C'est un Hamid Chabat sûr de lui, engagé, au fait des exigences de la responsabilité qui est la sienne, proche des différentes classes sociales et particulièrement convaincant, que les téléspectateurs ont eu à redécouvrir, jeudi soir, sur la chaîne de télévision Médi 1 TV. «Il faut replacer la décision politique au centre de l'action gouvernementale de manière à ce que soit prise en considération la dimension sociale dans le processus de prise de décision», a souligné le Secrétaire général du Parti de l'Istiqlal, au cours de l'émission «90 minutes pour convaincre». Hamid Chabat a expliqué à l'opinion publique nationale les raisons des positions politiques tranchées du Parti de l'Istiqlal depuis son élection à sa tête, précisant que si le parti apporte son soutien à l'actuel gouvernement dont il est le plus important pilier après le PJD, il n'en demeure pas moins tenu d'appliquer le programme politique pour lequel les électeurs ont voté pour ses candidats et donc responsable devant ses électeurs des choix opérés par le gouvernement. Le Secrétaire général de l'Istiqlal a regretté le manque de cohésion de l'équipe gouvernementale et ce après un an de sa constitution, précisant qu'il était de son devoir, en tant que composant essentiel de la majorité, de procéder à son autocritique, s'interrogeant si au bout d'une année d'exercice du pouvoir, le gouvernement avait pu répondre un tant soit peu aux attentes des Marocains, constatant que leur pouvoir d'achat ne s'est pas amélioré et que le dialogue social est toujours bloqué. Il a également mis l'accent sur certaines décisions prises par des ministres de l'actuel gouvernement qui prêtent à interrogations, comme celle de publier la liste des bénéficiaires d'agréments d'exploitation de carrières, tout en accordant cent nouvelles au cours de cette année, ou de baisser les prix de 300 médicaments sur 6.000, ce qui a donné la fausse impression aux citoyens que les prix des médicaments ont reculé. M. Chabat a également relevé avec amertume que les termes de l'accord contenus dans le procès verbal signé à la fin de la récente réunion du ministre du transport avec les syndicats du secteur ont été torpillés le lendemain de ladite réunion par la publication dans la presse d'un appel d'offres, ce qui signifie que la réunion n'était que formelle et les engagements pris dans ce cadre purement fantaisistes. Il a par ailleurs souligné, en réponse à une question concernant le département des finances, qu'il n'était pas normal qu'il y ait deux ministres pour en assumer la charge et qu'un seul parti devait assurer sa direction. M. Chabat n'a pas manqué de critiquer les décisions non populaires prises par le gouvernement, en tenant à rappeler à ce sujet que le Parti de l'Istiqlal, en tant que composant de la majorité gouvernementale, était immanquablement impacté au niveau de sa crédibilité auprès de ses électeurs et de sa popularité par le mode de fonctionnement de l'équipe gouvernementale et les décisions prises par cette dernière. «Nous sommes présents au gouvernement essentiellement pour servir et défendre le peuple», a-t-il affirmé, soulignant que le parti qui dirige l'actuelle coalition gouvernementale pêchait par son absence de coordination dans le processus de prise de décision avec les autres composantes de la majorité. Il a précisé, dans ce cadre, que ses 35 ans de militantisme syndical l'ont rendu très sensible aux attentes des travailleurs et des citoyens. M. Rachid Talbi Alami, du Rassemblement National des Indépendants, qui a participé à l'émission de débat télévisée, a salué l'ouverture d'esprit et le courage politique du Secrétaire général du Parti de l'Istiqlal pour avoir dénoncé les réactions du gouvernement envers les critiques des parlementaires et présenté, en lieu et place du chef du gouvernement, ses excuses à ses derniers au nom de la majorité gouvernementale, profitant de l'occasion pour souligner qu'il était outré de constater qu'un ministre se plaignait d'un autre membre de la coalition gouvernementale, étalant au grand jour la manque de cohésion de l'actuelle équipe dirigeante. Répondant à la question d'un jeune participant sur la pertinence de l'engagement politique partisan, M. Chabat a estimé que ce n'était qu'en s'engageant dans la vie politique que les jeunes peuvent réellement faire bouger les choses dans le sens qu'ils souhaitent. Il a par ailleurs déclaré que son élection au secrétariat général du Parti de l'Istiqlal avait créé l'événement, sonnant la fin de la rente politique au sein du parti, dans le but de rendre sa crédibilité à l'action politique partisane, pour qu'en fin de compte triomphe la grande famille istiqlalienne et une nouvelle conception de la politique, dans le sens noble du terme. Propos confirmé et renforcé par ceux de MM. Abdelkader El Kihel et Adil Benhamza, respectivement membres du Comité exécutif et du bureau politique du parti, qui ont mis en avant l'apport de la nouvelle direction et de la nouvelle élite dirigeante au dynamisme du parti de l'Istiqlal, où les compétences et la productivité l'emportent enfin sur l'appartenance familiale. Car pour M. Chabat, comment exiger une démocratisation de l'appareil d'Etat quand les partis politiques sont eux-mêmes défaillants à ce sujet. Au Parti de l'Istiqlal, a-t-il rappelé, c'est la démocratie qui a triomphé. Ahmed NAJI