Les meilleures relations d'amitié entre deux nations sont celles qui s'appuient sur des intérêts réciproquement bien compris, mutuellement profitables et quand elles sont insensibles aux aléas politiques. C'est exactement le cas entre le Maroc et la France. Aussi, répéter que les liens entre ces deux pays sont aussi solides que durables devient superflu. D'ailleurs, quand il est question de l'ancienneté des contacts entre les deux pays, les Marocains ne se contentent pas de remonter à la période du protectorat, une parenthèse de quarante quatre ans dans l'histoire multiséculaire du Royaume, mais vont jusqu'aux échanges d'ambassades entre les sultans marocains et les rois français datant de plusieurs centaines d'années. En les temps présents, la France est le premier partenaire économique du Maroc, ou les 750 entreprises françaises installées représentent la moitié des investissements étrangers, soit quelques 120.000 emplois. L'aide publique française au développement du Maroc a, d'autre part, progressé de manière notable au cours de la dernière décennie, passant de 100 millions d'euros à 541 millions d'euros en 2011. Ses fonds sont octroyés en soutien aux programmes stratégiques marocains, dont « Emergence », dans le domaine industriel et « Maroc vert », pour l'agricole. La France est également le principal partenaire commerciale du Royaume et son premier client, mais surclassée par l'Espagne au rang de premier fournisseur. Les responsables politiques français l'ont compris, il s'agit de ne pas s'endormir sur ses lauriers. Le Maroc demeure quand même le pays avec lequel la France a dégagé un excédent commercial de l'ordre de 0,6 milliards d'euros en 2012, toutefois en recul par rapport à l'année d'avant, ou il était d'un milliard d'euros. Sur la trentaine de conventions et accords signé entre Rabat et Paris à l'occasion de la visite du président François Hollande au Maroc, aucun « gros contrat », mais la poursuite des grands projets déjà engagés, tel celui du Train à grande vitesse. Les Français portent un intérêt particulier au programme marocain relatif aux énergies renouvelables et sont également très présents dans le domaine de traitement des eaux. Parmi les 19 conventions suscitées, il en est une qui révèle une nouvelle ambition stratégique des deux pays partenaires, celle de mettre en commun leurs moyens et atouts respectifs pour aller à la conquête de parts de marchés à l'international. Ainsi, Attijariwafabank et l'Agence française de développement ont-elles signées un protocole d'accord pour l'accompagnement des entreprises marocaines et françaises dans les pays d'Afrique subsaharienne ou la banque marocaine est désormais bien implantée. Cet accord, qui intervient juste après la récente visite de SM le Roi Mohammed VI dans trois pays d'Afrique de l'ouest et centrale, confirme le rôle de pont entre les deux continents que veut occuper le Maroc, « un arbre dont les racines plongent en Afrique et qui respire par ses feuilles en Europe », selon la formule célèbre de feu Hassan II. Rabat et Paris ont fait preuve, à maintes reprises, d'une grande similitude de point de vues concernant les problèmes du continent africain et appuyé activement le processus de démocratisation dans nombre de pays du continent. A Paris, on reconnaît à leurs justes mesures les progrès politiques accomplis par le Maroc, à travers des réformes constitutionnelles et sans effusion de violences, dans un monde arabe ou certains pays ont été violement balayé par des vents de changements prétendument printaniers, pendant que d'autres continuent de supporter des régimes répressifs et ossifiés. Le modèle marocain, légitimement fondé sur une nouvelle constitution caractérisée par sa conception participative et son adoption massive, a l'avantage de plaire aux opérateurs économiques autant qu'aux touristes étrangers, très exigeants à juste titre en matière de stabilité politique. Cette voie de démocratisation portant le sceau de la spécificité marocaine, tant doutée et mais continuellement prouvée dans les faits, mérite à raison l'appui affiché par les responsables politiques français. Et comme les démocraties, celles anciennement installées pareillement aux nouvellement engagées, sont les cibles privilégiées des groupes terroristes de tout acabit, la coopération entre Rabat et Paris est très poussée en matière de lutte contre le terrorisme, le narcotrafic et la traite des humains, les deux dernières activités servant de sources de financement pour la première. Les deux pays sont décidés d'éradiquer le mal à la source et font ce qu'il faut pour y parvenir. La France a pu compter sur le soutien du Maroc pour son intervention militaire au nord du Mali, envahit par des hordes de jihadistes liés à la tristement célèbre AQMI. SM le Roi s'est, par ailleurs, personnellement fait le défenseur de la cause du Mali auprès des nations islamiques, à travers son discours adressé aux participants aux travaux de la 12éme session de l'Organisation de la conférence islamique. La détérioration de la situation sécuritaire au Sahel fait peser une sérieuse menace terroriste sur tous les pays du bassin méditerranéen, une solution efficiente au problème passant immanquablement par une coopération régionale élargie qui fait, malheureusement, toujours défaut. Pendant ce temps, les foyers de prolifération terroriste se multiplient, de l'Adrar des Ifoghas, au nord Mali, fief d'AQMI et ses alliés, aux camps de Tindouf, au sud de l'Algérie, ou les jihadistes recrutent des combattants polisariens. Le Maroc a pu compter, de son côté, sur le soutien politique de la France à son plan d'autonomie de ses provinces du sud comme solution pacifique au conflit qui l'oppose à l'Algérie- Polisario, ledit plan ayant été qualifié par Paris de « réaliste, crédible et sérieux ». Les liens entre le Maroc et la France sont également d'ordre social et culturel. Un million de marocains vivent en France, représentant 40% des transferts financiers annuels des MRE, mais il y a également 100.000 français qui vivent au Maroc, la plus importante communauté française en Afrique et dans le monde arabe. Et même si la langue officielle du Maroc est l'arabe, le français y demeure un vecteur linguistique relativement maîtrisé, diffusée à travers un réseau d'établissements scolaires français accueillant plus 30.000 élèves marocains, outre l'Institut culturel français qui dispose de délégations dans onze villes du Royaume. D'autre part, 50.000 étudiants marocains poursuivent leurs études en France.