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Marrakech a abrité l'évènement commémoratif du 38ème anniversaire de la la disparition du leader de la libération Allal El Fassi
Allal a dirigé une génération, formé un contingent de pionniers et marqué la marche d'une Nation
Publié dans L'opinion le 21 - 05 - 2012

M. Abbas El Fassi: Nous réitérons notre fierté pour les importantes étapes franchies par notre pays, sous le nouveau règne, en termes de réformes multidimensionnelles
La commération, par le Parti de l'Istiqlal à Marrakech, sous la présidence de son SG M. Abbas El Fassi, du 38ème anniversaire de la disparition du leader de la libération Allal El Fassi, a constitué, vendredi 18 mai 2012, un rendez-vous avec l'histoire d'un érudit qui a placé tout son savoir et consacré toute sa vie au service de son pays, de ses concitoyens et de l'affranchissement des peuples.
L'après-midi de ce vendredi, le Palais des Congrès de Marrakech avait l'allure d'une faculté, sa réception d'une bibliothèque et sa salle de réunion d'un amphithéâtre. Il faut dire que les organisateurs et à leur tête le chef d'orchestre Abdellatif Abdouh, qui fera plus tard l'objet de félicitations de la part du SG du Parti M. Abbas El Fassi, n'ont rien laissé au hasard pour conférer à ce rassemblement toute sa dimension en termes d'estime, de considération, d'admiration et de reconnaissance à celui qui était et continue d'être le guide et la source d'inspiration de nos politiques, toutes tendances confondues. D'ailleurs, en prélude à l'ouverture des travaux, l'assistance a eu droit aux témoignages d'illustres personnalités de sensibilités et de formations différentes quant aux sacrifices consentis par ce leader exceptionnel et à son parcours de militant invétéré qui demeure un exemple du genre pour l'humanité entière. Ainsi, se sont succédés à l'écran, dans une projection éminemment édifiante, sur l'aura du personnage Allal qualifié tantôt d'université mobile, tantôt d'icône nationaliste ou encore de farouche défenseur des dogmes de l'Islam et de l'arabité par des figures de proue comme Abdelhadi Tazi, feu Abou Bakr Kadiri, M'hamed Boucetta, Abbas El Fassi, Bensaid Ait Idder, Abdelkrim Ghallab, Larbi Mestari, Ouassif Mansour, M'hamed Douiri, Hamid Chabat, Abdelilah Benkirane, Khnata Bennouna, Zaki Moubarak, Mohamed Soussi Moussaoui, Mohamed El Yazghi et d'autres.
A l'unanimité et à l'unisson, ils reconnaissent le rôle décisif que le défunt Allal El Fassi avait joué pour l'affranchissement social, moral, culturel et économique des peuples d'où qu'ils soient et leur droit à la liberté.
La récréation avait cessé avec l'entrée, dans la salle des Vizirs qui a accueilli la célébration de ce 38ème anniversaire placé sous le signe «Le patriotisme: lutte permanente pour l'édification d'une société solidaire», du SG Abbas EL Fassi qui était accompagné de Me M'hamed Boucetta, membre du Conseil de la Présidence de Parti et des deux fils du leader de la libération, en l'occurrence Dr Abdelouahad El Fassi et Me Hani El Fassi. A cet instant, tout le monde a regagné sa place et les retardataires qui traînaient dans les couloirs du Palais pour admirer les portraits de Si Allal ou feuilleter ses ouvrages ont été acculés à suivre les péripéties de la cérémonie debouts, faute de places.
Dans un silence religieux et une ambiance empreinte d'émotion et de ferveur, la séance fut déclarée ouverte par le SG Abbas El Fassi avec la lecture de versets du Coran avant que l'assistance ne soit invitée à se lever pour lire en communion la Fatiha à la mémoire du défunt.
