Ce cri de cœur est l'émanation de l'exaspération de tous les marrakchis qui assistent avec un profond dépit à l'exonérable dégradation de leur ville qui, il n' y a pas longtemps, passait pour être le joyau du Maroc. C'est à croire que l'actuelle communauté urbaine a été élue pour lui porter le coup de grâce. Si c'est le cas, elle aura brillamment réussi dans sa sombre entreprise de destruction. Dans tous les cas de figure, son palmarès est le plus médiocre que Marrakech ait connu dans les annales des élections communales. Ainsi, à chaque coin de rue, les passants nous interpellent quant au degré alarmant de la défiguration de la cité à tous les niveaux, au point de douter de l'existence d'une mairie. Il n'y a qu'à faire un petit tour à l'avenue Mohammed V, plus exactement au quartier du Guéliz, considéré jadis comme étant la vitrine par excellence de l'opulence et de la modernité de la ville ocre, pour constater sa transformation en marché aux puces. Chaque jour a son lot de nouvelles installations anarchiques des marchandises de la contrefaçon au nez et à la barbe des commerçants de la place qui craignent qu'un beau matin leurs échoppes, ne soient à leurs tours squattées. Et comme pour se faire rappeler à leurs mémoires avec davantage d'impact, la mairie était passée à la vitesse supérieure en faisant arracher les carreaux en marbre qui tapissaient les allées pour mettre en lieu et place du bitume noir, juste bon pour les cachots. Allez jeter un coup d'œil à la hauteur de la délégation du ministère du tourisme, une administration censée accueillir à longueur de journée les visiteurs, ne soyez pas choqués si vous découvrez une foule de marchands de figues de barbarie ou un tout nouveau locataire s'adossant au kiosque des journaux qui a trouvé le moyen de s'abriter d'un immense parasol pour exposer ses articles de contrebande. D'ailleurs cette allée, de la grande poste au café la Renaissance, grouille de ce genre de marchands dont le nombre va grandissant au fil des jours en toute impunité. Celà dit, parler de la saleté, du manque d'entretien des espaces verts, de la défection de l'éclairage public par plusieurs endroits, des monticules d'ordures qui jonchent les passages, du laisser-aller qui fait des fontaines des dépotoirs, reviendrait à écrire un ouvrage de plusieurs volumes. Le salut serait que le nouveau wali Mohamed Faouzi sort de son silence et fasse en sorte que la mairie se rebiffe et réagisse pour sauver ce qui peut encore l'être.