La salle des congrès de la commune Hamrya était presque trop petite pour accueillir les militants, les sympathisants et les personnes venus assister au meeting du Secrétaire Général du Parti de l'Istiqlal, Hamid Chabat. Accompagné de Mesdames Yasmina Badou, Naïma Rebbae, Mounia Ghoulame et Messieurs Haj Mohamed Ansari, Hamdi Ould Erachid, Rahhal Mekkaoui, Mohammed Saoud et Abdeslam Labbar, membres du Comité exécutif du parti, M. Chabat s'est dit très réjoui de se retrouver dans la capitale ismaïlienne, ville combattante et istiqlalienne qui mérite un développement plus harmonieux eu égard à son passé glorieux et à son Histoire. Il a, ensuite, indiqué que la décision du Conseil national concernant le retrait de l'Istiqlal du gouvernement a été prise après que le parti ait épuisé toutes les possibilités de mise en garde et de conseil pour attirer l'attention du gouvernement sur certains dysfonctionnements majeurs. Pour le Secrétaire Général, l'expérience de ce gouvernement devait réussir dans l'intérêt de la Nation. « Nous participons à ce gouvernement, a-t-il martelé, avec la conviction que l'intérêt du pays est au dessus de toute autre considération. Mais, nous ne pouvons accepter de participer uniquement pour dire oui. Nous sommes la conscience de la nation, un parti qui a son Histoire, ses priorités, son programme et qui foisonne de compétences capables de permettre au pays de dépasser la phase actuelle. Nous voulons participer à la réussite de cette expérience et répondre aux attentes du peuple. Nous refusons, par contre, de cautionner la hausse des prix et des impôts. Nous réclamons que toute décision qui concerne le peuple marocain doit être débattue par toutes les forces vives de la nation, à commencer par la majorité, l'opposition aussi et autres partenaires. Nous devons travailler en tant que gouvernement et non pas en tant qu'un seul parti ». "Le Maroc, a-t-il affirmé, passait par un environnement régional très délicat après ce qui est convenu d'appeler « le printemps arabe » qui s'est vite transformé en « automne » qui a tout détruit dans son passage en Tunisie, Egypte, Lybie et maintenant en Syrie. Tout le monde a confirmé l'exception marocaine parce que notre pays est devenu un modèle grâce à la clairvoyance et la sagesse de Sa Majesté le Roi. Le Maroc est riche sur les plans culturel et social, et surtout par son unité. Mais le pays vit aujourd'hui une situation particulière. Dans ce cadre, les dossiers d'ordre social doivent être réglés en urgence, loin de la surenchère. Le gouvernement de M. Abbas El Fassi a réussi à lancer des programmes bénéfiques pour le peuple marocain, de même qu'à institutionnaliser le dialogue social. Après l'approbation de la nouvelle Constitution et les échéances électorales qui s'en sont suivies, le Maroc devait passer un cap et préparer l'avenir sous de bons auspices, surtout que les élections ont été transparentes et démocratiques malgré certaines défaillances dues au comportement de certains responsables. L'Istiqlal a remporté 60 sièges, dans les deux chambres il compte 113 parlementaires, alors que le PJD n'en a que 109, notre parti est donc la première force politique du pays. Mais il ne gère que six départements ministériels. Malgré cela, nous avons tenu à participer au gouvernement pour aider le pays à dépasser cette conjoncture difficile. La crise économique de la zone Euro devait impacter notre développement. Nous avons donc élaboré un programme électorale réaliste, reflétant le réel et le vécu, alors que d'autres partis ont miroité un taux de croissance de 7% et un déficit budgétaire de 3%. Ce qui devait être un taux de croissance est devenu un déficit (7%) et la croissance n'est que de 3%. L'absence de dialogue social et l'attentisme qui a duré plus de six mois a fini par faire perdre la confiance aux investisseurs et faire sombrer le pays dans une léthargie inquiétante". "Je pense que le danger qui nous guette, a encore souligné le Secrétaire Général, c'est cette volonté de diriger le gouvernement avec l'esprit d'un seul parti. Nous agissons dans le cadre d'un Etat dont le chef du gouvernement est à la fois celui d'une coalition gouvernementale et celui du gouvernement de tous les Marocains. Mais le gouvernement a eu recours à des décisions et des mesures qui ont eu un impact négatif sur le pouvoir d'achat des citoyens, paralysé le dialogue social avec les partenaires économiques, et fait régner le populisme, l'improvisation, et l'intimidation, ce qui a grandement contribué à conduire le pays vers un avenir pour le moins incertain". M. Chabat a tenu à préciser qu'il critiquait la lenteur d'une institution constitutionnelle, à savoir le gouvernement et non les partis politiques qu'il respecte tous, réaffirmant la nécessité pour la démocratie d'avoir des partis forts. Il aura fallu, a-t-il ajouté, un certain temps