Salé accueille pour la neuvième fois le festival international du film de femmes, du 23 au 28 septembre courant, un festival qui a choisi un créneau amplement porteur. Parmi la quarantaine de festivals de cinéma organisés au Maroc, c'est le seul dédié à la femme. C'est peu dira-t-on. Bien que l'idée est loin d'être originale, compte tenu du nombre de festivals à la thématique similaire tenus à travers monde, et après l'échec d'un festival de femmes à Rabat, celui de Salé a assuré finalement sa vitesse de croisière après les bavures inévitables du début. De grandes personnalités du monde du septième art y sont conviées comme membres du jury spécifiquement composé de femmes. La compétition officielle arrive à cumuler des films de tous les horizons. Le professionnalisme s'instaure progressivement hormis cet anecdote hautement ironique et qui ramené la pendule à zéro: un hommage a été consacré à l'acteur égyptien Houcine Fahmi il y a quelques années devant la stupeur de tout le monde. Comment un acteur si connu dans le monde arabe a-t-il accepté un tel affront ? Les organisateurs, certes pour des raisons matérielles, avancent des arguments peu crédibles: «l'acteur en question avait beaucoup fait pour la femme», justifient-ils. De quelle manière l'a-t-il fait ? Personne n'est capable de pousser l'argumentation plus loin. Cette bavure dénonce plutôt une faille dans le statut même du festival ouvert aux films réalisés par des femmes ou «traitant de sujets spécifiquement féminins». Dans ce cas, on ne trouve presque pas de films qui ne traitent pas de sujets en rapport avec la femme sachant que cette dernière est la raison d'être des films pour des buts purement mercantiles et ce depuis plus d'un siècle. Cette brèche ouverte sur des films réalisés par des hommes, mais à la thématique féminine, affecte sérieusement la composition du dit jury qui n'a plus de raison de s'ériger ainsi. Bref, la logique et la raison finiront bien un jour par l'emporter pour la satisfaction presque générale.