Coup d'envoi, lundi prochain, de la 5e édition du Festival international du film de femmes de Salé. Six jours durant (le festival prendra fin le 24), les cinéphiles auront rendez-vous avec 12 longs métrages représentant 12 pays (Burkina Faso, Slovénie, Vietnam, Etats-Unis, Australie, Egypte, Italie, France, Suisse, Allemagne, Autriche et Maroc). Et c'est le film «Agadir Bombay» de la jeune réalisatrice Myriam Bakir, qui représentera le Maroc dans la compétition officielle de cette manifestation, la première dans la région à célébrer le 7e art féminin. Ces longs métrages seront projetés sous l'œil vigilant des sept membres du jury composé notamment de la réalisatrice Laila Triqui et de l'artiste égyptienne Hala Sedki. À l'instar des éditions précédentes, les organisateurs ont concocté une programmation variée, proposant plusieurs activités en parallèle. C'est ainsi qu'un panorama du cinéma africain est prévu. Douze films de l'Afrique subsaharienne seront ainsi projetés lors du festival. Ce n'est pas tout, les festivaliers auront l'occasion de découvrir cinq films burkinabés. Cette année encore, le cinéma marocain a eu une place de choix dans la programmation. Quatre films nationaux produits entre 2010 et 2011 seront ainsi présentés aux invités du festival. Il s'agit de «La Mosquée» de Daoud Oulad Syad, «Majid» de Nassim Abassi, «Swingum» de Abdellah Toukouna et «Les anges de Satan» de Ahmed Boulane. Une fenêtre sur le court métrage marocain réalisé par des cinéastes femmes est également au menu. «Chapitre dernier» de Jihane El Bahhar, «La dernière balle» de Asmae El Moudir, «La pelote de laine» de Khadija Saidi Leclère, «1.000 dirhams» de Zaineb Toubali et «Mokhtar» de Halima Ouardiri ont été sélectionnés par le comité d'organisation du festival pour être présentés au public. Un forum, des hommages, une leçon de cinéma... Un hommage appuyé sera rendu lors de cette cinquième édition dont le coût global est estimé à 4 MDH, à des artistes qui ont inscrit leurs noms en lettres d'or dans l'histoire du cinéma de leurs pays. Il s'agit de Halime Gümer (Turquie), Fatima Alaoui Bel Hassan (Maroc), Naki Sy Savané (Côte d'Ivoire) et Houssein Fahmi (Egypte). Par ailleurs, une leçon de cinéma sur le parcours unique de l'actrice, chanteuse et écrivaine canadienne Louise Portal est prévue. Des ateliers d'écriture de scenarii font également partie de la programmation de cette année. Consacrés à l'écriture du scénario au féminin, ils seront encadrés par des scénaristes et des professionnels marocains et étrangers et destinés à deux catégories de publics : les étudiants et élèves âgés de 15 à 20 ans et des auteurs de récits écrits non initiés à l'écriture du scénario. Enfin, le forum durant lequel il sera question de dresser le bilan du cinéma féminin en Afrique subsaharienne sera sans aucun doute l'un des moments forts de ce festival. «Ce n'est pas un festival élitiste» : Abdellatif Assadi, Directeur du Festival international du film de femmes de Salé Les Echos quotidien : Le cinéma subsaharien est très présent dans la programmation de cette année. Pourquoi ce choix ? Abdellatif Assadi : Plusieurs raisons nous ont encouragés à rendre hommage au cinéma de l'Afrique subsaharienne. Tout d'abord, les efforts fournis par le Centre cinématographique marocain (CCM) pour développer le cinéma de notre continent. Ensuite, le poids de la femme dans ce cinéma. Les cinéastes africains donnent beaucoup d'importance à la femme, qui joue un rôle déterminant à tous les niveaux. Ce n'est pas tout, beaucoup de femmes africaines travaillent actuellement dans le domaine cinématographique. Par ailleurs, le pays invité de cette édition sera le Burkina Faso, leader dans le domaine, et où l'on organise un festival connu, en l'occurrence le FESPACO. En un mot, l'Afrique subsaharienne sera présente dans toute la programmation du festival. Je tiens toutefois à souligner que nous allons rendre chaque année un hommage appuyé à un continent. Le nom de Hussein Fahmi figure parmi les artistes qui seront honorés cette année, un hommage à un artiste homme dans un festival 100% féminin... Ce choix n'est point arbitraire. Durant toute sa carrière, ce grand artiste égyptien a joué dans des films qui traitent des problèmes de la femme égyptienne et arabe. Ancien président du Festival international du Caire et très actif sur le plan social, il mérite amplement l'hommage que notre festival va lui rendre. Organiser un festival de cinéma dans une ville où il n'y a pas de salles de cinéma dignes de ce nom, n'est-ce pas contradictoire ? Il est vrai que c'est très contraignant... mais nous ne sommes pas restés les bras croisés. L'association Abou Rakrak a rénové une salle dans le quartier populaire de Karima qui abrite les principales activités de notre festival. C'est une très belle salle qui dispose de 900 sièges et dont le coût de réaménagement est de presque 5 MDH. Grâce à cette salle, toute la population de Salé est associée à cette manifestation. Notre objectif est de ne pas faire un festival élitiste mais plutôt un événement pour tout le monde.