M'hammed Makhokh, chef de division de la qualité de l'eau au secrétariat d'Etat chargé de l'Eau et de l'Environnement, expose les techniques utilisées pour épurer les eaux usées. Il décrit également l'évolution de la prise de conscience du Maroc de l'importance de la question de l'épuration et de la réutilisation de ces eaux. A quel moment le Maroc a-t-il pris conscience de la nécessité d'épurer ses eaux et de les réutiliser ? Le Maroc est parmi les premiers pays à avoir intégré dans la gestion et la planification de ses ressources, la composante « préservation ». Celle-ci est intimement liée à la réutilisation de ces ressources. Si on a des eaux usées que l'on rejette dans un oued, elles vont dégrader le milieu. Il est nécessaire de les épurer. Mais si on les épure, il faut les réutiliser plutôt que de les rejeter. M'hammed Makhokh, chef de division de la qualité de l'eau au secrétariat d'Etat chargé de l'Eau et de l'Environnement Le pays est-il en retard dans ce domaine ? Le Maroc a pris un léger retard, mais je pense qu'il est légitime. Il faut mettre en place le contexte institutionnel, en définissant le partage des responsabilités. La composante contrôle est également très importante. Le Maroc a commencé doucement mais sûrement. Plusieurs expériences ont été réalisées à travers le royaume et différentes techniques ont été utilisées. Nous sommes dans la phase de création du climat adéquat et de la stratégie à adopter pour assurer la meilleure réutilisation de nos eaux usées. Le pays est-il en retard dans ce domaine ? Le Maroc a pris un léger retard, mais je pense qu'il est légitime. Il faut mettre en place le contexte institutionnel, en définissant le partage des responsabilités. La composante contrôle est également très importante. Le Maroc a commencé doucement mais sûrement. Plusieurs expériences ont été réalisées à travers le royaume et différentes techniques ont été utilisées. Nous sommes dans la phase de création du climat adéquat et de la stratégie à adopter pour assurer la meilleure réutilisation de nos eaux usées. En quoi consiste cette stratégie ? Dans la stratégie nationale de l'eau, lancée en 2008 et en cours de mise en œuvre, nous nous sommes fixé comme objectif à atteindre à l'horizon 2030, 300 millions de mètres cube. Ce volume représente les eaux qui seront épurées, puis réutilisées pour divers usages, à savoir l'industrie, le tourisme, l'agriculture… Les eaux doivent être épurées, avant de se voir attribuer un nouvel usage. A titre d'exemple, des eaux usées à un niveau primaire, peuvent être employées pour un usage qui n'est pas noble. Mais pour un usage tel que l'irrigation des golfs, il faut utiliser des eaux parfaitement épurées. En somme, l'épuration ne sert pas à grand-chose si l'eau n'est pas réutilisée ? Déjà, la mise en œuvre de la réutilisation ne peut avoir lieu sans l'accélération du rythme d'épuration et de traitement des eaux usées. Tout cela, via le Programme national d'assainissement, suivi par les départements de l'Intérieur et de l'Environnement.D'ici 2020, ce programme permettra d'atteindre un taux d'épuration de 90 % des eaux usées, dont 20 à 25 % seront réutilisées pour divers usages mis sous contrôle. A l'heure qu'il est, quelles régions du Maroc sont concernées par ces avancées ? La ressource en eau est dégradée à l'intérieur du pays, car les eaux usées sont rejetées dans le milieu hydrique. Sur le littoral, ces rejets représentent environ 50 % du total. Le département de l'eau a lancé une étude visant la récupération de ces eaux, l'examen des possibilités de réutilisation dans certaines régions, y compris dans les grandes villes. Avec la croissance démographique et la demande pressante sur l'eau, nous allons notamment avoir recours au dessalement des eaux saumâtres au niveau des nappes. Le Maroc a un potentiel en nappes souterraines saumâtres qui doit être mis en valeur. Quelles sont les techniques les plus utilisées ? On a commencé par les techniques extensives vu notre climat assez chaud. Une étude avait été faite, à la suite de laquelle nous avons commencé à utiliser le lagunage. Seulement, cette technique nécessite beaucoup d'espace. Aujourd'hui, nous avons un parc composé de techniques extensives comme de techniques intensives. C'est notamment le cas de Fès et de Marrakech. On utilise également des techniques douces, comme l'épuration par infiltration, via le sable. Nous possédons donc des techniques qui s'adaptent aux grandes agglomérations et d'autres qui sont réservées au monde rural. En matière d'épuration, chaque cas est un cas d'espèce. On ne doit pas accumuler dans le monde rural le même retard que celui accumulé dans le milieu urbain. Qu'est-ce qui ralentit la réutilisation des eaux usées ? Tous les projets de réutilisation des eaux épurées en cours sont réalisés avec le secteur privé. Donc, pour que cette réutilisation soit faite, il faut qu'il y ait un besoin, un demandeur. Aujourd'hui, le Maroc dispose de plus de soixante stations d'épuration, qui permettent d'épurer plus de 20 % des eaux usées. Il y a dix ans, ce taux variait entre 3 et 5 %. On note donc une ascension importante. Une partie seulement est réutilisée, mais cette réutilisation va connaître un fort développement prochainement. Propos recueillis par Selma T.Bennani