pour que le gouvernement reconnaisse les contraintes de la crise, mais au lieu de se pencher sur les réformes nécessaires et les initiatives pour y faire face, il nous sort un communiqué, une première dans les annales des conseils de gouvernement, qui critique et attaque la décision du groupe parlementaire istiqlalien. On oublie que nous sommes entrés dans ce gouvernement d'abord pour réussir les réformes politiques entamées depuis maintenant une décennie, notamment en matière de démocratisation et de gouvernance, ensuite parce que nos propositions et celles du PJD sur les questions économiques et sociales se rejoignaient. Mais un parti veut visiblement gouverner seul, décidant de tout sans jamais prendre l'avis des partis de la coalition... Dans un premier temps nous avons fait des propositions pour améliorer le fonctionnement des institutions. Mais le chef du gouvernement ne nous a pas écoutés. Il se conduit malheureusement en chef de parti, il ne consulte personne. Nous avons émis des propositions susceptibles de nous faire gagner de l'argent sans passer par la hausse des prix. La réponse du chef du gouvernement est que nous voulons entraver la bonne marche du gouvernement. Chaque proposition, initiative ou critique est une entrave, un blocage pour lui. Nous nous sommes dit que si on bloque la marche du gouvernement alors on se retire de ce gouvernement pour lui permettre d'avancer. Dès l'annonce de la décision du conseil national de retrait du gouvernement, on nous ressort le même refrain, « ce retrait c'est pour bloquer la marche du gouvernement ». Apparemment donc, au gouvernement on bloque, ailleurs on bloque, quelle logique ?! Et le Secrétaire Général de réitérer que l'Istiqlal demande une nouvelle gouvernance capable de sortir le pays du marasme et de l'attentisme. L'Istiqlal ne brigue ni les portefeuilles, ni les ministères, mais se soucie pour la souveraineté du pays et l'intérêt de la nation. Au Maroc, aujourd'hui, a-t-il soutenu, les citoyens veulent des responsables politiques qui soient proches d'eux. Ils veulent des représentants qui parlent leur langage, qui soient capables de les écouter et de comprendre leurs problèmes. Nous vivons une crise de gouvernance et les citoyens attendent du Parti de l'Istiqlal, conscience de la nation, parti des institutions, de la mémoire et de l'Histoire, de rester fidèle à son message de justice et d'égalité des chances. A ce titre, le Secrétaire Général a réaffirmé l'attachement du parti aux constantes de la Nation, à sa référence à l'Islam, à la Monarchie constitutionnelle, au parachèvement de l'intégrité territoriale et à la récupération de Tindouf et des territoires de l'Oriental qui font partie intégrante du Maroc. M. Chabat a souligné que le parti a toujours dénoncé les inégalités et combattu le clientélisme et le favoritisme. Il a milité pour la moralisation de la vie publique. Nous comptons sur les compétences de nos concitoyens. Nous pensons que la crise est d'abord celle des idées, des pensées et du manque d'initiatives. Le gouvernement est responsable du clientélisme constaté dans l'attribution de 1160 postes de responsabilité. Il est responsable de la hausse des prix des médicaments qu'il aurait pu éviter par une simple autorisation. Il nous annonce une réduction des prix de 350 médicaments sans signaler la hausse des prix de 2700 autres médicaments, les plus utilisés par les classes défavorisées. Il est responsable du non respect des engagements pris par l'Etat avec les diplômés chômeurs, bravant ainsi le principe de la continuité de l'Administration. Il est responsable du climat régnant de méfiance qui n'encourage pas l'investissement et l'initiative. Revenant sur la place du parti dans le paysage meknassi, le Secrétaire Général a souligné que certaines luttes intestines limitent l'action du parti dans une région connue pour son attachement aux idéaux de l'Istiqlal. Il a exhorté les militantes et les militants à unir leur force afin de répondre aux aspirations des citoyens meknassis et ceux de la région dans le respect des valeurs et de la loi. Haj Mohammed El Ansari, coordonateur de la région Meknès-Tafilalet, a, auparavant, souligné l'attachement de la population de la région aux idéaux et valeurs du parti et rappelé les six signataires meknassis du Manifeste de l'Indépendance du 11 janvier 1944 et la mobilisation des instances du parti sur le plan régional pour faire connaitre sa position et son attachement aux constances de la Nation. Le bâtonnier, maître Abdelouahed El Ansari, parlementaire et Secrétaire de la section de Meknès, s'est réjoui de la présence du Secrétaire Général à Meknès, exprimant dans un mot de bienvenue son souhait de l'accueillir souvent à Meknès afin d'aider au développement d'une cité qui se marginalise malgré son passé glorieux et les compétences et atouts dont elle regorge.