Et c'est en présence de tous les ténors du parti, ses ministres, ses députés, ses conseillers, ses inspecteurs, ses chefs de files des organisations parallèles, ses coordinateurs régionaux, ses secrétaires provinciaux et autres invités, qu'il serait fastidieux d'énumérer tant la liste est longue, que M. Abbas El Fassi a prononcé son important discours dont voici le texte:
Mesdames, messieurs,
Il nous est agréable de célébrer, aujourd'hui, cet anniversaire mémorable dans la ville ocre de Marrakech en raison de la place qu'elle occupe dans les cœurs de tous et de l'amour et la considération que lui portait le leader Allal El Fassi qui admirait son rôle à travers les âges dans la défense de nos valeurs en tant que l'une des principales capitales islamiques et eu égard à ce qu'elle a inscrit comme pages mémorables de notre histoire ancienne et moderne, au point que nos frères du Machreq ne connaissaient notre pays, jusqu'à une date récent, que sous le nom de Marrakech ; cette ville est aujourd'hui objet d'un essor et d'un développement fulgurants qui en ont font un pôle d'attraction international et la placent au centre d'intérêt de nombreux acteurs nationaux et étrangers dans divers domaines.
Salutations sincères donc à la ville de Marrakech, à ses habitants et à la région prometteuse de Tansift-El Haouz ainsi qu'à l'ensemble des personnes ici présentes.
Départ de deux étendars
du Parti de l'Istiqlal
Mesdames, messieurs,
Nous célébrons cet anniversaire alors que la douleur que nous partageons tous est toujours vivace après la disparition de deux monuments de la lutte politique, intellectuelle et journalistique, j'ai cité le compagnon de route du leader Allal El Fassi au sein du Mouvement national, témoin de son époque et éducateur des générations, le combattant Abou Bakr Kadiri, membre du Conseil de la présidence du parti et du Conseil d'administration de la Fondation Allal El Fassi, ainsi que l'élève de l'école nationaliste du leader, le militant résolu, clair et sincère qu'était Abdeljabbar Shimi, dont la perte a ému, au-delà de la famille istiqlalienne, tous les acteurs dans les domaines les plus variés, indépendamment de leurs penchants intellectuels et de leur obédience politique et doctrinale.
Si chacun des deux avait ses caractéristiques propres, ils partageaient néanmoins les mêmes vertus de rectitude, d'attachement aux principes, de modestie, d'aménité et de souci de gagner toujours plus d'amis, chose que reconnaissent les milliers de ceux qui ont fait part de leurs condoléances, du Maroc comme de l'étranger, et à leur tête SM le Roi Mohammed VI dont nous sommes fiers, au Parti de l'Istiqlal, de la teneur de ses messages qui démontrent, une fois de plus, la profonde considération que Sa Majesté voue aux nationalistes et à leur action lors du combat pour l'indépendance et après le recouvrement de celle-ci, pour leur attachement aux sacralités, aux valeurs et aux constantes de notre chère patrie, au premier rang desquels le leader Allal El Fassi dont feu SM Hassan II avait dit notamment: "Nous avons connu notre vénérable disparu, Allal El Fassi, avant l'indépendance, connu son dur, interminable et résolu combat pour la libération… Nous savons l'intime relation, les liens indéfectibles et le pacte irrévocable qui le liaient à notre regretté père Mohammed V qu'Allah le bénisse et ce qu'avaient convenu le défunt Roi, le regretté leader et une pléiade de militants fidèles à leur patrie… L'éloignement du Roi de son trône, de son pays et celui de ses ancêtres, la violation par l'occupant de la souveraineté après l'exil du vaillant monarque… (ont conduit) Allal à relever le défi (à travers) « l'Appel du Caire » …, prélude à une révolution générale et à des épopées mémorables qui ont permis de rendre justice à ses ayants droit".
