Bachar al Assad a promis de mourir en Syrie et a parlé de conséquences catastrophiques en cas d'intervention étrangère pour le renverser, dans un entretien accordé à la chaîne de télévision russe Russia Today qui sera diffusé vendredi. «Je pense que le coût d'une intervention étrangère en Syrie - si elle se produit -, sera plus important que ce que le monde peut supporter (...)», dit-il dans la version arabe publiée sur le site internet de la chaîne. «Cela aura un effet domino qui affectera la planète de l'Atlantique au Pacifique.» «Je ne crois pas que l'Occident aille dans cette direction mais s'il le fait, personne ne peut dire ce qui se passera ensuite», poursuit-il. Réagissant apparemment à une proposition émise cette semaine par le Premier ministre britannique, David Cameron, le chef de l'Etat écarte toute idée de départ négocié et tout exil à l'étranger. «Je ne suis pas une marionnette et l'Occident ne m'a pas programmé pour que je parte en Occident ou dans un autre pays. Je suis Syrien (...) et je dois vivre et mourir en Syrie», dit-il. Lors d'une visite à Abou Dhabi mardi, David Cameron s'est dit favorable à un départ de Syrie de Bachar al Assad assorti d'une éventuelle immunité judiciaire. Ses services ont par ailleurs indiqué jeudi que Londres souhaitait remettre sur la table d'anciens scénarios de sortie de crise abandonnés il y a un an par la communauté internationale. Parmi les options évoquées par le passé figurent la révision de l'embargo de l'Union européenne sur les armes, qui interdit actuellement l'envoi de matériel militaire aux rebelles, et la création en Syrie de zones sécurisées sous la protection de l'aviation occidentale. L'embargo de l'UE sur les armes syriennes expire le 1er décembre. Le conflit, qui dure depuis 20 mois, a fait plus de 32.000 victimes, selon l'Onu. Unifier l'opposition L'interview d'Assad coïncide avec la tenue jeudi au Qatar d'une réunion du Conseil national syrien (CNS), principale formation de l'opposition en exil qui rassemble islamistes, laïques et démocrates. Il s'agit de négocier un accord sur une nouvelle structure unifiée chargée de préparer l'après Assad. Les Etats-Unis et leurs alliés ont fait montre d'une irritation croissante devant les divisions et les luttes intestines de l'opposition. Le Premier ministre qatari Hamad ben Djassim al Thani a exhorté les différentes composantes de l'opposition à mettre leurs divergences de côté pour former un front uni. «Allez, faites le nécessaire pour obtenir une reconnaissance internationale !», leur a-t-il lancé, selon une source au fait des discussions de Doha. «Nous voulons un porte-parole, pas des tas. Nous avons besoin d'interlocuteurs efficaces. Le moment est venu de s'unir», a quant à lui souligné le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu, dit-on de même source. Bourhan Ghalioun, membre du CNS, a parlé d'une «atmosphère positive». «Nous sommes tous d'accord pour dire qu'on ne veut pas que cette réunion se solde par un échec», a-t-il ajouté. Au menu des discussions, figure la formation d'une nouvelle instance civile de 50 délégués, qui désignera ensuite un gouvernement provisoire et assurera la coordination avec la branche armée. Selon Riyad Seïf, promoteur du projet, un accord sur la répartition des sièges pourrait être conclu dans la nuit, mais les discussions pourraient se poursuivre vendredi. Combats à Damas Sur le terrain, les rebelles syriens ont attaqué jeudi, des barrages routiers de l'armée à Midan, quartier du centre de Damas, afin de soulager la pression subie par les positions périphériques pilonnées par l'aviation et l'artillerie, rapporte l'opposition. Les forces gouvernementales ont riposté en bombardant ce quartier commercial et résidentiel densément peuplé situé à la limite extérieure des remparts de la vieille ville, tuant une passante et un employé d'une station de lavage de voiture, selon les mêmes sources. L'Observatoire syrien des droits de l'homme avance le bilan de 90 morts pour la journée à travers le pays. A Ankara, le président Abdullah Gül a confirmé que la Turquie discutait avec l'Otan de la possibilité de déployer un système de défense de missiles «Patriot» sur son sol afin de contrer une potentielle menace syrienne. Le chef de l'Etat turc a précisé devant des journalistes que la Turquie n'avait pas l'intention d'entrer en guerre contre la Syrie mais qu'elle souhaitait prendre des mesures contre toute menace potentielle de son voisin du sud. «Quand ce genre de dangers potentiels se présente, toutes les précautions nécessaires sont prises. L'une de ces précautions est de prendre des mesures pour contrer les missiles balistiques, les missiles de moyenne et de longue portée», a-t-il souligné.