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Télégramme
Publié dans L'opinion le 06 - 08 - 2013

Des anciens parlent encore avec le rial, au lieu du dirham. Ainsi, on entend un vendeur de la Joutiya, encore une belya au Ramadan, estimer un article, acheté fel khorda, à « t'nache l'miya derriel » ou à « settache l'miya derriel », comme si le dirham n'avait pas remplacé le rial. Un peu comme le franc qui a du mal à remplacer l'euro, mais qui a fini par s'y faire dans l'actualité de la bourse au JT où Maïté, dépassée par la fièvre culinaire sur les chaînes, apparaît comme une Choumicha de rechange qui pose en caftan sur les revues en papier glacé.
Ensuite, parler en rial, ce que ne fait pas notre correspondant à Agadir qui a regretté que la réception du 14 juillet tombe juste après le ftor, alors que Palestiniens et Israéliens se sont mis à table après le mouaden...c'est revenir au bon vieux temps quand la vie ne paraissait pas chère, du temps où un gâteau rose à la noix de coco coûtait à Bab Jdid, au pied d'El Gza, jouj derriel. stop.
Courses hippiques. Les femmes s'y mettent aussi. Elles misent sur Soumillon, Bazire toujours, Raffin ou Nivard. Depuis que le champ hippique Lalla Malika à El Jadida est entré par la grande porte dans « Paris Turf » ou « Paris Courses », le tiercé n'est pas encore hallal, mais il semble toléré, comme du temps où Maurice Ferez donnait ses pronostics et qui avait répondu à quelqu'un qui lui présentait ses condoléances après la mort de sa femme :« Ô oui, surtout que c'était elle qui tenait notre librairie » ... Réponse cynique qui avait pétrifié des gens. Maurice confiait le magasin à sa femme, pendant qu'il prenait tout son temps pour vadrouiller dans une ville qui n'était pas patrouillée... stop.
Le ftor qui veut dire harira chez Oulad El Bhira et les autres, à petites doses, comme dans la chanson Sister Morphine des Stones, ces pierres qui roulent et qui fêtent leur énième anniversaire sans être pour autant titulaires de la carte du MIDEM.
La harira à petites gorgées, jamais plus qu'un bol chinois, pour éviter d'entrer dans le « benj », anesthésie, qui endort avec le céleri, ce kraffes qui vous plonge - quelle hrira !- dans un sommeil profond où on a du mal à s'en sortir sans dégât.
L'abus de cette soupe incontournable avec son odeur omni présente, jusqu'à la descente de l'immeuble, peut gâcher le reste de la soirée et disons baz à ceux qui avalent 1 bol et plus, un soir d'été ou un ftor d'orage.
Ces dernières années, il n'y a plus que dans les familles sans ressources consistantes qu'on boit la harira, comme si elle faisait partie des préceptes de l'Islam, alors qu'elle n'est mentionnée nulle part. La soupe aux pois chiches et au vermicelle, le tout baigné dans un bain de farine – ce qui donne un sommeil profond -, ça bourre le ventre qui en demande toujours plus – voir la table au coucher du soleil – et du coup, on n'a plus envie de becqueter, surtout quand on n'a pas beaucoup à manger. Comme la harcha qui aurait pu rassasier l'homme qui marcha sur la lune. Mais, encore une fois, difficile de passer un Ramadan sans elle, ne serait-ce que quelques cuillères à soupe. stop.
A Rabat, les gens vivent au rythme des fonctionnaires et du fonctionnariat qui ne repousse pas la malaria, dans des pays chauds – il a plu dans la capitale vendredi matin, jour béni pendant que des bureaucrates dormaient pour récupérer le manque de sommeil qui fait taire le réveil.
Au rythme des fonctionnaires qui n'ont pas touché leur salaire, car ils ne font que le toucher, « flous taro », dit-on, toute la ville attend les virements qui, parfois, traînent avant les étrennes où il faut faire un effort. A cause du jour férié – il y en aura d'autres durant août 2013 -, l'argent n'est pas arrivé à temps dans les banques où des employés qui ont trouvé la planque dans des bureaux climatisés, pas encore aromatisés, disent au pauvre client : « madazouj l'flouss ». Une phrase laconique qu'on répétera au propriétaire avec sa tête de prolétaire, puisqu'il n'a qu'un ou deux loyers à encaisser, à l'épicier qui vit lui aussi au rythme de la Idara dont on vit au jour le jour, pour entrer dans ses comptes, comme à la Idarate Choujoun, qui relâche parfois des détenus contre son gré. stop.
Après trois semaines de discipline, de journées sèches comme dans un camp militaire au Bengladesh, où on se passe du breakfast, du Mac Do, dont les chaises à l'entrée de Bettana donnent mal au dos à cause d'une installation à la va-vite, de la cigarette américaine importée maintenant de Suisse, d'Algérie ou de Moldavie, et de bien d'autres choses dont on raffole en période folle, les jeûneurs s'aperçoivent que leur taille a perdu 1 cm ou 2...
Les pantalons ne tiennent plus, comme chez l'ado, dont la ceinture ne retient plus le jean, à cause des joints fumés juste après le ftor, dans la rue, alors que le reste de sa famille est encore à table. Dans une rue déserte où on entend de moins en moins les télévisions qui, il n'y a pas longtemps, hurlaient comme pour faire râler le voisin qui en faisait autant. C'est même devenu honteux de pousser à fond le son de la télé, qui se répandait, hier encore, comme une traînée de poudre. Comme celle du canon des Oudayas qui précédait le sublime « Allahou Akbar » du mouddem qui annonçait le repos de l'âme, qui entre dans un silence introuvable, le reste de l'année. stop.