Il a conduit une génération et formé
un contingent de pionniers
En continuant à célébrer l'anniversaire du leader, le Parti de l'Istiqlal cherche essentiellement à perpétuer sa mémoire, à tirer les leçons de son parcours et de ses prises de position et à permettre aux générations montantes de se ressourcer dans ses œuvres littéraires, politiques et sociales, tout en sachant que la personnalité du leader Allal El Fassi est très difficile à cerner dans toutes ses facettes, car il avait de multiples dons et était de ceux à qui Allah a voulu qu'ils se distinguent et soient aptes au don de soi et au sacrifice, en lui inspirant, très tôt, le sens des responsabilités afin d'aider son peuple de se relever de sa chute…
Jeune encore, il sut diriger toute une génération, former tout un contingent de pionniers et marquer le cheminement de tout un peuple, car ses ambitions nationales étaient plus grandes encore que son âge et nombre de ses idées et de ses visions ont démontré qu'il était en avance sur son temps.
Il put ainsi entamer son parcours de militant armé des dons de leadership, de la capacité de persuasion et d'encadrement et de mobilisation des masses qu'Allah lui a conférés, à travers le contact permanent avec les diverses couches de la population qui furent vite attirées par ses idées et réagirent positivement à ses orientations et options patriotiques, orientations et options puisées directement dans le génie marocain et islamique authentique, ouvert et à l'affût des exigences des circonstances présentes et du futur. Il put donc s'attacher les cœurs et les pensées tout en leur insufflant l'ambition d'édifier une nouvelle société par ses conférences, ses articles de presse, ses discours, ses chants nationalistes, ses poèmes, ses interviews, ses analyses et ses échanges doctrinaux et idéologiques avec des intellectuels, des politiques et des religieux de divers courants de pensée et de quelque religion qu'ils se réclamaient. Car se fut un penseur politique ayant assimilé les multiples écoles anciennes et modernes, un Alem novateur et ouvert, un patriote attaché à son pays et jaloux pour les intérêts de ses compatriotes, au point qu'il souffrait énormément de la mainmise militaire directe de l'occupant et des visées de ce dernier tendant à saper les fondement de l'identité marocaine, ce qui le persuada du fait que diversité et la félonie des méthodes de l'occupant exigent que l'on diversifie et multiplie d'autant les fronts du combat et les méthodes visant à contrecarrer ses complots dont, essentiellement, celui de faire face aux dangers de l'invasion culturelle. C'est pour cela qu'il accordait une importance particulière à la conscientisation et à l'enseignement des jeunes en insistant sur l'éducation et la scolarisation de tous, garçons et filles, pauvres ou riches afin que tous reçoivent leur part de savoir, aussi bien que sur la nécessaire propagation de l'esprit de citoyenneté chez les élèves en leur inculquant l'amour de la patrie, la loyauté envers elle et le souci de toujours la servir et servir leurs concitoyens.
L'éducation peut faire des miracles
C'est ainsi qu'il écrivit dans «l'Autocritique»: «L'éducation peut faire des miracles et c'est elle qui est en mesure de former des éléments utiles parmi nos générations à même de porter haut leurs concitoyens, leur patrie, leur religion et leur Oumma».
Fort de cette conviction, il plaça l'enseignement et l'éducation des générations montantes, lors de la lutte pour la libération et après, en tête de ses préoccupations, dans le cadre de la pensée marocaine authentique, tout en étant ouvert sur les cultures de l'époque afin de tirer profit de l'apport de toutes les civilisations mais sans pour autant tomber dans le piège de l'acculturation, du reniement de l'identité et des spécificités de notre société en disant tant à ses camarades qu'à ses adversaires: «Ne pensez pas que je fais partie de ces sclérosés qui refusent de puiser chez l'Occident, mais je veux que nous soyons à l'image de nos ancêtres qui ont puisé dans toutes les régions du monde, ont développé la civilisation arabo-musulmane, laquelle a servi de ferment à la civilisation moderne, a consolidé d'importants principes humanitaires et consacré des valeurs intellectuelles qui renforcent les concepts de liberté et d'égalité ainsi que les sentiments de fraternité».
