A l'occasion de la Journée de l'environnement célébrée le 5 juin, l'Unesco et le secrétariat d'Etat chargé de l'Eau et de l'Environnement ont organisé, lundi dernier à Rabat, une journée consacrée à la réutilisation des eaux usées traitées dans la région arabe. Zoom sur le cas marocain. Pleuvra ? Pleuvra pas ? Chaque année, c'est la même histoire. Fortement tributaire du ciel, pas toujours clément, le Maroc réfléchit de plus en plus aux moyens de se défaire de cette dépendance climatique. L'une des solutions les plus utiles et les plus réalisables a fait l'objet, lundi dernier à Rabat, d'un séminaire international organisé conjointement par l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) et le secrétariat d'Etat chargé de l'Eau et de l'environnement. Cœur des discussions de cette journée, la réutilisation des eaux usées traitées dans la région arabe. « Il n' y a pas de relation entre la richesse d'un pays et sa capacité de réutilisation de ses eaux usées ». M'hammed Makhokh, chef de division de la qualité de l'eau au secrétariat d'Etat chargé de l'Eau et de l'Environnement. Comme le rappelle Philippe Quéau, représentant de l'Unesco au Maghreb, « le climat du monde arabe est caractérisé par la succession de longues ou de courtes périodes d'aridité, par la baisse des taux des précipitations, opposée à un phénomène de pluies torrentielles, la hausse des températures et les vagues de chaleur ». Face à cette irrégularité climatique déconcertante, des actions s'imposent pour détourner la malchance naturelle. L'épuration des eaux usées, puis leur réutilisation dans divers domaines, constituent l'un des passages obligés vers une indépendance des ressources en eau. Dans les pays de la région MENA (Afrique du Nord et Moyen-Orient), environ 43 % des eaux usées générées sont traitées. Un taux relativement élevé quand on le compare à l'ensemble des pays en voie de développement. Mais à chaque pays sa spécificité. «Le Maroc est en retard de développement dans ce domaine, comparé aux autres pays semi-arides», lance M'hammed Makhokh, chef de division de la qualité de l'Eau au secrétariat d'Etat chargé de l'eau et de l'Environnement. Avant d'ajouter qu'il n'y a « pas de relation entre la richesse d'un pays et sa capacité de réutilisation de ses eaux usées». Au Maroc, ce n'est que récemment que la prise de conscience s'est faite (cf l'interview). En 2006, le traitement et l'épuration des eaux usées ne dépassaient pas 5 à 6 % de leur volume total. Résultat écologique dramatique, puisque « pratiquement la totalité des eaux usées était rejetée à leur état brut, dans l'océan ou dans le milieu naturel », souligne Hajiba Bourziza, chef de division à la direction Assainissement et Environnement de l'Office national de l'eau potable. (Onep) Pour remédier à cette situation, un Programme national d'assainissement (PNA) a été mis sur pied en 2005. « Le procédé d'épuration qui a été recommandé par le schéma directeur national d'assainissement liquide est le lagunage-naturel », dévoile Hajiba Bourziza. Cette technique d'épuration a été choisie du fait de son adaptation au climat chaud du Maroc et de son coût d'exploitation pas très élevé. « Avant la mise en place du programme, plus de soixante stations d'épuration n'étaient pas fonctionnelles, parce qu'elles utilisaient des procédés intensifs qui demandaient une certaine technicité et beaucoup de moyens financiers », explique-t-elle. La réduction de la vulnérabilité liée à l'eau, ainsi que l'adaptation aux changements climatiques, dont la variation est de moins en moins maîtrisée, ne peuvent aujourd'hui se faire sans la réutilisation des eaux usées. Selma T.Bennani