Une gouvernante de Chakerbakerben fait le tour des chambres pour retirer aux femmes de chambres la hsaïssa du jour, gagnée à la sueur de leur front, qui n'a rien à voir avec le Front de Marine Lepen, la haine sans peine que tant pis pour les politicards, qui n'ont pas réussi à mettre de l'argent de côté, une Marine Marchande qui ne crache pas dans la soupe, chez qui l'argent compte autant que ses agents, chiens de garde, toujours sur leur garde, comme s'ils protégeaient Sainte Geneviève menacée par Attila et ses Uns. stop.
«Ftor du cœur » est débordé. Son action à Dar Guessous rappelle yamate el boun, du temps de la disette. Des gens viennent de partout. Bensaïd n'a pas prévu que de la harira, il a renforcé le menu destiné à ceux qui n'ont pas de revenu. Le Ramadan de 2014 demandera le double du budget, d'autres lieux ouvriront là où on ne les attendra pas. A l'Agdal, à El Youssoufia et autre Bettana. Le ftor pour tous est devenu plus qu'une affaire du cœur. C'est une opération onéreuse, qu'il faut gérer avec rigueur.
Comme Ali, Abdelghany y mettra de sa poche pour tenir le coup, sans que l'idée de faire marche arrière ne lui tombe sur sa tête bien faite... stop.
Taï yakhroj Ramadane... disent déjà ceux qui donnent l'impression que le mois sacré est installé pour de bon dans nos mœurs. Expression employée chez des employés qui reportent tout après l'Aïd. Chez la servante devenue lourde, non pas à cause des palourdes mais à force d'ingurgiter des crêpes au khliï sans modération, à qui on dit : Nbki aalâ rassi hata oualite n'goul l'khadem lalla ou sidi.
Signe des temps. Un proverbe loin d'être réac, mais qui traduit une nouvelle distribution des cartes qui laissera pétrifiée Rosy Varte qui avait le sens de la scène du «tiatro» qui refait surface avec des marionnettes, qui renvoie tout, en attendant de faire la fête, faute de régal sur le Net où Google se censure pour entrer dans la mesure de ses commanditaires qui ne veulent plus être hors-zone où n'importe quel zonard veut descendre en flammes le drugstore de Saint Denis. stop.
Après le chapeau «Made in China» sur la tête du meskine qui n'a pas les moyens de se payer un chapeau de Panama à 800 euros, même par correspondance, et de la femme qui le porte sur la Jellaba, qu'on garde même quand on fait de la marche avec des baskets... voici l'éventail qui agite l'air pour rafraîchir le visage, qui nous vient aussi de Sine Chaâbiya, dont les anciennes Espagnoles de Derb Spaniol ou du Mohit se servaient comme la Carmen de l'opéra comique de Georges Bizet, repris par l'orchestre symphonique royal avec brio, qui est passé au jazz, en attendant le sweeng et Vigon qui en possède le feeling. On imagine The End chanté par Abdelghafor, après le ftor, avec un orchestre symphonique.
A propos de musique sur RTL, les nocturnes n'ont pas bougé, c'est l'horaire d'été qui nous a mis en colère. Quant à Bouvard qui a du mal à faire survivre ses nénuphars, plongés dans le bassin de la rue Bayard, rien de changé. Les humoristes déjà vus et entendus chez Thierry Ardisson qui ne connaît rien au son de la soul qui fait un tabac sur Arte, juste après l'appel à la prière du Moghreb, fatiguent après les nocturnes inimitables, sur une chaîne qui dispose de 2 millions de disques... stop.
Les Ouissams accordés à Al Jouhari et à notre ancien directeur Idrissi Kaïtouni, sont à retenir. Le premier parce qu'il a tout le temps réajusté les salaires et veillé à ce que la retraite ne dépend pas d'une CIMR qui pense au cimetière dès qu'un retraité ne pointe pas.
Des retraités qui suscitent des espoirs dans un secteur où les trusts se remplissent les poches, même en temps moche.
Ensuite, il y a Idrissi Kaïtouni, le directeur de «L'Opinion», reconnu pour avoir dirigé un journal pendant des années, avec une main de fer dans un gant de velours où il a maintenu le style «Opinion», que le Parti de Si Allal soit dans le gouvernement avec un Benkirane f'tirane, bientôt en aéroplane, ou dans l'opposition. Qu'il repose en paix, son image de gestionnaire au service de la jarida, comme il disait, reste ancrée dans les mémoires. stop.
Ecrire. Bienvenue à Hassan Alaoui, ex-consul du Maroc au Canada, qui a publié une nouvelle dans L'Opinion qui a besoin de nouvelles signatures et d'un nouveau souffle, en ces temps où le Net bouffe tout l'espace médiatique qui rend sidatiques même ceux qui s'abstiennent, comme le mufti de Jérusalem ou le curé de Saint Etienne.
La nouvelle de Hassan Alaoui dans un style sobre et frais, nous rappelle qu'un journal ne doit plus se contenter des offres d'appels mais de nouvelles signatures dont les textes sont écrits avec ou sans rature. A suivre. stop.
Aïdna moubarak saïd. Merci pour nos fidèles à nous, qui ont suivi la chronique qui donne des tics aux opportunistes. Une rubrique qui se renouvelle au Ramadan, où elle apporte du nouveau avec, pourtant, les mêmes ingrédients.
nordine ben mansour.
Nota bene. L'ONB (l'Orchestre National de Barbès) n'est pas venu à Rabat au Festival des Oudayas dirigé avec brio par Hassan Megri qui n'est pas seulement artiste, mais aussi un organisateur de taille. L'ONB était au programme à Fès, Meknès et El Jadida où la mrina est ladida... stop.


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