En dépit d'une apparente stabilisation du taux de chômage, la situation du marché du travail au Maroc s'est significativement détériorée en 2012, sous l'effet du recul de la production agricole et de la décélération des activités non agricoles. Les créations nettes d'emplois ont été quasi-nulles, alors que sur la période 19991-2011, le minimum enregistré a été de 42.000 emplois en 2005. Hormis les « services » devenu en 2012 premier employeur devant l'agriculture, les autres secteurs ont tous accusé des pertes. En particulier, l'emploi dans le BTP a été en baisse après une hausse continue depuis 2003 et l'«Industrie y compris l'artisanat» a poursuivi la contraction de ses effectifs observée depuis 2009. Cette dégradation s'est accompagnée d'un recul du taux d'activité généralisé à toutes les catégories de la population, ce qui laisse indiquer le retrait d'une partie de la population active du marché du travail. Le taux de chômage n'a, dans ces conditions, que légèrement augmenté pour s'établir à 9% contre 8,9% en 2011. La hausse a été toutefois importante chez les jeunes citadins avec un sur trois de la tranche de 15 à 24 ans et un sur cinq parmi les 25-34 ans sans travail. Au total, le nombre de chômeurs s'est élevé à 1,04 million, dont plus de la moitié sont des primo-demandeurs et près des deux tiers sont sans emploi depuis plus d'un an. Dans ce contexte, le Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) et le Salaire Minimum Agricole (SMAG) ont été revalorisés de 5% en juillet 2012, suite à la décision prise à cet effet dans le cadre du dialogue social en mai 2011. De son côté, l'indice des salaires dans le secteur privé, basé sur les données de la Caisse Nationale de la Sécurité Sociale (CNSS), s'est également apprécié en termes nominaux de 4,1%. La population active âgée de 15 ans et plus a atteint près de 11,55 millions de personnes en 2012, en hausse de 0,1% contre 0,8% en 2011 et 1% en moyenne annuelle entre 2007 et 2011. Cette décélération recouvre un repli de 0,8% en milieu rural et un ralentissement de 1,6% à 0,9% en zones urbaines. Tenant compte d'une croissance de 1,6% de la population âgée de 15 ans et plus, le taux d'activité a poursuivi sa tendance baissière, revenant de 49,2% en 2011 à 48,4%. Cette évolution recouvre un recul d'un point de pourcentage en zone rurale à 57% et de 0,5 point en milieu urbain à 42,8% et a concerné aussi bien les hommes que les femmes avec des variations respectives de 74,3% à 73,6% et de 25,5% à 24,7%. Cette orientation est due en grande partie à la diminution de l'activité des jeunes de 15 à 24 ans elle-même liée à la généralisation et à l'allongement de la scolarisation de la population de cette tranche d'âge. En comparaison internationale, le taux d'activité de la tranche d'âge 15-64 ans s'est établi à 51,6% au Maroc, niveau largement inférieur à ceux observés dans les pays avancés et dans un grand nombre de pays en développement. Il a atteint par exemple 62,8% en Malaisie, 70,6% en France et 80,4% en Chine. Dans la région MENA, il s'est situé à 50,2%, taux relativement bas en raison essentiellement de la faible participation de la femme au marché de travail. S'agissant du taux d'emploi, il a poursuivi sa tendance baissière entamée en 2005, dénotant, à l'instar du taux d'activité, d'une sous-utilisation de la force de travail potentielle. Il s'est ainsi établi à 44,1% en 2012 au lieu de 44,8% un an auparavant. Par milieu de résidence, les zones rurales affichent un taux d'emploi de 54,7% contre 37% en milieu urbain. Au plan sectoriel, les services ont été les seuls pourvoyeurs d'emplois avec 111.000 postes concentrés en zones urbaines. Ces créations ont concerné principalement les branches des «services personnels» avec 33.000 postes, du «commerce de détail et réparation d'articles domestiques» avec 32.000 et des «services domestiques» avec 15.000 postes. En revanche, les pertes d'emplois, d'un total de 110.000 postes, ont été observées au niveau des secteurs de l'agriculture avec 59.000, de l' « industrie y compris l'artisanat » avec 28.000 et du BTP avec 21.000 postes. L'évolution différenciée de la création d'emplois selon les secteurs d'activité observée depuis 2000 s'est traduite par un changement progressif de la structure de l'emploi, avec le recul des parts de l'agriculture de 45,1% en 2000 à 39,2% en 2012 et de l'industrie de 13,4% à 11,5%, au profit des « services » devenu premier employeur devant l'agriculture avec une proportion de 39,3% contre 35,2%, et du BTP avec 9,9% au lieu de 6,2%. Il est à noter cependant que l'emploi dans le secteur des services est constitué pour près du tiers par le ‘‘commerce de détail et réparation d'articles domestiques'', une branche dominée par l'emploi informel. La population en âge d'activité largement sous estimée Entre 2007 et 2012, l'économie nationale a enregistré un taux de croissance annuel moyen de 4,1%. En parallèle, 583.000 d'emplois ont été créés, soit 97.000 postes annuellement. Ainsi, en moyenne, chaque point de croissance s'est traduit par une création de près de 24.000 postes d'emplois. Ce rythme de création reste insuffisant pour induire une baisse significative du chômage à moyen terme. En effet, au cours de la même période, la population active âgée de 15 ans et plus est passée de 11,15 à 11,55 millions de personnes, soit 401.000 actifs en plus ou près de 67.000 en moyenne annuellement. Aussi, la population au chômage n'a été réduite que de 30.000 par année pour se situer à 1,04 million en 2012. La projection linéaire de cette tendance à l'horizon 2016 fait ressortir une augmentation de la force de travail de 268.000 à près de 11,9 millions et des créations d'emplois de l'ordre de 388.000, induisant une baisse de l'effectif des chômeurs de près de 120.000 pour s'établir à 920.000. Cependant, ces projections restent largement optimistes au regard du faible taux d'activité de la population et de la mobilité, notamment des femmes, entre l'activité et l'inactivité. En effet, lorsque le contexte est défavorable, une partie de la population en activité se retire du marché du travail et devient inactive. Ce mouvement permet de contenir la hausse des effectifs de chômeurs et de stabiliser le taux de chômage tel qu'il est défini par le BIT. Pour ces raisons, la population active reste une mesure qui sous-estime l'offre réelle de travail disponible. Selon les projections du HCP, la population en âge d'activité, et donc potentiellement active, s'accroît de 190.000 personnes par an, chiffre largement au dessus des 67.000 actifs supplémentaires enregistrés annuellement.