L'absence de textes juridiques règlementant les rejets en mer pénalise le potentiel de réutilisation des eaux usées (REUE) dans les villes côtières, aujourd'hui "quasiment nul", ce vide juridique étant plus ressenti en industrie, tel qu'il ressort d'une étude sur les mécanismes juridiques et réglementaires relatifs à la REUE épurées dans les domaines non agricoles. "Pour la REUE en industrie, ce vide juridique est encore plus ressenti du fait que plus de 70% des unités industrielles sont localisées dans les villes côtières, un vide qui doit être comblé par un décret fixant les modalités de rejets en mer à l'instar de celui en vigueur applicable au domaine public hydraulique", constatent les concepteurs de l'étude lancée dans le cadre du projet "assainissement et appui institutionnel". Cette étude a été présenté mercredi lors d'un atelier sur la situation et les perspectives de la réutilisation des eaux usées dans les domaines non agricoles, organisé par le ministère de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement. D'après les organisateurs, l'objectif est de confronter les nécessités techniques et juridiques en matière de REUE avec les dispositions existantes au Maroc, et de mettre en lumière les insuffisances particulières dans ce domaine, pour ensuite proposer les ajouts à envisager pour compléter le corpus juridique existant en vue de leur valorisation dans trois domaines : recyclage industriel, recharge de nappe et irrigation de périmètres de sylviculture. Selon cette étude, l'exemple de la REUE de la station de traitement et d'épuration des eaux usées (STEP) de Khouribga pour le lavage des phosphates prouve que leur réutilisation en industrie "n'est pas limitée par des seules insuffisances juridiques ou réglementaires", mais lié à l'engagement du promoteur et au recours à un traitement tertiaire adéquat. La qualité d'une eau épurée, recommande-t-on, est l'un des paramètres à considérer avec beaucoup d'attention en cas de réutilisation, étant donné l'impact que cette dernière peut avoir sur la santé publique comme sur l'environnement. D'où il est important d'associer au projet les moyens de gestion, les dispositifs de suivi et les outils adéquats de contrôle et de critique des performances de la recharge, particulièrement de l'impact réel sur les divers aspects de la qualité de l'eau de la nappe souterraine rechargée. Par ailleurs, la sylviculture qui consiste à l'entretien et à l'exploitation rationnelle des forets, demeure le domaine de REUE non agricole qui est le moins exigeant en qualité de l'eau et son développement, particulièrement dans l'aménagement des ceintures vertes autour des villes à climat aride. La réutilisation des eaux usées épurées en valorisation industrielle, en sylviculture et en recharge de nappe a été également présenté lors de cet atelier. Cette étude a eu pour objet d'identifier des projets pilotes et d'analyser leur faisabilité juridique et institutionnelle dans le cadre des textes en vigueur, ainsi que la mise en place de conventions liant toutes les parties concernées par leur mise en œuvre. Cet atelier a été l'occasion de présenter un état des lieux de la REUE en incorporant la présentation de la stratégie nationale de l'eau, et le programme national d'assainissement liquide et d'épuration des eaux usées.