Pendant que des manifestants pacifiques, d'un âge adulte, s'apprêtaient à passer la nuit à Bab El Alou après avoir déployé des banderoles entre palmiers, la chanteuse Gloria Gaynor surchauffait le public du théâtre national Mohammed V qui s'est déplacé. Plus tard, vers 21h30, le groupe américain Pitbull suivi par Yolanda Be Cool (Australie) fera hurler de joie des jeunes venus à pied de partout et notamment de Yacoub El Mansour où Mawazine n'a rien prévu cette année alors que, l'an dernier, il n'y a eu aucun incident dans ce quartier populaire ensoleillé sans immeubles collés les uns aux autres comme en ville où la Tour Hassan, derrière le Golden Tulip, commence à céder du terrain aux îmarates vendues au prix fort. Côté sécurité, il y avait des services d'ordre partout, plus que l'an dernier où on a vu pour la première fois des chiens dressés portant un collier avec une petite pancarte sur laquelle est inscrit le mot « Police ». Quant aux Forces Auxiliaires avec gilet phosphorescent, uniforme taillé sur mesure, elles étaient à côté des policiers calmes qu'on a fait venir de tout le Maroc. Un service impressionnant où il y avait bien sûr des fonctionnaires en civil qui se sont infiltrés jusque dans les coulisses et les podiums. Enfin, la presse internationale était là, de l'envoyé spécial du journal « Al Watan » qui couvre l'événement pour la deuxième fois jusqu'à la chaîne Mezzo, jusqu'à Al Jazeera. stop. Zakoura Education, présente aussi bien à Mers-Sultan qu'à Midelt ou à Harhoura, fête ses 15 ans. Quinze ans déjà, alors qu'on a l'impression que ses premières actions citoyennes datent d'il n'y a pas longtemps. S'il faut reconnaître que cette Fondation a tracé les jalons d'un militantisme exemplaire, il ne faut pas non plus nous dire que son taux de réussite à l'examen d'entrée au collège est de 96%... C'est tout juste si on ne nous balance pas le chiffre de 100%. Ali Ababou, le président de la Fondation, veut se jeter des fleurs, ce qui est compréhensible. Mais il ne faut pas non plus prendre des fleurs de pavot pour des plantes médicinales à avaler à l'aveuglette… Quoi qu'il en soit, saluons l'esprit de résistance qui a tenu le coup pendant 15 ans et rendez-vous dans quinze ans, en 2027, fin du calendrier Maya qui n'a pas tenu parole en 2012, de la rumeur apocalyptique. stop. La journée nationale de la lecture « Yallah Ne9raw » n'a pas été un fiasco, mais elle n'a pas été non plus un succès. C'est à peine si on a parlé du show médiatique organisé sur l'esplanade de la Bibliothèque Nationale qui veut se donner un air de Beaubourg avec des activités rénovatrices. Alors qu'il fallait s'interroger sur ce manque d'intérêt pour la lecture dans nos sociétés prises en tenailles entre les réseaux sociaux et la télévision qui, même lorsqu'elle propose des émissions culturelles, ne donne pas aux profanes l'occasion de lire Aristophane ou Abou Al Maâri. Si les gens ne lisent pas, la faute incombe à bien des éditeurs qui sont passés du coq à l'âne, qui ne lisent même pas ce qu'ils éditent en entier et qui portent un coup dur à l'écriture. La faute aussi aux chroniqueurs qui, à force de masturbation intellectuelle et de propos débiles, finissent par dégoûter les lecteurs. Ces papaghios qui étalent leur prose indigeste depuis des décennies, sans jamais faire avancer les choses et donner au lecteur l'envie de lire. Voilà le nœud du problème, si problème il y a, d'El Alia à Mohammédia. stop. CGEM. La nouvelle de la nomination de la présidente du patronat – on avait prévu ici même le départ de Horani qui n'ira ni en Oranie ni en Rhénanie – a suscité un enthousiasme qui dépasse une nomination en temps ordinaire. En fait, des éditorialistes ont tenu à en faire un événement pour répondre à ceux qui disent que les femmes n'occupent pas la place qu'il faut. Ce qui est juste. Mais il faut savoir que si la femme marocaine ne jouit pas de la parité au sein de la sphère gouvernementale, elle occupe des postes de haut niveau dans tous les secteurs. La désignation de Meriem