Du caractère de danger imminent de l'irresponsabilité de certains journalistes Qui n'a pas encore son numéro d'écrou à faire figurer sur son CV ? Qu'est-ce que le « caractère de danger imminent » pour une vidéo d'Al Qaïda au Maghreb Islamique incitant à commettre des actes terroristes ? C'est la question que l'on ne peut que se poser à la lecture du communiqué publié par le site d'information on-line « Lakome » concernant l'affaire Anouzla. Aurait-il fallu que ladite vidéo comporte des phrases du genre « faîtes vous exploser dans tel ou tel endroit public » ou « assassinez tel ou tel haut responsable » pour conclure à son « caractère de danger imminent » ? Les professionnels de la lutte antiterroriste ont dû bien se marrer en lisant ce communiqué. Car il faut être totalement ignorant du mode opératoire d'AQMI pour avancer une telle ineptie. AQMI, à l'instar de sa matrice Al Qaïda, est une nébuleuse composée de différentes katibas en Algérie et au Mali, et de cellules au Maroc et en Tunisie, toutes jouissant d'un haut degré d'autonomie surtout sur le plan opérationnel. La direction d'AQMI, exclusivement algérienne, se charge particulièrement de fixer la stratégie que les franchisés se chargent de traduire en plans d'actions et opérations là ou ils sont localisés, de manière adaptée à chaque contexte. Si les différentes cellules et katibas d'AQMI s'entraident, elles ne coordonnent pas pour autant toutes leurs actions et leurs membres ne se connaissent pas tous entre eux, ce qui permet un cloisonnement des plus efficaces pour réduire les pertes en cas d'arrestation ou d'infiltration par les services de sécurité des pays maghrébins. Ce mode d'organisation avait déjà été expérimenté avec succès par les Groupes Islamiques Armés (GIA) pendant la guerre civile en Algérie, donnant ainsi bien du fil à retordre à l'époque aux services de sécurité algériens. Une vidéo d'AQMI ciblant un pays en particulier est en soi un ordre de passage à l'action pour les cellules qui y sont tapies, sans nécessité de consignes explicites. Le service publicitaire est confié à de naïfs journalistes qui se chargent allégrement de répercuter à large échelle la diffusion de la vidéo propagandiste, au nom d'une interprétation bornée de la sacralité de la liberté de presse. Sauf que les vies humaines sont encore plus sacrées. Pour tous les services de sécurité marocains, la vidéo d'AQMI ciblant le Maroc est l'équivalent d'une sonnette d'alarme, d'un appel aux armes pour contrer le ou les plan(s) d'attaque terroristes des petits combattants marocains de Abdelmalek Droukdel. Attendre la diffusion sur Internet de consignes explicites de passage à l'action, dont même les journalistes naïfs peuvent reconnaître le « caractère de danger imminent », et ce sont plutôt des sacs en plastique qu'il faudrait préparer pour y mettre les corps et les membres déchiquetés des victimes d'attentats. Caractère de danger imminent ? Il est question d'AQMI, pas d'un gang de quartier, il faut arrêter de prendre les gens pour des imbéciles. Quand au fait que le site « Lakome », dans sa version arabophone, n'ait fait que publier le lien vers le blog du journaliste espagnol Ignacio Cembrero, sur lequel était posté la vidéo d'AQMI, inutile de préciser que les autorités marocaines ont également poursuivi en justice ledit journaliste espagnol exactement pour le même motif, l'apologie du terrorisme. Le dernier passage du texte du communiqué de « Lakome » est fort instructif sur les intentions de son auteur. « Aboubakr Jamaï, seul responsable de la publication de la vidéo sur le site francophone de Lakome, est à la disposition de la justice marocaine et répondra favorablement à toute convocation » ! En d'autres termes, « Pourquoi on ne m'a pas arrêté moi aussi ? Je veux aller en prison ! » Faire de la taule, ça doit vraiment faire « chic » sur le CV d'un journaliste qui se veut également opposant politique. Et toute la publicité autour de son nom ! L'apothéose dans la carrière d'un journaliste « engagé » ! Ca doit bien valoir quelques temps en cellule. Sauf qu'il s'agit d'apologie du terrorisme et non d'un quelconque article appelsub, comme en ont publié en quantité MM. Ali Anouzla et Aboubakr Jamaï. Il y a quand même une grande différence entre exprimer ses opinions politiques, aussi extrêmes soient-elles, et faire de la publicité à une organisation terroriste qui appelle au crime. D'abord, c'est le site « Lakome » dans sa version arabophone qui a été le premier à publier le lien vers la vidéo d'AQMI en question, la version francophone en a fait de même par la suite. Ensuite, l'impact de chacune des deux versions auprès de l'opinion publique est égal au nombre d'arabophones et de francophones lisant chacune des deux versions. Quotidien d'information francophone, nous sommes très bien placés pour savoir que le nombre des lecteurs marocains de la presse francophone, que ce soit la version papier ou celle électronique, est des plus restreints comparativement à la presse arabophone. De plus, le français n'est pas vraiment la langue préférée des terroristes jihadistes marocains, qui vouent aux gémonies leurs compatriotes francophones, considérés comme asservis à la culture occidentale. Désolé M. Jamaï, le site d'information que vous dirigez dans sa version francophone, outre le fait qu'il n'a pas diffusé le lien vers la vidéo d'AQMI en premier, n'a pas assez d'audience auprès de l'opinion publique en général et des terroristes jihadistes en particulier pour que vous puissiez prétendre à une place dans une cellule de prison. Il faudrait peut être songer à se convertir au journalisme arabophone apologiste du terrorisme ou donner des cours de français aux terroristes jihadistes marocains pour avoir droit à une bonne place en cellule de prison. Qui n'a pas encore son numéro d'écrou à faire figurer sur son CV ?