Un raid aérien a fait plusieurs dizaines de morts ou de blessés hier dimanche dans un quartier résidentiel d'Alep, où les insurgés s'étaient emparé la veille d'un bâtiment de l'armée, a-t-on appris auprès de militants de l'opposition. Un immeuble d'habitation a été détruit dans le bombardement aérien, s'effondrant sur des habitants. L'armée syrienne bombardait dimanche matin à l'artillerie lourde plusieurs localités du pays pour tenter d'en déloger les rebelles. La Russie, alliée de Damas, a annoncé samedi qu'elle allait pousser le Conseil de sécurité de l'ONU à adopter un accord conclu en juin sur les principes d'une transition politique en Syrie. A Alep, deuxième ville du pays située à 355 km au nord de Damas, les bombardements ont touché le quartier al-Midane, provoquant la destruction de plusieurs habitations, a précisé l'ONG syrienne sans fournir un bilan de victime dans l'immédiat. Les troupes du régime de Bachar al-Assad, confronté à une révolte depuis mars 2011 qu'il chercher à écraser, ont également pilonné plusieurs villages de la province de Deraa (sud): Khirbet Ghazaleh, al-Lajat et al-Katiba. Des tirs ont été également entendus à Inkhel, selon la même source. Des localités de la province d'Idleb (nord-ouest) n'ont pas été non plus épargnés par les bombardements aux obus et roquettes, notamment celles de Kafar Takharim, Banache et Taoum, a poursuivi l'ONG qui s'appuie sur un réseau de militants sur place. Dans l'est du pays, à Deir Ezzor, trois civils ont péri, deux dans le bombardement sur le quartier al-Hamadiyeh et un autre par les tirs d'un franc-tireur à Al-Joura, a-t-elle ajouté. La veille, l'armée appuyée par des chars et des hélicoptères, avait repoussé après environ vingt heures de combats une attaque des rebelles contre une caserne dans le secteur de Hanano à Alep, où ils cherchaient à mettre la main sur des armes. Sur le terrain, l'armée, appuyée par des chars et des hélicoptères, a repoussé après 20 heures de combats une attaque des rebelles qui étaient entrés dans une caserne à Hanano, dans l'est d'Alep, selon des témoins qui ont évoqué «beaucoup de victimes» de part et d'autre. La rébellion ne lâche pas prise Selon une source militaire à Alep, métropole du nord théâtre de combats depuis le 20 juillet, les soldats ont détruit six véhicules tout-terrain où les insurgés avaient commencé à entreposer des armes prises dans l'armurerie. «Les rebelles ont mis toutes leurs forces dans cette bataille car ils manquent cruellement d'armes», a précisé cette source. Néanmoins, les rebelles ne lâchent pas prise. Ils ont lancé samedi un assaut sur Al-Midane, quartier tenu par les forces de sécurité dans le nord d'Alep, où ils se sont emparés du Centre Saint-Vartan, une maison d'accueil jésuite pour des réfugiés irakiens, selon des habitants et des sources militaires. La destruction d'une canalisation dans cette zone privait samedi une grande partie de la ville --la moitié selon des habitants-- d'eau potable. Des militants ont accusé l'aviation d'avoir «détruit le principal acheminement d'eau potable de la ville», tandis que le gouverneur de la province d'Alep a attribué cet «acte de sabotage» à des «terroristes», terme par lequel les autorités désignent les rebelles, et assuré que des réparations étaient en cours. Au total, les violences ont fait au moins 83 morts --28 civils, 19 rebelles et 36 soldats-- samedi en Syrie, selon un bilan provisoire de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui avait fait état de 136 morts vendredi. Selon l'OSDH, plus de 150 personnes sont mortes samedi, en majorité des civils, ce conflit faisant chaque jour des dizaines de morts. Moscou pour une transition politique Sur le front diplomatique, Moscou a annoncé une nouvelle démarche à l'ONU. «La Russie plaidera pour que le Conseil de sécurité approuve le communiqué de Genève», a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, en référence à un accord conclu fin juin fixant des principes pour une transition politique sans appeler au départ du président Bachar al-Assad. M. Lavrov, qui s'exprimait après une rencontre avec la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, a précisé que la réunion du Conseil de sécurité aurait lieu fin septembre. Il a rappelé que Moscou ne soutiendrait «aucune sanction» et dénoncé les sanctions unilatérales américaines contre la Syrie et l'Iran, estimant qu'elles touchaient de plus en plus «aux intérêts des entreprises russes». Mais la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a déclaré dimanche qu'une nouvelle résolution à l'ONU sur la Syrie qui ne comporterait pas de «conséquence» pour Damas n'a pas de raison d'être, car le président syrien Bachar al-Assad l'ignorerait. En visite en Russie, Mme Clinton s'est dit prête à travailler avec Moscou sur une nouvelle résolution sur la Syrie, mais elle a averti que les Etats-Unis augmenteraient la pression pour mettre fin au régime de M. Assad si cette résolution était inoffensive pour Damas. «Cela n'a pas de sens de passer une résolution sans conséquence parce que nous avons déjà vu plusieurs fois qu'Assad passait outre et continuait d'attaquer son propre peuple», a déclaré Mme Clinton à des journalistes, au dernier jour du sommet annuel du Forum de coopération économique Asie-Pacifique (Apec), à Vladivostok, dans l'Extrême-Orient russe. Mme Clinton s'est entretenue samedi avec le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov au cours d'une rencontre bilatérale, en marge du sommet. Lors de cet entretien, M. Lavrov lui a dit samedi que Moscou pousserait, fin septembre, le Conseil de sécurité de l'ONU à approuver l'accord de Genève sur la Syrie, trouvé le 30 juin. Ce document fixe les principes pour une transition politique dans le pays ravagé par la guerre civile, sans toutefois appeler au départ du président Bachar al-Assad.«Je continuerai à travailler avec le ministre des Affaires étrangères Lavrov pour voir si nous pouvons réexaminer l'idée de mettre le plan de transition syrien, sur lequel nous nous sommes mis d'accord plus tôt cet été, dans une résolution soumise au Conseil de sécurité», a dit Mme Clinton. «Mais comme je l'ai souligné hier au ministre des Affaires étrangères Lavrov, cela ne sera efficace que si ça inclut des conséquences en cas de non-respect», a-t-elle ajouté. De leur côté, les ministres européens des Affaires étrangères ont évoqué de nouvelles sanctions contre Damas, même si le ministre belge Didier Reynders a mentionné un «devoir d'ingérence» si Moscou et Pékin continuaient de bloquer les initiatives internationales. Le médiateur international Lakhdar Brahimi, fraîchement entré en fonction, était attendu au, Caire hier dimanche, pour des entretiens avec la Ligue arabe. Selon son porte-parole, il souhaite aller à Damas dans les jours suivants.