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Syrie : Après un mois de pilonnage intenses Bab Amro est tombé aux mains des forces de Bachar
L'ONU craint des «représailles» à Bab Amro A Damas, l'armée a ouvert le feu sur des manifestants
L'armée syrienne a repris jeudi le contrôle du quartier symbole de Bab Amro, bastion de la rébellion à Homs dans le centre de la Syrie, après deux jours de combats et des semaines de bombardements. L'ONU a appelé les autorités syriennes à ne pas exercer de «représailles» dans le quartier de Bab Amro indiquant avoir reçu des informations de 17 exécutions sommaires. A Damas, les forces de sécurité syriennes ont ouvert le feu jeudi sur des manifestants hostiles au président Bachar al Assad à Damas, blessant plusieurs personnes. «L'armée syrienne contrôle la totalité de Bab Amro, les dernières poches de résistance sont toutes tombées», a affirmé en début d'après-midi une source au sein des services de sécurité à Damas, ajoutant que les opérations allaient se poursuivre dans les quartiers de Hamadiyé et Khaldiyé. Le chef de l'Armée syrienne libre (ASL), le colonel Riad Assaad, a évoqué un retrait «tactique» de ses combattants à Bab Amro «par souci pour les vies des civils restants» dans ce quartier assiégé et bombardé depuis près d'un mois. «Nous promettons aux révolutionnaires de Syrie de bien nous préparer pour frapper à nouveau ce régime occupant afin de le faire disparaître», ont annoncé plusieurs brigades rebelles locales dans un communiqué dénonçant «le terrible silence arabe, islamique et international». Incapable de faire tomber le pouvoir de Bachar al-Assad par les manifestations après presque un an d'une révolte au départ essentiellement pacifique, l'opposition a finalement annoncé la création d'un «bureau militaire», reconnaissant «l'importance de contrôler la résistance armée». Les 15 membres du Conseil de sécurité des Nations unies --dont la Russie et la Chine, fidèles alliés de Damas-- se sont mis d'accord sur une déclaration de principe dans laquelle ils déplorent «la situation humanitaire en rapide aggravation», notamment à Homs, Hama, Deraa et Idleb. Sans doute pour convaincre Russes et Chinois, la déclaration du Conseil fait référence à la nécessité pour «toutes les parties prenantes» --pouvoir et opposition-- de faire preuve de bonne volonté pour évacuer les blessés. Le Conseil national syrien (CNS), la principale coalition d'opposition, a appelé la communauté internationale à «intervenir immédiatement pour prévenir un éventuel massacre» après la prise de Bab Amro. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une vaste opération de perquisitions et d'arrestations était en cours dans le quartier. Les autorités ont assuré que les soldats avaient commencé à distribuer de la nourriture et à évacuer les blessés à Bab Amro, et qu'ils étaient à la recherche des journalistes français bloqués, dont Edith Bouvier, blessée. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a annoncé à Damas que ses équipes se rendraient vendredi à Bab Amro avec celles du Croissant rouge arabe syrien (CRAS) «pour convoyer une aide humanitaire et évacuer les blessés». Le département d'Etat américain a estimé que le feu vert de Damas pour l'acheminement de l'aide humanitaire à Bab Amro constituait un «pas dans la bonne direction», tout en se disant «méfiant» quant aux promesses du pouvoir syrien. Selon l'OSDH, les violences ont fait au moins 39 morts jeudi. A Homs, 17 civils ont été tués dans les combats aux abords de Bab Amro, et quatre autres par des tireurs embusqués dans d'autres quartiers. En outre, trois civils ont été tués dans les provinces de Hama (centre) et de Damas. Et huit soldats et sept déserteurs ont été tués dans des combats près du Golan. Les combattants rebelles, essentiellement des déserteurs équipés d'armes légères et moyennes, peinent face à l'artillerie lourde des forces régulières. Mais le CNS a annoncé jeudi qu'il allait organiser des livraisons d'armes à la rébellion à travers un nouveau bureau militaire. «On va déterminer nos demandes, nos besoins en armes, et on verra dans quel pays les chercher. Il s'agit de défendre les civils et pas de lancer la guerre», a déclaré à Paris le président du CNS, Burhan Ghalioun. Face aux violences qui ont fait plus de 7.500 morts depuis mars 2011 selon des militants et l'ONU, et à une crise humanitaire aiguë, le Conseil des droits de l'Homme a adopté une résolution appelant Damas à autoriser un «accès sans entrave» à l'aide humanitaire. Les autorités syriennes se sont dites prêtes à discuter d'une visite de la responsable des opérations humanitaires de l'ONU, Valerie Amos, qui n'avait pas pu se rendre à Damas ces derniers jours. La Russie a recommandé «avec insistance» à Damas de recevoir Mme Amos. L'armée tire sur des manifestants à Damas Les forces de sécurité syriennes ont ouvert le feu jeudi sur des manifestants hostiles au président Bachar al Assad à Damas, blessant cinq jeunes gens, peu de temps après la prise du bastion rebelle de Bab Amro à Homs, rapporte un témoin. «Nous sommes descendus (dans les rues du quartier de Hajar al Assouad) pour démontrer que l'occupation de Bab Amro ne mettra pas fin à la révolution en Syrie»', a déclaré à Reuters l'un des manifestants, Abou Abdallah. «J'ai vu qu moins dix policiers armés de pistolets-mitrailleurs AK-47. Ils ont commencé à tirer et cinq d'entre nous sont tombés», a-t-il dit. L'ONU craint des «représailles» à Bab Amro Le Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a appelé vendredi les autorités syriennes à ne pas exercer de «représailles» dans le quartier de Baba Arm de la ville de Homs, indiquant avoir reçu des informations non confirmées de 17 exécutions sommaires. Le Haut commissariat a reçu des «informations inquiétantes concernant le district de Baba Arm à Homs», bastion de la rébellion et repris jeudi par l'armée syrienne, a déclaré un porte-parole, Rupert Colville, lors d'un point presse. Il a ainsi expliqué que l'organe onusien avait reçu des rapports faisant état de 17 exécutions sommaires qui auraient eu lieu jeudi dans ce quartier de Homs. «Nous ne sommes pas en position de confirmer ces informations», a toutefois souligné M. Colville. Il a rappelé à Damas ses «responsabilités» au regard du droit international en matière des droits de l'homme, appelant les autorités à ne pas mener de «représailles, de torture, de détention arbitraire». «Trop de crimes ont été commis» ces derniers mois en Syrie, a déploré le porte-parole du Haut commissariat.