Les Egyptiens continuaient de voter mercredi pour la troisième et dernière phase des élections législatives, dans un tiers du pays, un scrutin dominé jusque-là par les islamistes. Par ailleurs, la police a procédé à l'arrestation de militants du Mouvement du 6-Avril, alors qu'ils distribuaient des tracts appelant à un rassemblement marquant le 1er anniversaire du soulèvement. Le vote pour l'élection de l'Assemblée du peuple (chambre des députés), le premier scrutin post-Moubarak, a commencé à 08H00 locales (06H00 GMT) dans neuf gouvernorats. Ils fermeront à 19H00 locales. Cette troisième phase, qui avait débuté mardi avec une faible participation, concerne notamment le Sinaï, région instable frontalière avec Israël et la bande de Gaza, qui abrite aussi de vastes complexes touristiques en pleine crise comme Charm el-Cheikh. Certains gouvernorats de Haute et Moyenne-Egypte, à forte population chrétienne copte sont également appelés aux urnes dans un climat marqué ces derniers mois par de multiples tensions avec la population musulmane. D'anciens partisans du président déchu Hosni Moubarak, forts de leurs réseaux locaux, pourraient aussi tenter de se faire élire dans des zones rurales du delta ou de la vallée du Nil. Les résultats des deux premières zones de vote ont montré une écrasante domination des formations islamistes -Frères musulmans et fondamentalistes salafistes- qui ont recueilli dans leur ensemble quelque 65% des voix. Un second tour est prévu la semaine prochaine pour un tiers des députés élus au scrutin uninominal, les autres étant élus sur un tour au scrutin proportionnel de listes. Les deux plus grandes villes du pays, Le Caire et Alexandrie, ont voté lors de la première phase du scrutin. L'élection des députés sera suivie à partir du 29 janvier de celle des sénateurs. Le futur Parlement sera chargé de désigner une commission qui rédigera une nouvelle Constitution. Une élection présidentielle est prévue avant la fin juin. M. Moubarak a été chassé du pouvoir en février 2011 par une révolte populaire et est actuellement jugé pour meurtre et corruption. D'autre part, des militants du Mouvement du 6-Avril, qui a contribué au lancement de la contestation ayant provoqué la chute du président Hosni Moubarak en février 2011, ont été arrêtés mardi pour distribution de tracts appelant à un rassemblement marquant le 1er anniversaire du soulèvement. La police a arrêté quatre militants: Cherif Mohammed, Mahmoud Zakaria, Mahmoud Hossam et Hassan Hafez alors qu'ils distribuaient des tracts et collaient des affiches appelant à un nouveau rassemblement le 25 janvier, affirme le mouvement dans un communiqué. «La poursuite de ce traitement réservé aux militants politiques nous rappelle les jours d'avant la révolution et montre que rien n'a changé», souligne-t-il. «Ce genre de comportement n'empêchera pas le mouvement de continuer à appeler à manifester le 25 janvier», prévient la formation. Des militants et partis politiques ont appelé à manifester le 25 janvier pour réaffirmer les revendications de la révolution qui a chassé Hosni Moubarak du pouvoir, désormais entre les mains de l'armée. Le Conseil suprême des forces armées, qui bénéficiait du statut de héros au début du soulèvement pour n'avoir pas soutenu le président déchu, est de plus en plus critiqué et accusé d'user des méthodes de l'ère Moubarak pour museler l'opposition et la contestation. Les Etats-Unis ont jugé mardi «inacceptable» que les autorités égyptiennes poursuivent leur répression contre des ONG, dont certaines américaines, après les perquisitions menées la semaine dernière dans plusieurs locaux de ces organisations tant égyptiennes qu'étrangères. «Nous avons reçu l'assurance de responsables du gouvernement égyptien que cette question serait résolue... Il est franchement inacceptable pour nous que cette situation ne soit pas revenue à la normale», a affirmé la porte-parole de la diplomatie américaine, Victoria Nuland.