Au terme d'un quinquennat marqué par des «fautes économiques et morales», François Hollande dit vouloir susciter un «vrai changement» à même de conduire à «l'indispensable redressement de la Nation». Dans une longue «adresse aux Français» publiée mardi dans le quotidien Libération, le candidat socialiste à l'élection présidentielle insiste sur l'»échec» de l'actuel président Nicolas Sarkozy tout en levant l'espoir d'une «alternance» à «la droite accrochée à son pouvoir et liée aux puissances de l'argent». D'une plume solennelle à 110 jours du premier tour de l'élection, l'ancien premier secrétaire du PS note que «pour la première fois depuis longtemps dans notre histoire nationale, ce choix dépassera, et de loin, les seules questions politiques et partisanes». «C'est plus que la seule élection d'un président, plus que la désignation d'une majorité, plus que l'orientation d'une politique?: c'est l'indispensable redressement de la Nation», écrit-il dans ce message qui sonne comme une entrée dans le vif de la campagne à l'orée de l'année 2012. «Les Français souffrent aussi dans leur âme collective?», remarque le candidat. «La République leur paraît méprisée dans ses valeurs comme dans le fonctionnement de ses institutions, le pacte social qui les unit est attaqué, le rayonnement de leur pays est atteint et ils voient avec colère la France abaissée, affaiblie, abîmée, dégradée'». Pour François Hollande, qui consacre un bon tiers de son message à critiquer le quinquennat finissant de Nicolas Sarkozy, la crise n'explique pas tout. «Il y a surtout les politiques injustes et stériles menées depuis dix ans, les fautes économiques et morales de ce dernier quinquennat. Il y a donc la responsabilité personnelle de celui qui est au sommet de l'Etat depuis cinq ans», dit-il. «Ces cinq années auront été la présidence de la parole et, lui, le président des privilégiés. Voilà la page que je veux tourner», insiste le député de Corrèze. Face à l'»échec» du chef de l'Etat, il invite à se poser «la bonne question»?, à savoir : «plutôt que de reconduire un président qui aurait tellement changé, pourquoi ne pas changer de président, tout simplement ?» Celui qui se présente comme le candidat de la volonté, de la justice et de l'espérance d'un «rêve français» retrouvé en appelle aussi à l'union des forces de gauche dont il espère le soutien. «Je respecte profondément toutes les candidatures de la gauche comme celle des écologistes», écrit-il. «Mais ce n'est pas faire preuve d'une quelconque prétention hégémonique que de penser qu'il sera difficile pour l'une d'entre elles d'être présente au second tour. Dès lors, il me revient d'incarner l'alternance et de permettre le changement». François Hollande conclut son message par une référence à François Mitterrand, dont il marquera dimanche à Jarnac (Charente) le 15e anniversaire de la disparition. «Si nous savons nous en montrer dignes, c'est vers nous que les Français vont se tourner le printemps prochain. C'est vers moi qu'ils porteront leurs suffrages et leur confiance, c'est à moi qu'ils confieront la responsabilité de diriger le pays. J'y suis prêt», dit-il.