Il considère ainsi que l'occupation militaire n'est pas dangereuse en soi tant que cela n'a pas pour effet d'amener les citoyens à s'imprégner des pensées et valeurs qu'elle tente de leur inculquer et qui sont antinomiques avec leurs idéaux et en contradiction avec les constantes de leur civilisation. Il écrit, à ce sujet: «L'occupant sait bien que la force ne dure pas et que la mainmise sur les peuples et l'exploitation de leurs richesses est sans conséquence si la nation préserve son identité morale et son entité propre (car), plus les citoyens préservent leurs spécificités confessionnelles et culturelles, plus la nation est à l'abri de l'anéantissement, l'occupation dut-elle durer longtemps».
C'est pourquoi il tenait à sortir le pays des ténèbres de l'ignorance que le colonisateur voulait faire perdurer et appela à une mobilisation nationale en faveur d'un enseignement patriotique des jeunes, qui favorise la prise de conscience du nécessaire attachement à la citoyenneté véritable qui fut de tous temps celle de l'être marocain et qui a constamment immunisé ce dernier contre la tentation de s'identifier aux envahisseurs. Il dit à ce sujet: «Le marocain est un patriote né ; il aime la terre où il a vu le jour car le patriotisme, pour lui, n'est pas l'idée en soi, ni la terre seule mais la terre tout entière et les grands idéaux qu'il a fait siens. C'est pourquoi il est féru de la foi nationaliste, saine et intégrale dans laquelle il trouve la profondeur à laquelle il aspire».
Le leader affirmait constamment que le nationalisme marocain n'est pas un simple épisode de l'histoire du Maroc qui s'achève avec la disparition des causes qui l'ont incité, mais une perpétuelle renaissance de l'étant marocain avec tout ce que ce concept englobe comme civilisation marocaine et entité africaine ; c'est une fusion entre la pensée et l'orientation, entre toutes les couches en dépit de leurs objectifs particuliers ; c'est la volonté de relever le défi de la sauvegarde de l'unité nationale de toutes les couches du peuple et de faire face aux velléités de division et de contrer l'exploitation du tribalisme contre le nationalisme, de susciter des conflits de classes, de castes, d'ethnies ou des divergences linguistiques ou régionales.
Il répétait toujours: «L'unité pour laquelle nous avons combattu signifie que le peuple demeure uni dans toutes ses origines et coutumes, dans les villes et les campagnes, dans les plaines et les montagnes et que le pays redevienne uni comme il l'était et propriété de l'ensemble de ses ressortissants. Nous ne retrouverons notre tranquillité d'esprit que lorsque l'unité de notre pays aura été parachevée».
Il a vécu pour réaliser ce noble objectif en contrecarrant les plans colonialistes qui tentaient, depuis 1930, à attenter à l'unité nationale et à l'intégrité territoriale, consentant pour cela les plus lourds sacrifices, supportant les affres de l'exil et de la prison, supportant la douleur de l'éloignement et des voyages à travers pays à la seule fin de défendre la liberté de son pays, la dignité de ses compatriotes et de soutenir les causes de la liberté en général et de celles des pays du Maghreb, en particulier, ainsi que pour plaider pour l'édification de celui-ci et dont la création du Bureau du Maghreb arabe au Caire fut la première pierre de son combat. Il était au premier rangs de ceux qui défendaient ce vœu populaire à l'aube de l'indépendance et appela à tenir la conférence de Tanger qui s'est tenue, sous sa présidence, en 1958, et en présence de dirigeants du Parti destourien tunisien, du FLN algérien. Au cours de cette conférence, le Parti de l'Istiqlal fit d'importantes propositions telle celle de constituer une Union des pays d'Afrique du nord.
