Le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) qui organise les 2 et 3 octobre 2012 à Rabat un colloque international sur le thème: «Droits humains: universalité et indivisibilité», opte pour la discrimination négative à l'égard du mouvement sportif marocain. Organisé en partenariat avec le Haut commissariat aux droits de l'Homme des Nations unies (HCDH) et l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), cette conférence qui réunit des universitaires, des experts nationaux et internationaux et des responsables gouvernementaux du Maroc, de Tunisie, d'Afrique du Sud, du Sénégal, de Suisse, de France, d'Inde, du Qatar, du Ghana, de la Thailande, du Mexique et du Royaume-Uni, rate une bonne occasion pour démontrer les avancées du Royaume en matière des droits dans leur plénitude. Le CNDHcontinue donc à faire fi de ce secteur, pourtant érigé en droit constitutionnel. Le mouvement sportif marocain qui s'était réjouit du fait de la consécration constitutionnelle du droit au sport et à l'obligation faite aux pouvoirs publics de promouvoir la pratique sportive, avait affiché sa «fierté» du fait que le Parlement a enfin daigné se pencher sur un secteur pourvoyeur d'emplois et d'exploits. Sauf que c'était uniquement pour discuter le salaire de Gerets et les résultats des JO 2012 de Londres. C'est à croire que le sport qui est un secteur d'activité contribuant largement au développement du citoyen, n'a jamais intéressé nos parlementaires, ni les autres institutions nationales dont le Conseil National des droits de l'homme (CNDH). C'est pourquoi on est aujourd'hui en droit d'interpeller cette instance habilitée à vulgariser la culture des droits dans leur plénitude .Qu'a-t-elle fait pour concrétiser les droits sociaux des sportifs qui ne bénéficient d'aucune protection? Quel est l'intérêt accordé par le Parlement marocain et le CNDH au secteur du Sport? Qu'ont-ils fait de concret pour mettre en pratique les Hautes Orientations contenues dans la lettre Royale adressée aux Assises Nationales sur le sport (Skhirat octobre 2008) ? Connaissent-ils la Charte de l'UNESCO qui considère le Sport comme un droit fondamental de l'homme? La réponse est malheureusement négative. Or nul n'ignore aujourd'hui que le sport joue un rôle dans l'édification d'une société démocratique d'où l'urgence de rattraper le retard et d'accompagner la dynamique sportive nationale. En tant que levier incontournable du développement et un droit fondamental à l'instar des autres droits notamment l'éducation, le travail et la santé, la pratique sportive au Maroc enregistre des insuffisances au niveau de l'intérêt qui doit lui être accordé de la part des budgets de l'Etat, des collectivités locales et des entreprises nationales. Notre démarche, celle visant à ériger le sport en droit constitutionnel, visait l'échafaudage d'une nouvelle perspective susceptible de garantir à toutes les composantes de la société ces droits fondamentaux (économiques, sociaux et sportifs), à s'associer à la dynamique de mise en oeuvre de la loi suprême et à s'investir dans ce projet crucial pour l'avenir d'un Maroc en mouvement et en harmonie avec les changements bénéfiques et profonds que connaît notre pays. Alors que le sport marocain rassemble 350000 licenciés, qu'il est organisé grâce à des milliers de bénévoles et qu'il réunit plus de 6 millions de spectateurs chaque fin de weekend, le gouvernement, le parlement et avec eux le CNDH, font tout pour priver les marocains de ce droit, les clubs de leurs bénévoles, les équipes de leurs sportifs en imposant la loi muette sur la mise en application effective du droit sportif. Le collectif des fédérations qui s'était réjouit du fait que ses recommandations aient été prises en ligne de compte dans les articles 12, 26, 31 et 33 de la constitution qui ont inséré le principe du droit au sport et à l'éducation physique, à l'instar des grands pays, est plus qu'étonné ! Le sport, secteur pourvoyeur d'emploi et d'exploits, est également générateur de richesses avec des programmes d'investissements lourds et des événements sportifs d'envergure, c'est pourquoi le mouvement sportif rêvait de