Les socialistes se retrouvent en université d'été ce week-end à La Rochelle dans un climat tendu par la crise et la proximité de la primaire d'octobre, à huit mois d'une élection présidentielle qui soulève tous les espoirs. Un rendez-vous à haut risque en terme d'image, o la famille PS se doit d'afficher son unité devant les quelque 400 journalistes et 5.000 personnes attendues, un chiffre annoncé comme record. François Hollande, Martine Aubry, Ségolène Royal et Lionel Jospin sont apparus côte à côte et tout sourire jeudi soir dans le jardin de la fédération PS de Charente-Maritime, traditionnel rendez-vous qui précède les débats organisés chaque fin d'été dans le port charentais. Les candidats PS à la primaire en vue du scrutin de 2012 - François Hollande, Martine Aubry, Ségolène Royal, Arnaud Montebourg et Manuel Valls - s'exprimeront séparément au cours d'ateliers organisés pour alimenter les débats avant 2012. Ils seront rejoints dimanche pour la photo de famille par le président du Parti radical de gauche, Jean-Michel Baylet, qui participera également à la primaire des 9 et 16 octobre. "Les socialistes vont montrer à La Rochelle qu'ils sont rassemblés pour présenter leur projet", dit le Premier secrétaire par intérim, Harlem Désir, qui clôturera les débats. "Il peut y avoir discussion, émulation, des options nuancées sur tel ou tel sujet, mais il y a une volonté de convaincre ensemble", a-t-il assuré, devant les agences de presse. Un bureau national (BN) exceptionnel du PS convoqué mardi a permis d'aplanir certaines divergences exprimées par les candidats en matière économique, notamment sur la "règle d'or" budgétaire voulue par Nicolas Sarkozy. "Il y avait un climat extrêmement maîtrisé au BN. Nous devons être responsables et unis sur l'essentiel", dit un proche de Ségolène Royal, qui avait elle-même souffert des divisions de son camp lors de sa bataille électorale perdue en 2007. Pour Anne Hidalgo, porte-parole de Martine Aubry, "il faut accepter le débat dans la fraternité". "Qu'il puisse y avoir des nuances, des différences, y compris de caractère, elles sont connues", a-t-elle dit à Reuters. "Il n'est pas péjoratif que chaque équipe vante les mérites de son candidat". Il n'empêche. A six semaines du premier tour de la primaire, le 9 octobre, le ton est monté entre Martine Aubry et François Hollande, favoris des sondages avec un avantage pour le second. "Moi j'essaie d'être claire et dire les choses véritablement", a dit la maire de Lille lundi soir sur TF1, marquant ses divergences avec l'ancien premier secrétaire sur le nucléaire ou le cumul des mandats. Le lendemain matin, le coordinateur de campagne de François Hollande, Pierre Moscovici, invitait chacun à ne "surtout pas commencer à dénoncer le voisin" et mettait en garde contre une organisation de la primaire trop favorable à Martine Aubry, première secrétaire garante de "l'appareil PS" depuis trois ans. Alors que ses concurrents publient des livres, la maire de Lille a choisi de diffuser à un million d'exemplaire une lettre aux Franچais dans laquelle elle dévoile ses projets. Conscients que la crise sera au coeur de la campagne pour 2012, Martine Aubry et François Hollande ont réuni des économistes - mercredi pour le député de Corrèze, jeudi pour l'ancienne ministre du Travail, en présence de son père, l'ancien président de la Commission européenne Jacques Delors. Ségolène Royal, qui organise des conférences de presse pratiquement tous les jours, a laissé entendre qu'elle n'avait pas attendu 2011 pour voir des économistes. Du côté des "petits candidats", Manuel Valls a continué de jouer les trublions en remettant en cause le projet du PS. Et Arnaud Montebourg a intensifié un tour de France entamé dimanche à la Fête de la Rose de Frangy-en-Bresse (Saône-et-Loire). L'université d'été survient au terme d'une semaine également marquée par l'épilogue dans l'affaire Dominique Strauss-Kahn, que certains socialistes souhaitent entendre, notamment sur les questions économiques, pendant la campagne présidentielle.