Vue l'importance de cette conférence et eu égard au souci du Parti de l'Istiqlal de perpétuer son esprit, ses objectifs et son sens, nous avons pris coutume de le rappeler à diverses occasions et avons célébré le 45è anniversaire de sa tenue en avril 2003, sous le haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, avec la participation de dirigeants de premier plan des cinq pays de la région. J'avais alors insisté, dans mon discours à cette occasion, sur l'éternel attachement du Parti de l'Istiqlal à l'option unioniste et affirmé que ce glorieux passé commun devrait nous inciter à réfléchir au présent et aux réalités actuelles afin de mieux appréhender l'avenir radieux d'un peuple maghrébin apte, grâce à ses potentialités, à rejoindre les rangs des Etats développés. Ce, conformément à l'esprit de cete conférence historique qui donna lieu à de très importantes recommandations comme la création d'institutions communes, d'un conseil consultatif issu des institutions nationales en Tunisie et au Maroc et du conseil da la révolution algérienne, dans la perspective de la mise sur rails d'une fédération maghrébine, ce régime étant celui qui convient le mieux à nos Etats. Elle adopta, de même, des résolutions avancées concernant l'Algérie, la libération des parties encore spoliées du territoire national et que le leader continua de défendre avec détermination et foi et à exposer avec clarté et preuves à l'appui à tous les niveaux, national et international, officiel et populaire jusqu'à ce qu'il rende l'âme au lendemain de l'historique appel de Koweït dans lequel il plaida pour la récupération de Sakya Al Hamra et Oued Eddahab ainsi que pour la libération de la Palestine et la sauvegarde de la mosquée Al Aqsa.
Soutien aux peuples colonisés
et aux causes justes
Mesdames, messieurs,
Le leader avait une vision globale dans sa conception du militantisme et prouvé son soutien aux peuples colonisés et aux causes justes, en tête desquelles la cause du peuple palestinien dont il a vécu la Nakba et continua à partager le drame atroce. En vérité, son combat pour la libération du Maroc est demeuré intimement lié à la libération de la Palestine puisqu'il mit le Bureau du Maghreb arabe à la disposition des militants palestiniens, entretenait de solides relations avec les directions de toutes les factions palestiniennes et surtout avec Fath et accompagna la préparation de la lutte armée palestinienne dans ces diverses phases. Lutte dont d'ailleurs il fut parmi les premiers à préconiser et encourager et dont il fut l'un des rares dirigeants à être informés du timing du départ de sa première balle. Il n'a cessé ainsi de recueillir les soutiens moral et matériel et mobiliser les gens en faveur de nos frères palestiniens, à être parmi les premiers fondateurs de l'Association marocaine de soutien à la lutte palestinienne ce qui amena le regretté Yasser Arafat à dire à son sujet: « Nous sommes fiers en Palestine, au sein de l'OLP et de Fath, de notre frère Allal El Fassi qui était l'un des nôtres, a œuvré en faveur de la Palestine, de son peuple et du triomphe de sa juste cause et nous n'oublierons jamais que le leader, militant, patriote et nationaliste arabe, feu Allal El Fassi a rejoint son Créateur en plaidant la cause de la Palestine et de son peuple».
Son intérêt permanent pour la Palestine tient au fait qu'il était profondément conscient des répercussions d'un complot visant l'ensemble de la Oumma arabe et islamique dont les causes lui tenaient fortement à cœur en dépit des reproches qu'il faisait à certains régimes non démocratiques. Au contraire, cela ne l'empêcha guère de soutenir les aspirations légitimes de ces peuples et de rechercher les moyens de mobiliser les efforts en vue de transcender les divisions et conflits entre ses tribus et Etats. Il joua ainsi un rôle déterminant dans la création de la Ligue du monde musulman dont il fut membre de son conseil constitutif en sa qualité de penseur politique écouté et influent, d'Alem novateur, ouvert et soucieux de faire valoir la véritable finalité du prosélytisme islamique qui prône la fraternité et l'égalité entre l'ensemble de l'espèce humaine car il pensait que c'est cela la signification réelle du Hadith qui dit: «Nul d'entre vous ne deviendra croyant que lorsqu'il aimera pour son frère ce qu'il aime pour lui-même». La fraternité, pour lui, est celle de l'humanité, outre que l'esprit fraternel que prône l'Islam entre membres de la Oumma exige de nous tous de transcender les causes de conflits qui empêchent notre solidarité de s'exprimer, entravent le développement de nos pays et servent les seuls adversaires de notre renaissance. Il appelait en permanence, à ce sujet, à éviter les causes de tensions internes pour contenir les germes de la division et atténuer les conflits auxquels nous assistons, hélas !, aujourd'hui dans plusieurs pays arabes et musulmans.