redoubler ses efforts afin de permettre la vulgarisation, l'élargissement de la base des pratiquants, la dotation des sportifs des droits sociaux (retraite, assurance notamment). Présentement, et grâce à la nouvelle Constitution, qui a reconnu les droits des sportifs, nous devons nous atteler sur la création d'une Mutuelle et d'une Caisse de Retraite pour les sportifs, et l'implication de ces derniers, surtout les grands champions, qui ne doivent plus être cantonnés dans le rôle de symboles, dans la gestion de la chose sportive mais aussi de ramener les énergies et potentialités expatriées pour contribuer au développement de ce secteur ainsi que de l'adhésion de l'ensemble des acteurs et des disciplines dans cette démarche. Dans un second stade il devient plus que nécessaire d'insérer les attentes des sportifs dans l'agenda des préoccupations du Conseil économique et social, où le secteur sportif n'est représenté non plus. Les dimensions économique et sociale auxquelles aspirait le mouvement sportif, et par ricochet la jeunesse marocaine, devaient normalement être prises en compte pour les sportifs marocains et par tous les décideurs. Or des forces occultes font les mains et les pieds pour anéantir toute cette dynamique et ce rêve au moment où le terme n'est plus à l'attentisme car l'Etat Providence est révolu. Ce sont les marocains qui en ont décidé à travers le plébiscite de la nouvelle constitution. Le Maroc de demain repose sur une vision où l'élément humain est fondamental. Les régions doivent se prendre en charge et les institutions se mettre à leur service pour y parvenir. Et c'est pour cela que les secteurs jusque-là marginalisés, voire oubliés, devront recouvrir l'égard qui leur revient de facto et de droit. L'exemple est celui du sport jusque-là mésestimé, car mis dans la case de simple activité de loisir et de maintien de la forme. De là, il n'a jamais été considéré à sa juste valeur dans les plans de développement régionaux ou nationaux. C'est la nouvelle Constitution qui considère l'activité physique comme étant un droit humain, qui a ouvert les portes pour le secteur afin de se positionner comme activité essentielle. Cette reconnaissance n'aurait pas été possible sans la mobilisation du mouvement sportif (Fédérations, journalistes sportifs, Comité National Olympique National Marocain, ministère de la Jeunesse et des sports .) qui ont agi auprès de la Commission Consultative désignée lors du discours royal fondateur du 9 mars 2011. Ces bonnes volontés sont des présidents acteurs sportifs bénévoles, des cadres des secteurs publics et privé et des représentants de la société civile. Une grande victoire pour le sport pour lequel la nouvelle Constitution a réservé des dispositions parmi les 180 qui la composent (articles 32, 31, 26 et 12). Mais la constitutionnalisation ne saurait permettre au secteur du sport de jouer pleinement le rôle qui lui est dévolu si les dispositions ne sont mises en pratique. Pour cela, le mouvement sportif se demande qui a intérêt à ne pas reconnaître les bienfaits du sport et de l'exclure de la dynamique que connaît notre pays ? Pourquoi ne voulons nous pas que le sport crée ce lien social qui nous manque beaucoup ? Pourquoi nous nous acharnons à obtenir des médailles sans les bons fondements ? Ce qui gêne le plus, c'est que l'on veut utiliser le sport uniquement dans sa facette folklorique à l'heure même où la société explose. Aujourd'hui, comme la société part en morceaux, on doit faire du sport ce lieu d'intégration. Bref le mouvement sportif qui avait milité pour la constitutionnalisation du sport, a entamé une première consultation avec les fédérations sportives. Un collectif de présidents a tenu une réunion informelle. L'ordre du jour arrêté comportait trois points : d'abord, la représentativité du mouvement sportif dans les Conseil Économique et Social, le Conseil National des droits de l'Homme, la réclamation de l'augmentation du budget alloué par la loi de finances au secteur du sport, et ensuite la discussion des moyens susceptibles d'activer l'application des nouvelles dispositions réglementaires apportés par la nouvelle constitution.