Autant de couleurs chatoyantes d'une extrême richesse où apparaîssent peu à peu des formes chevalines, qui se courbent, se cabrent et avancent comme en quête de liberté intérieure où l'harmonie des contrastes des ocres et des fauves, qui, crescendo se mêlent au bleu azur et aérien d'un fon bordé d'un blanc immaculé où l'on devine de timides kasbahs et remparts ; la sérénité et l'empathie de l'œuvre à peine perceptibles pour l'œil du profane, ont finalement accès à une multiplicité d'approches fusionnant figuratif traditionnel et ancestral de touches vigoureuses inspirées d'un certain expressionisme abstrait. C'est l'inflorescence magique de ces couleurs où le mirage donne l'impression de traverser un sanctuaire de lumière ; c'est aussi la positivité de toutes les formes figuratives et abstraites dans une confusion remarquable sans aucune opposition à l'Art contemporain. C'une fusion voulue qui traverse les âges jusqu'à nos jours. La beauté des Arts n'a jamais été absolue ou immuable, elle a pris à travers les siècles des figures variables, selon les modes et les périodes du moment un peu partout dans le monde. Les œuvres de Fouzia Guessouss dévoilent des canons esthétiques identifiables, où l'impression de l'inachevé reste quelque peu perpétuelle... tout en retraçant leur histoire colorée à priori dans le gestuel lyrique et romanesque des touches, soulignant d'une manière étonnante le vent ou le silence, la neige ou le désert de l'esprit de l'artiste, qui nous entraine au-delà des apparences et des clichés sophistiquées et artificiels d'un certain snobisme artistique...Modestement, l'artiste dégage dans ce travail structure, sens et présence d'une dynamique plus complexe, née de plusieurs recherches, comme celles développées par Alois Riegl, dont l'étude est beaucoup plus axée sur le « sens » et le système naturel de l'environnement qui entoure le créateur et le ramène inconsciemment sur l'esthétique de la forme et de la fonction colorée d'une image qu'il veut expressive à souhait, car l'expression peut définir et pourquoi pas, déterminer les frontières de la créativité... Face à certains courants d'activité idéologiques (peu importe) et afin d'éviter d'entraîner ses propres expériences artistiques dans une certaine grisaille, Fouzia Guessouss réinvente une véritable méditation abstraite, qui renouvelle ses œuvres via l'espace public absolu comme ‘'Fadae Ennass''. N'oublions pas que ‘'l'espace public'' a été, depuis le néolithique, un des espaces privilégiés du display et de la création artistique, le sens d'une action multiple et soutenue (va vers la vie) et fait l'intermédiaire par excellence entre les artistes et leurs idées d'un côté et du public de l'autre ; l'amateur de l'art est un « connaisseur » de l'œuvre qu'il essaye d'expliquer au public, parfois non initié, ce qui s'apparente à l'esthétologue, comme l'entendit si bien Umberto Eco. Ici, la force de l'expression des œuvres de l'artiste font appel aux reflexes et aux aptitudes de tout un chacun parmi nous sur l'éveil des consciences, de la perception des êtres et de l'espace humain et socioculturel dans lequel vit l'artiste, parfois incomprise. Son regard timide ne demande qu'une seule chose : la reconnaissance équitable d'un travail acharné en faveur et pour la mise en place d'une véritable politique culturelle, lequel travail reste le message d'une expression artistique universelle, dont l'ambition est d'assouvir sa curiosité et la notre, insatisfaite sur la façon, non seulement de gérer le domaine culturel, mais aussi celle de vivre, de rêver, de pleurer et de rire de notre société... Fouzia Guessouss s'attèle à conjurer le mauvais sort, en bon professeur d'art, pour regarder l'avenir à travers le prisme, la créativité et l'imaginaire. Pour elle, l'art c'est avant tout de l'émotion : l'important c'est de comprendre le monde qui vous entoure, ce n'est point celui, d'être démonstratif et exhibitionniste ou de raisonner, mais plutôt celui de sentir et d'observer les comportements, de reproduire et d'animer la réalité peu amène de cet univers par des couleurs, tantôt chaudes, tantôt comme une aube pale et nuageuse, ses œuvres provoquent l'émotion d'une créativité qui est l'essence même de la vie, c'est un travail qui sortira vainqueur en terme de reconnaissance et de prestige, En dehors de toutes considérations mercantiles, on ne peut que constater froidement certaines réalités bien évidentes, l'art reste non seulement le patrimoine des plus importants, mais aussi l'identité culturelle d'un pays lequel domaine ne peut être réduit à la seule dimension économique et simplement traiter en objet de commerce, faut-il remettre en question bon nombre de politiques culturelles discriminatoires, qui lèsent pas mal de véritables artistes, malgré une reconnaissance purement formelle qui « créent l'artiste de l'illusion », phénomène d'importance capitale est et restera l'ENJEU de tout les débats de l'avenir.... Fouzia Guessouss, actuellement professeur à l'Ecole des Beaux Arts de Casablanca, expose depuis de nombreuses années au Maroc, à Londres, aux Etats-Unis et en Tunisie entre autres pays.