Aussi, tenait-il à nouer et entretenir des liens avec les pays musulmans et les minorités musulmanes dans tous les coins du monde, principalement avec les républiques musulmanes alors sous la coupe de l'ex Union soviétique, en plus de ses efforts soutenus en vue d'unifier les courants de pensée et les doctrines musulmanes affirmant que les plus graves dangers qui menacent la Oumma islamique actuellement résident dans ce à quoi oeuvrent ses ennemis et certains fanatiques parmi ses fils, à savoir approfondir les divergences et désaccords entre chiites et sunnites, chose qu'il s'attelait constamment à en réduire l'impact et à en contenir les effets en axant ses recherches et ses analyses sur ce qui rassemble ces deux grands courants et permets à leurs adeptes à travers le monde de fraterniser et de constituer une force démographique, intellectuelle, économique et politique pour le plus grand bien de la communauté musulmane unie en ce qu'elle est la Oumma du juste milieu et où il n'y a guère de place pour l'extrémisme et l'exagération. Et M. Abbas El Fassi de citer, à ce sujet, un émouvant et éloquent témoignage de feu l'Imam chiite Moussa Sadr envers le regretté leader.
Un pionnier unioniste par excellence
dans sa pensée, ses options et ses positions
Mesdames, messieurs,
Le leader Allal El Fassi était un pionnier unioniste par excellence dans sa pensée, ses options et ses positions, car autant il insistait sur les facteurs d'unité et de cohésion nationale aux plans doctrinal et territorial, autant il appelait à donner corps aux facteurs de rapprochement et d'union entre les pays du Maghreb ainsi qu'à promouvoir les éléments de rapprochement et de solidarité entre composantes de la Oumma arabo-musulmane et entre pays africains, dont il a vécu les souffrances infligées par la colonisation, surtout durant les dix années passées en exil au fond de la jungle gabonaise et dont il admirait la civilisation et la diversité culturelle, aussi bien qu'en raison de ce qu'il constata chez l'homme africain comme penchant pour l'Islam et que le Maroc avait joué un rôle important dans sa propagation et la diffusion de ses valeurs de tolérance et de fraternité dans les pays subsahariens. Aussi, croyait-il fermement que la lutte pour la libération du Maroc et des pays du Maghreb était partie intégrante de celle pour la libération de l'Afrique en général. Cette idée se développa davantage lors de la première réunion des représentants d'Afrique et d'Asie auprès de l'ONU, début 1953, en Egypte à sa demande et celle des dirigeants des mouvements de libération tunisien et algérien, en vue de faire face à l'agression de la France contre le Maroc, particulièrement au lendemain de la tuerie perpétrée à Casablanca en décembre 1952. Il s'attacha donc à créer un front de libération comprenant tous les mouvements de libération des pays sous occupation française et fut parmi les premiers à préconiser la création du mouvement «Afrasie» en vue de museler et de mettre un terme à l'occupation en Afrique et en Asie, options qu'il défendit activement lors de la conférence de Bandoeng qui donna, par la suite, naissance au mouvement des Non alignés.
Il adressa un message au Comité exécutif clandestin à partir du Caire, le 29/01/ 1954 dans lequel il dit: «Nous oeuvrons à présent à l'élargissement de la coopération dans la lutte contre le colonialisme français et avons constitué un mouvement de réflexion concernant le départ de la France, de même que nous avons convenu avec le président du Parti socialiste vietnamien de constituer un front de lutte contre l'occupation française en Afrique et en Asie».
Il s'était également mis d'accord, au cours des dernières années de son existence, avec le défunt président sénégalais, Léopold Sédar Senghor, pour coordonner leurs efforts en vue d'accorder une plus grande place à l'intellect dans l'action politique africaine eu égard aux évolutions qu'a connues le XXè siècle et de promouvoir une nouvelle vision originale et ouverte des problèmes du continent.
