Israéliens et Palestiniens ont minimisé lundi les chances d'une reprise rapide de leurs pourparlers de paix gelés depuis 2010. Trois jours après l'annonce par le secrétaire d'Etat John Kerry d'un accord de principe pour une relance du dialogue, les Palestiniens ont réaffirmé qu'ils n'entameraient aucune négociation tant qu'il ne leur sera pas clairement signifié que les discussions porteront sur leur futur Etat sur la base des frontières antérieures à 1967. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a fait savoir qu'il solliciterait quant à lui l'aval de son gouvernement avant d'aller plus loin. John Kerry avait indiqué vendredi que Tzipi Livni, ministre israélienne de la Justice et négociatrice pour Israël, et le négociateur palestinien Saëb Erekat pourraient se rendre à Washington «vers la semaine prochaine, à peu près» pour une première réunion destinée à négocier les termes d'une reprise des pourparlers. «Il semble que les négociations commenceront seulement la semaine prochaine, pas cette semaine», a corrigé dimanche soir un responsable israélien, soulignant qu'il restait à déterminer si le gouvernement dans son ensemble se prononcerait sur les propositions de John Kerry lors de sa prochaine réunion, dimanche 28 juillet, ou si une réunion restreinte au cabinet de sécurité avant cette date suffirait. Jay Carney, le porte-parole de la Maison blanche, s'est montré plus prudent en déclarant que Washington espérait une réunion «dans les semaines à venir». «Nous travaillons à trouver une date pour une réunion à Washington dans les semaines à venir afin de faire avancer le processus», a-t-il dit. Il a ajouté que parvenir à un accord de paix entre l'Etat hébreu et les Palestiniens demeurait «un immense défi, pour les Israéliens, les Palestiniens et toutes les administrations qui se sont succédé à Washington.» Nabil Abou Roudaineh, porte-parole de Mahmoud Abbas, a déclaré à Reuters que Saëb Erekat n'avait pas encore reçu d'invitation à se rendre à Washington. Lorsqu'il s'y rendra, il faudra d'abord déterminer le cadre des négociations, a-t-il dit. «S'ils trouvent un accord sur les détails conformément aux demandes des Palestiniens, alors le lancement des négociations sera annoncé», a-t-il ajouté. Ces demandes, relayées par Mahmoud Abbas auprès de John Kerry, impliquent la reconnaissance par Israël d'une solution à deux Etats sur la base des frontières de 1967, avant la capture de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et d'Al Qods (Jérusalem-Est) par Israël, ainsi que des éclaircissements à propos de la libération prévue de prisonniers palestiniens. Israël a annoncé ce week-end la libération à partir de septembre de 82 Palestiniens emprisonnés avant 1993, année de la signature des accords de paix d'Oslo, mais le responsable palestinien Kadoura Fares a déclaré que Mahmoud Abbas souhaitait pour sa part que 103 prisonniers soient libérés. Dénonçant les colonies israéliennes en Cisjordanie comme illégales, Mahmoud Abbas a déclaré au journal jordanien Al Rai qu'Israël devrait «se retirer complètement du territoire palestinien» même s'il s'est dit prêt à trouver une solution pour répondre aux problèmes de sécurité rencontrés par Israël. Le Premier ministre israélien devra surmonter les objections des ministres d'extrême droite à la libération de prisonniers palestiniens et à la restitution aux Palestiniens des territoires pris lors de la guerre des Six-Jours en 1967. Pour ce faire, il présentera les discussions proposées par John Kerry «comme un processus stratégique pour renforcer les relations avec les Etats-Unis», explique-t-on. Benjamin Netanyahu insistera notamment sur l'importance de ces relations compte tenu de la menace constituée par les projets nucléaires iraniens, la guerre civile en Syrie ou les troubles politiques en Egypte.