édifier une stratégie commune de lutte, que l'on souhaite plus efficace qu'un certain Comité des états-majors opérationnels conjoints, installé depuis avril 2010 à Tamanrasset, dans le sud algérien, qui s'est notamment distingué par son absence de résultats concrets. Pour ne pas dire absence tout court. De plus, le refus d'Alger de permettre le survol de son territoire aux forces françaises allant porter secours au Mali a marqué les esprits. La discrétion semble, en tout cas, la caractéristique première de la prochaine conférence régionale pour le renforcement de la sécurité des frontières entre les pays du Sahel et du Maghreb qui doit avoir lieu dans une semaine au Maroc. L'heure n'est plus au tapage médiatique pour affirmer un virtuel « leadership » régional, mais plutôt à l'action coordonnée et efficiente pour sécuriser la vie et les biens des habitants des pays de la région.