La Monarchie constitutionnelle fait partie du credo du Parti de l'Istiqlal
Mesdames, messieurs,
Après cet aperçu succinct de quelques préoccupations intellectuelles et militantes de notre leader éternel, il convient de rappeler que celles-ci et d'autres encore ne sauraient être cernées en un si court laps de temps, car elles étaient toujours liées à son combat pour la démocratie et la défense des droits de l'Homme où qu'il se trouve et, principalement, dans notre pays au sujet duquel il n'a cessé de poursuivre ses efforts, avant comme après l'indépendance, en vue de présenter la question de la démocratie comme le pilier de la protection de la dignité du citoyen et le tremplin pour notre pays de se ranger parmi les Etats démocratiques à travers la consolidation des bases de la monarchie constitutionnelle dont il affirme dans son livre «La méthodologie istiqlalienne» : «La Monarchie constitutionnelle fait partie du credo du Parti de l'Istiqlal… La Monarchie constitutionnelle à laquelle nous aspirons est celle qui consolide davantage le régime marocain, mais le place au rang qui lui convient sous l'angle du concept moderne du système et du pouvoir. La Constitution ne signifie pas défier le Roi ou réduire ses prérogatives en tant que chef de l'Etat et Amir Al Moumoinine ; c'est, au contraire, une organisation de la monarchie qui s'adapte aux besoins de l'époque et aux exigences de contrôle populaire des affaires publiques».
C'était aussi, à ce propos, un fervent adepte du dialogue entre tous les acteurs et intervenants.
Nous réitérons, à cette occasion, notre fierté pour les importantes étapes franchies par notre pays, sous le nouveau règne, en termes de réformes multidimensionnelles et, en particulier, dans les domaines politique, constitutionnel, économique et social, et qui ont hissé le Maroc à une position distinguée parmi les peuples et nations, l'ont mis en sécurité contre les dangers et les retombées de ce qui se passe dans de nombreux pays et qui suscite bien des inquiétudes, ce qui requiert de conjuguer les efforts de tous les intervenants en vue consolider les acquis et d'enrichir ce que notre pays a accumulé comme réalisations au service des seuls intérêts supérieurs du Maroc, loin de toute surenchère ou calculs étroits qui ne contribuent nullement à consacrer le modèle marocain distingué et objet d'une large considération internationale.
Effort, à longueur d'année, de la pionnière Fondation Allal El Fassi
Mesdames, messieurs,
Avant de conclure, j'aimerais signaler que si le Parti de l'Istiqlal organise annuellement un aussi grand rassemblement dans une ville différente, il n'en reste pas moins vrai que nous fournissons des efforts soutenus tout au long de l'année, efforts consentis par la Fondation Allal El Fassi, dont je voudrais, à l'occasion, exprimer à l'ensemble de ses responsables et, principalement, ceux de la commission culturelle qui comprend une pléiade d'intellectuels et de politiques émérites, ainsi qu'à Me M'hamed Boucetta, président du conseil d'administration de cette institution, notre sincère considération.
Considération pour les efforts réussis de ce haut lieu intellectuel qui diffuse et fait connaître le patrimoine intellectuel et militant du leader Allal El Fassi. Qui fait la lumière sur les multiples facettes de sa personnalité en les soumettant à l'étude et à l'analyse à travers la série de conférences, colloques, rencontres et recherches présentées à l'occasion du Prix Allal El Fassi.
Une distinction organisée selon une approche tolérante, offrant l'opportunité à tous les acteurs, intellectuels, politiques et culturels de divers horizons de s'exprimer et considérant désormais que le leader Allal El Fassi est beaucoup plus grand pour être confiné dans l'étroit cadre du parti car, en tant que monument de la pensée humaine universelle, il dépasse les frontières du pays.
Puisse Allah le rétribuer pour ses efforts et ses sacrifices pour la libération de sa patrie et le bonheur de ses compatriotes ainsi que pour la grandeur de sa Oumma et la propagation des valeurs de paix et de fraternité entre les peuples et nations et le recevoir dans Son vaste paradis !


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