La décision du Maroc de retirer sa confiance à Christopher Ross, envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara, ne signifie guère une quelconque transgression de l'esprit des résolutions du Conseil de sécurité ou une forme de renonciation à celles-ci, a affirmé jeudi à Rabat le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Saad Dine El Otmani. «Il s'agit d'une décision judicieuse et responsable militant en faveur d'une reconsidération globale du processus de règlement du dossier du Sahara», a déclaré M. El Otmani devant la commission de l'Extérieur, de la défense nationale, des affaires islamique et des Marocains résidant à l'étranger à la Chambre des représentants. Selon le ministre, «l'initiative marocaine fait suite à une évaluation globale et objective de ce dossier». Dans un exposé lors de cette réunion consacrée à l'examen de l'évolution de la question du Sahara, M. El Otmani a souligné que le Maroc tient à imprimer une nouvelle dynamique au processus de règlement de ce différend afin de sortir de l'impasse et mettre fin au statu quo, sur la base de l'initiative marocaine d'autonomie et dans le plein respect de la Souveraineté et de l'intégrité territoriale du Royaume. Le Maroc, qui a répondu favorablement aux efforts de l'ONU pour faire aboutir ce processus politique et s'est engagé de bonne foi dans les pourparlers y afférent, est déterminé à persévérer sur cette voie animé de la ferme volonté de parvenir à une solution politique consensuelle, réaliste et définitive sur la base de la proposition d'autonomie, a-t-il affirmé. Le retrait de confiance à Christopher Ross, a expliqué le ministre, a fait suite à une évaluation globale et objective du processus de pourparlers informels, particulièrement le dernier round de négociations et l'adoption de la résolution 2044 du conseil de sécurité. Cette évaluation, a-t-il ajouté, a conclu à ce que le processus de pourparlers indirects s'est érodé après la tenue de neuf rounds de négociations informelles d'autant que ceux-ci étaient dominés par des questions de moindre importance. A cet égard, il a rappelé que le Maroc avait proposé de tenir seulement une ou deux réunions préparatoires aux négociations formelles. Selon le ministre, l'évaluation a relevé une série de dérapages dans le dernier rapport du secrétaire général sur le Sahara, lequel a été déséquilibré et incohérent. De même, a-t-il ajouté, l'envoyé personnel est allé au-delà de sa mission en tentant d'influer sur le contenu de la résolution de l'ONU et s'est départi de l'objectivité et de la neutralité requises, deux conditions fondamentales dans tout processus de médiation. Sur la base de l'opération d'évaluation, a-t-il rappelé, le Maroc a informé le secrétaire général de Nations unies de sa position à l'égard de M. Ross, au même titre que nombre de pays frères et amis. Par ailleurs, M. El Otmani a souligné que la résolution 2044 était «équilibrée, acceptable et équitable» pour le Maroc de manière générale, grâce aux efforts déployés par la diplomatie marocaine pour faire face aux manoeuvres des adversaires de l'intégrité territoriale du Royaume. Cette résolution comporte plusieurs acquis et aspects positifs pour le Maroc au niveau politique, dont la prolongation de la mission de la MINURSO jusqu'au 30 avril 2013 sans pour autant accéder aux revendications des adversaires du Maroc, qui aspiraient à dévier la MINURSO de sa mission initiale. La résolution a avorté les tentatives des adversaires de l'intégrité territoriale du royaume, qui visaient à affaiblir l'initiative marocaine d'autonomie en évoquant la question des droits de l'Homme au Sahara, et loué la réaction positive du Maroc avec les résolutions du Conseil de sécurité, à la faveur de l'ouverture par le Royaume de deux bureaux du Conseil national des droits de l'Homme à Laâyoune et Dakhla. La résolution, qui souligne qu'une solution politique demeure le prélude à la fin du conflit sur la base de la poursuite des négociations et l'intensification des rencontres, salue l'initiative marocaine d'autonomie et n'évoque guère l'option du référendum, a-t-il relevé. Sur le plan humanitaire, le ministre a souligné que la résolution a appelé, pour la deuxième année consécutive, le HCR à réviser l'opération d'enregistrement des réfugiés dans les camps de Tindouf, notant que la résolution 2044 est le fruit des efforts déployés par la diplomatie marocaine face aux manœuvres de l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations Unies. Cette résolution a fait avorter les manœuvres des adversaires de l'intégrité territoriale du Maroc, qui tentaient de porter préjudice à la crédibilité de l'initiative d'autonomie à laquelle le Maroc demeure attaché comme unique plateforme devant mettre fin au conflit, a poursuivi le ministre. Après avoir rappelé que la question du Sahara demeure une question de souveraineté nationale et d'intégrité territoriale, M. El Otmani a souligné que son département veille constamment et en permanence à suivre cette question dans le but de parer à toute manœuvre des adversaires de l'intégrité territoriale du Royaume. Les présidents et représentants des groupes parlementaires avaient salué, au début de cette réunion, la décision du Maroc de retirer sa confiance à l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations Unies pour le Sahara, Christopher Ross, appelant à davantage de vigilance pour contrer toute tentative visant à porter atteinte à l'intégrité territoriale du Royaume. Ils ont souligné l'importance d'impliquer toutes les composantes de la société marocaine (institution législative, partis politiques, société civile,..) dans la défense de la cause nationale.