Bensalah à la tête de la voie du patronat, en est une preuve convaincante. Ce qui était inimaginable, il y à peine une dizaine d'années. stop. Quand on nous a présenté l'affaire des derniers terroristes dont toute la presse a parlé, ce qui est normal, on s'était gardé de mettre le mot « moudjahidines » entre guillemets. Ce qui avait étonné des observateurs vigilants. Depuis que l'affaire est devant le parquet, le mot moudjahidines est entre guillemets, en titre tout au moins, ce qui est déjà mieux. La Brigade Nationale de Police Judiciaire (BNPJ) de Casablanca a déféré 22 membres d'un réseau dirigé par un leader du Mouvement des Moudjahidines au Maroc devant le procureur général du Roi près la Cour d'Appel de Rabat. Ces individus sont poursuivis pour « composition d'une bande criminelle pour préparer et commettre des actes terroristes, dans le cadre d'un projet collectif visant à porter atteinte à l'ordre public par l'intimidation et la violence, financement du terrorisme, trafic et utilisation d'armes, faux et usage de faux, appartenance à une association interdite et hébergement de criminels recherchés dans des affaires de terrorisme ». Ainsi donc, le mot moudjahid prend une nouvelle tournure, car on ne va pas prendre ça pour argent comptant chaque fois qu'un individu ou un groupe prétend que son combat est celui des moudjahidines. stop. A Mawazine 2012, la crise était ressentie avec un programme petit format avec des détails sibyllins, qui renseignent peu alors qu'en 2011 et 2010, la doc était plus consistante sur du beau papier, grand format. Le takachouf, qui rime avec kharchouf qui est délicieux quand il est bien préparé, a privé les grandes stars de l'Amphitrite Palace dont aucune suite ou chambre avec vue sur la mer, n'ont été réservées. Par contre, en ville, le Golden Tulip, la Tour Hassan ainsi que Rabat Hôtel sont de la fête. Le Chellah accueille comme l'an dernier Amine Farès et ses troupes. Dans l'ensemble, tout le monde est au diapason avec la promesse d'être payé des mois après l'événement. Côté animation, il faut voir les jeunes arrivés à pied sur les lieux de spectacle, dans une ambiance de liesse. Mawazine a un air de fête de la jeunesse, un pari que n'avait pas prévu Maroc-Cultures qui a estimé qu'il fallait inscrire derrière le badge black son « règlement intérieur » dont on pouvait se passer. Là encore, c'est une nouveauté en ce Mawazine 2012 où il y a déjà moins de aâtrous à sacrifier. stop. Presse « maâ el ghalba ». Najat Belkacem nous dit-on, alors qu'il s'agit de Najat Vallaud – Belkacem qui est une Marocaine, exemple d'une intégration réussie, depuis qu'elle est entrée dans le gouvernement de Jean Marc Ayrault, comme ministre des droits des femmes et porte-parole du gouvernement français. En fait, il fallait signaler sa présence, il y a plus de 5 ans, quand elle soutenait Ségolène Royal alors que la Rachida Dati, militait pour Sarkozy qui avait affiché un dédain pour les immigrés en les traitant de racaille, l'ex-président d'une France oubliée dont la tête n'a pas été sculptée par Brancusi, sculpteur de génie. Là encore, nous dirons pour Najat Vallaud-Belkacem, que nos lecteurs ont bonne mémoire. stop. L'ancien vice-président du groupe Hermès, Xavier Guerrand-Hermes, s'est retiré à Marrakech où il a confié au journaliste Amine Hafidi : « J'ai découvert que la médina – de Marrakech – vivait encore selon des traditions millénaires et je m'en suis tout de suite épris ». C'est ça Xavier, qu'on ne touche surtout pas à ces traditions millénaires… On a déjà assez fait de dégâts dans la palmeraie et la ceriseraie chère à Tchécov… stop. S.M. le Roi Mohammed VI, le Roi bâtisseur, écologiste, Maghrébin convaincu, a envoyé deux de Ses conseillers à l'enterrement de Warda à qui Mawazine a consacré une minute de silence. Le public marocain de la chanteuse au style particulier, est resté fidèle à ce monument de la chanson arabe. Elle a connu le Maroc, il y a des années où elle comptait des amis, dont notamment Hajja El Hamdaouia. stop.