Chaque année, le 1er septembre, a lieu le traditionnel moussem d'Imourane, sur la plage du kilomètre 14, au Nord d'Agadir. Face au petit village de Tamghart, ce lieu est aussi connu comme le « Rocher du Diable ». Cet endroit prisé des surfeurs et des pêcheurs à la ligne, attire aussi d'autres personnes à la recherche de tout autre chose. La légende dit que les sept vagues magiques sortent de la grotte d'Imourane en apportant le bonheur conjugal et la fertilité aux jeunes filles en quête d'un mari ! Il en est ainsi depuis la nuit des temps... La pratique est quelque peu acrobatique, voire risquée, mais la légende est tenace et les jeunes filles tentent le coup. Deux personnes tiennent la jeune fille par les épaules et la maintiennent au dessus d'un trou du rocher. La force des vagues projette un souffle d'air et d'embruns qui entoure la jeune fille d'écume. Il faut rester au dessus du trou durant le passage de sept vagues, sans parler, ni se retourner. Ensuite, la jeune fille est censée trouver un mari et le bonheur au cours de l'année à venir. Le jour du moussem, la foule est dense sur le rocher et aux alentours. Il est quasiment impossible d'accéder près du trou de la grotte et d'apercevoir les jeunes filles. Mais la fête, le marché et surtout la fantasia qui se déroule sur la plage ravit les visiteurs. Peu ou pas de touristes sont présents. Il s'agit d'une fête traditionnelle pour les habitants de la région. Une fête qui a gardé toute son authenticité. Musiciens, colporteurs, diseurs de bonne aventure, côtoient les étals des bouchers et les boutiques des rôtisseurs. Les tajines cuisent sur les fourneaux au charbon de bois. Nous avons même aperçu un authentique four à pain, construit spécialement pour l'occasion, où l'on peut acheter le vrai pain Tafernoute. Les boutiques improvisées du marché proposent un tas de babioles, de jouets pour enfants, de vêtements à bas prix et les inévitables encens et autres herbes odorantes. Un régal pour les yeux et les narines. Vers la fin de la journée, la foule deviens de plus en plus dense. La fantasia va commencer. Les cavaliers, parés de leurs plus beaux atours, enfourchent leurs montures rivalisant d'élégance. Les chevaux de race « barbe » sont sellés et harnachés de cuir, de maroquin rouge, de damasquin,... Les étriers sont souvent en argent. Les fusils traditionnels sont chargés de poudre noire, prêts à envoyer leurs décharges de fumée et d'étincelles. Les participants à la fantasia descendent vers la plage où le périmètre de jeu est déterminé. Tout l'art de la fantasia est de pousser les montures d'un groupe de cavaliers, « la sorba », au galop de charge, le « baroud », et de tirer un coup de fusil tous ensemble au dernier moment. Les plus habiles réussissent à ce que leurs coups de fusils ne fassent qu'une seule détonation parfaitement synchronisée. L'effet produit est impressionnant, surtout si l'on se trouve en face des cavaliers, tirant puis arrêtant leur monture juste avant de toucher la foule. Cet exercice s'appelle la « Talqa ». Durant toute la fin de l'après-midi, jusqu'au coucher du soleil, la plage résonne des détonations des coups de fusil, pour le plus grand plaisir des spectateurs. A la nuit tombée, les habitants rejoindront leurs douars avec les moyens du bord, le plus souvent à pieds. Certaines jeunes filles pensant déjà à leur futur mari.