Il reste 104 jours à François Hollande pour tenter de succéder à François Mitterrand, seul président socialiste de la Ve. « Je ne veux pas le laisser dans cette situation », sourit le candidat devant la salle des fêtes de Jarnac, qui rend hommage à l'ancien président, mort il y a seize ans jour pour jour. Visite de la maison familiale des Mitterrand, dépôt d'une gerbe sur sa tombe, marche dans les rues de Jarnac, Hollande, accompagné de Mazarine Pingeot et de Gilbert Mitterrand, est un héritier consciencieux. Un héritier qui égraine les leçons de l'ancien président, notamment son rapport particulier à l'agenda politique. « Il y a d'abord chez François Mitterrand la maîtrise du temps, cette façon de garder sa liberté, de choisir ses moments, ralentir pour mieux accélérer », se souvient Hollande, qui ne révélera son programme qu'à la fin janvier. Et tant pis si l'UMP tance le « candidat sans idées ». « Oui, on ne fait plus campagne comme il y a trente ans, mais on n'est pas obligé de céder au rythme des médias, des petites phrases », détaille Harlem Désir. « Ils sont à l'affût, dans la surenchère », poursuit Hollande en aparté. Alors qu'il doit rencontrer les syndicats aujourd'hui pour évoquer la situation sociale, le socialiste prône le dialogue. « L'histoire de notre pays ne se fait pas en usant de brutalité, forcément stérile, mais par le mouvement. Mitterrand, en choisissant la gauche, avait choisi le parti du mouvement. C'est la volonté politique qui fait entrer un peuple dans la modernité… » Dans la salle, la mitterrandie applaudit. « Plus qu'un hommage, aujourd'hui, c'est une filiation. Comme Mitterrand, Hollande est un candidat enraciné dans la France », glisse Harlem Désir. « Il faut lui rentrer dans le lard au Sarkozy », lance une dame en fourrure. Après le temps du souvenir, la campagne reprend ses droits.